Les Jeux olympiques suppriment le problème des violences sexuelles en France


À compter du : 23 juillet 2024, 7 h 10

Les prochains Jeux Olympiques façonnent le sport français. La prise en compte des violences sexuelles est mise de côté par ce projet gigantesque, même si une commission d’enquête parlementaire a formulé des exigences claires.

Par Hajo Seppelt et Arne Steinberg

Emmanuel Macron a la fièvre olympique. Peu avant le début des Jeux à Paris, le président français ne manque pas une occasion de faire l’éloge des grands événements – malgré ou peut-être à cause de la crise gouvernementale et des tensions politiques.

« Je veux que nos compatriotes réalisent que ce sera un moment d’unité dont nous pourrons être fiers »Macron a déclaré : « Les Jeux Olympiques détermineront pour longtemps notre vie quotidienne. Vive les Jeux Olympiques ! »

Une nouvelle dynamique grâce à Commission d’enquête

Mais on peut se demander si l’héritage des Jeux satisfera réellement tout le monde du sport français. De plus en plus de voix s’élèvent actuellement pour réclamer la création d’une institution indépendante qui aiderait les athlètes touchés par la violence et permettrait le sport non-violent – à l’instar du centre prévu pour Sports sécuritaires en Allemagne, dont la mise en service est actuellement prévue pour 2026.

Au tournant de l’année, le sport français n’était pas uniquement centré sur les Jeux Olympiques – et l’attente n’était pas partout aussi grande que celle de Macron. À l’instar de la situation en Allemagne, les difficultés qui accompagnent le sport et la politique depuis des années face aux violences sexuelles prennent également de plus en plus de place dans le débat public en France.

Ce débat a été largement alimenté par le rapport final d’une commission d’enquête parlementaire qui a passé six mois l’année dernière à examiner les défaillances des associations sportives françaises.

« Le point de départ de la commission était que de plus en plus de parents m’avaient contacté et me faisaient part de mauvaises expériences avec des entraîneurs sportifs. »déclare la députée Sabrina Sebaihi dans une interview à ARD : « Nous avons réalisé que la violence dans le sport est un sujet extrêmement important dans le sport français. »

D’après le livre d’Abitbol en bref

À travers le livre « Un si long silence » (« Un si long silence ») de l’ancienne patineuse artistique Sarah Abitbol, ​​les violences sexuelles dans le sport sont déjà devenues de plus en plus visibles du public en 2020. Abitbol rapporte dans son livre qu’elle a été maltraitée par son entraîneur à l’âge de 15 ans.

Peu de temps auparavant, il y avait une documentation sur la plateforme en ligne « Divulguer » des cas choquants de violences sexuelles impliquant 276 victimes dans le pays hôte des Jeux olympiques ont été rendus publics. En 2023, le ministère des Sports annonçait qu’un enfant sur sept était concerné par des violences dans le sport et que la majorité des cas étaient dus à des violences sexuelles.

« Choqué par certaines auditions »

La commission Sebaihi a tenu 92 auditions l’année dernière devant près de 200 personnes – en plus des athlètes concernés, des journalistes qui avaient couvert la question et des dirigeants d’associations sportives. « De nombreux responsables nous semblent incapables de comprendre qu’ils ont une responsabilité à l’égard des mineurs victimes de violences sexuelles. C’est pourquoi nous avons été choqués par certaines auditions. »dit le député : « Il est très clair que les associations ne peuvent pas se réformer elles-mêmes. »

Le sport et la politique ont réagi négativement au travail de la commission d’enquête, se souvient-elle : « Nous avons reçu une lettre du Comité National Olympique dans laquelle le président nous écrivait que la commission était ridicule et visait à dresser un mauvais tableau du sport français avant les JO. » Selon Sebaihi, le ministre français des Sports n’a recherché aucun contact depuis la publication du rapport final en janvier.

« Depuis Rapports d’expérience inondé »

Cependant, la réaction des athlètes concernés a été différente. « Nous avons été inondés de rapports sur nos expériences »dit Sebaihi. Les athlètes ont déclaré lors des audiences : « Quand on pense au sport et à notre club, on pense à la mafia, à une secte. » Le plus souvent, les personnes concernées l’ont décrit, les responsables du club leur ont dit qu’ils devaient garder le silence sur les incidents violents.

L’une des principales revendications du rapport final de la commission d’enquête : la création d’une institution indépendante vers laquelle les sportifs peuvent se tourner. Cela devrait fournir un ensemble uniforme de règles que le sport français devrait respecter. L’institution devrait également pouvoir imposer des sanctions.

Cette demande de la Commission a également rencontré un grand écho car une autre instance l’a également présentée. Le « Comité national pour le renforcement de l’éthique et de la démocratie dans le sport », présidé par l’ancienne ministre française des Sports Marie-George Buffet, a fait une recommandation quasiment identique. Buffet avait déjà été chargé par le ministère des Sports de préparer un tel rapport.

Que se passe-t-il après les Jeux olympiques ?

« Le point de contact doit être indépendant du sport et offrir aux personnes concernées la possibilité de s’exprimer de manière confidentielle et anonyme. »a déclaré Buffet dans l’interview d’ARD. En tant que ministre des Sports entre 1997 et 2002, elle a compris que le sport ne pouvait progresser que grâce aux autorités extérieures. Le scandale Festina au Tour de France a eu lieu pendant son mandat, ce qui a déclenché la création de l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Mais Buffet doute qu’un organe indépendant soit également souhaité au sein du ministère des Sports : « J’ai l’impression que les gens se soucient principalement des Jeux olympiques et que le reste n’a pas d’importance. » Et Sabrina Sebaihi souligne également la nécessité d’agir : « Des mesures claires et davantage de ressources financières et humaines sont nécessaires. »

Sebaihi préconise donc que la création d’une institution indépendante fasse partie de l’héritage des Jeux Olympiques. Elle croit: « Personne ne peut plus prétendre ne pas savoir ce qui se passe dans le sport français. » Mais il reste à voir s’il sera possible de transformer ces recommandations en loi après les nouvelles élections prévues par le président Macron et le grand événement olympique. Comme pour les violences sexuelles dans le sport allemand, il semble que la situation et la nécessité d’agir soient bien connues, mais les personnes concernées doivent attendre une aide concrète.



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