Quelques heures à peine avant le départ du vol charter de près de 6 tonnes d’un aéroport militaire de l’ouest de l’Angleterre transportant sept migrants, des nouvelles inattendues sont arrivées de Strasbourg. Dans une procédure d’urgence initiée par un migrant irakien devant être expulsé, les juges européens avaient jugé qu’un traitement approprié dans le pays africain n’était pas garanti. La décision a entraîné l’annulation complète du vol. Le personnel de cabine était déjà monté à bord du Boeing 767.

L’intervention est un coup dur pour l’administration Johnson. Dans notre propre pays, les obstacles juridiques les plus importants avaient déjà été surmontés. Lundi, la Cour suprême britannique a rejeté les principales objections à la politique d’expulsion. Cependant, des dizaines de procédures individuelles de migrants sont pendantes devant divers juges. C’est pourquoi cette fois 130 migrants ne seraient pas expulsés, mais seulement sept. La ministre des Affaires étrangères Liz Truss a dénoncé les « avocats de gauche » et promis que davantage de migrants seraient expulsés dans les semaines à venir.

Les migrants non accompagnés qui entrent illégalement au Royaume-Uni, selon la politique controversée, doivent désormais tenir compte du fait qu’ils seront transportés par avion au Rwanda. En pratique, dans la grande majorité des cas, il s’agira d’un aller simple. Le gouvernement rwandais a promis d’offrir aux demandeurs d’asile déboutés un permis de séjour. Londres paiera au gouvernement rwandais 144 millions d’euros, plus tous les frais d’accueil des migrants expulsés. Les critiques de l’Europe selon lesquelles le pays n’est pas sûr sont considérées comme insultantes par le régime de Kigali.

Johnson : « Politique visant principalement les passeurs »

Le Premier ministre Boris Johnson a salué la coopération avec le pays d’Afrique de l’Est dans un tweet. L’administration Johnson affirme que la politique vise principalement à lutter contre le trafic d’êtres humains. C’est aussi une bonne occasion pour le premier ministre lui-même, qui a connu des difficultés politiques, de regagner en popularité dans son propre cercle. La « politique rwandaise » semble bénéficier d’un soutien populaire. Dans le dernier sondage, 44 % des personnes interrogées étaient favorables aux expulsions, tandis que 40 % étaient contre

La politique du Rwanda a fait l’objet de vives critiques, notamment de la part du prince Charles et des évêques anglicans, qui l’ont qualifiée d' »immorale ». Un politicien écossais a accusé le gouvernement de trafic d’êtres humains. Ces derniers jours, plusieurs manifestations contre la politique rwandaise ont eu lieu, notamment au ministère de l’Intérieur et dans des centres de détention pour migrants. Quelques heures avant le vol, des militants ont érigé des barrages routiers pour empêcher les migrants d’être emmenés à l’aéroport

Israël et le Danemark intéressés par le modèle britannique

De l’autre côté de la frontière, la politique d’expulsion britannique est suivie avec intérêt. Des pays comme Israël et le Danemark envisagent de conclure un partenariat similaire avec le Rwanda. Il y a trois ans, la Commission européenne a soutenu un plan de l’ONU visant à réinstaller les réfugiés dans des centres de détention libyens au Rwanda sur une base volontaire. La politique britannique, cependant, est basée sur la coercition. Selon la presse anglaise, le premier lot comprend un policier iranien qui a refusé de tirer sur des manifestants dans son propre pays.

Hier, près de 300 migrants ont débarqué à Douvres après avoir traversé la Manche. Selon le gouvernement, l’effet dissuasif sur les marins potentiels du canal est encore à venir. Les ministres soulignent que le Royaume-Uni accueillera toujours les « vrais » demandeurs d’asile, même s’il n’est pas facile de déposer une demande d’asile à l’étranger. Pendant la crise syrienne, les Britanniques ont principalement emmené des réfugiés vulnérables des camps de réfugiés en Turquie. Le Royaume-Uni accueille également 150 000 réfugiés de Hong Kong.

L’intervention des juges européens peut avoir des conséquences considérables. Le Parti conservateur de Boris Johnson déteste depuis longtemps la Cour européenne des droits de l’homme sur les questions d’immigration. Si le gouvernement décide d’ignorer Strasbourg ou de quitter la CEDH, il met également en péril l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. Après tout, il déclare que les Britanniques continueront de se conformer aux décisions rendues par les tribunaux européens, même si la CEDH est distincte de l’Union européenne.



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