Les médecins-donneurs clandestins nous renvoient à la seconde moitié du siècle dernier

Bart Eeckhout est commentateur en chef de Le matin

Bart Eeckhout1 juillet 202217h30

Non seulement quand il pleut à Paris, il s’égoutte en Belgique. Apparemment, c’est aussi le cas quand il pleut à Amsterdam. La douloureuse découverte qu’un gynécologue de Flandre occidentale a « fait don » de son propre sperme pour le traitement de la fertilité de patientes évoque naturellement des souvenirs de cas néerlandais notoires et comparables.

Le médecin-donneur le plus célèbre ou le plus tristement célèbre, Jan Karbaat, aurait engendré au moins 81 enfants. Mais d’autres médecins ont secrètement engendré des enfants avec des patients qui cherchaient un donneur de sperme. Il est donc conforme aux attentes que cette pratique ne soit pas non plus limitée à un seul gynécologue en Flandre/Belgique. L’asbl Donorkinderen, qui se soucie du sort des enfants qui recherchent leur parent biologique, laisse déjà entendre qu’encore plus de médecins seront en vue. Il y a peu de raisons de douter de la véracité de cette prophétie.

La décision de féconder une patiente avec son propre sperme sans participation ni consentement est la chose la plus répréhensible et répréhensible qu’un médecin puisse faire. Le désir d’avoir des enfants est l’un des liens les plus intimes et les plus délicats que les gens puissent partager entre eux. Lorsqu’une personne ou un couple a besoin d’une assistance médicale pour réaliser ce souhait, la confiance dans le médecin accompagnateur doit être absolue. Quels que soient les motifs des médecins en question – et ils ne sont pas nécessairement perfides ou pervers – chez les médecins-donneurs secrets, ce lien a été violé de manière flagrante.

Cette affaire nous renvoie à la seconde moitié du siècle dernier, lorsque la fécondation artificielle oscillait encore entre l’expérimentation et le tabou. Heureusement, de grands progrès ont été réalisés entre-temps. Pourtant, cette question peu recommandable nous confronte aux imperfections de la législation actuelle. Par exemple, les règles de notre pays stipulent qu’un donneur peut donner des semences à un maximum de six familles. Cela devrait éviter les « méga dons » à la Karbaat. Cependant, elles sont appliquées à la manière belge : il n’y a pas de registre central d’enregistrement, ce qui ouvre une fenêtre pour contourner les règles strictes.

Les donneurs de sperme peuvent toujours rester anonymes en Belgique. Les médecins de la fertilité maintiennent cet anonymat, car ils craignent qu’autrement le nombre de donneurs, qui n’ont déjà aucun excédent, ne diminue encore davantage. C’est tout à l’honneur des médecins de vouloir aider le plus de gens possible qui veulent avoir des enfants. Dans le difficile équilibre des droits, cependant, le législateur doit choisir la chance de la partie la plus faible, qui a le plus besoin de protection. Dans ces cas, ce sont sans aucun doute les enfants. Les droits des enfants concernés sont mieux servis si la loi prévoit la possibilité de connaître leur père biologique.

Et puis il y a autre chose. Comme pour les autres incidents précédents, l’Ordre des médecins semble interpréter son rôle d’organe de contrôle déontologique aussi étroitement que possible et de préférence de manière invisible. Cela en fait un obstacle aux droits des patients. Il y a aussi un besoin de réforme.



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