Les habitants de Doel mécontents du festival dans le village des polders : « J’espère que ça ne deviendra pas incontrôlable »

Les cloches de l’église de Doel sonnent midi comme d’habitude, mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. Les carillons ont la rare concurrence des marteleurs d’échafaudages et des alarmes de recul des chariots élévateurs.

Elmo Levan17 septembre 202215:00

Les nuisances ne sont pas un phénomène étrange dans les polders du Waasland. Les 25 habitants restants de Doel rencontrent régulièrement des touristes dans un quartier résidentiel avec plus de maisons abandonnées qu’habitées. Habillé de graffitis, le village des polders est la proie des vandales après le coucher du soleil. Ce week-end, le cœur de Doel deviendra un lieu de festival, « qui demande des ennuis », raconte un habitant anonyme.

Derrière le tout nouveau Doel Festival se trouvent les organisateurs de Klub Dramatik et Paradise City. « Nous sommes toujours à la recherche de lieux marquants pour nos événements », précise Gilles De Decker. Après sept éditions de Paradise City, le festival de danse durable sur un domaine de château à Perk, l’organisateur veut également créer un concept de haut niveau – et surtout : durable – à Doel.

Doel accueillera ce week-end des DJ techno tels que Driss Bennis et Lola Haro. L’équipe De Decker a le soutien de la commune de Beveren, mais au bout de l’Engelssteenweg la majorité se sent trompée. Après que le festival ait obtenu un permis, certains résidents locaux sont allés au tribunal, où ils ont été directs. « Qu’ils se soient retournés contre nous comme ça a été une surprise », a déclaré le co-organisateur, « car ils ont toujours eu des conversations positives avec les résidents ».

Le Festival de Doel a élaboré un plan de sécurité et de mobilité rigoureux pour surcharger le moins possible les habitants de Doel. De plus, 2,5 % des revenus des billets vont au Doel Fund, qui « a été créé pour investir dans l’avenir de Doel en tant que village dynamique et durable », explique Gilles De Decker.

Pendant ce temps, des camions vont et viennent dans le village des polders. Une construction d’échafaudage descend dans l’arrière-cour de la Villa Panchaia. « Ceci n’est pas un zoo », peut-on lire depuis la clôture d’une maison individuelle, en référence aux intrusifs excursionnistes. Maintenant que le centre du village compte plus de barrières anti-écrasement que de maisons, le message prend un nouveau sens.

Dans la Vissersstraat, des riverains érigent des clôtures autour d’un cargo qui s’est échoué sur une pelouse à Doel. « Je suis debout ici avec un cœur effrayé », avoue Kevin De Mey (42 ans), l’un des rares habitants qui ne se cache pas en silence. « Nous érigeons les clôtures de notre propre initiative, dans l’espoir que les choses ne dégénèrent pas ce week-end. »

De Mey n’est pas satisfait du flux de milliers de visiteurs auquel Doel peut s’attendre, environ 7 000 répartis sur deux jours. Ils ont signé une lettre de plainte avec treize des quinze habitants de Doelen domiciliés, ça sonne frustré, « mais on a perdu le procès, donc il faut accepter que Doel soit un village festival ce week-end ».

Plus tôt cette année, il a été annoncé qu’un nouveau quai était en train d’être creusé juste à côté de Doel. En échange, le village peut continuer à exister, après avoir mis en péril l’avenir d’un lieu qui s’amenuise depuis des années. Le fait qu’une partie des revenus soit investie dans la relance de Doel n’apaise pas De Mey. « Je me fiche de la nuisance, mais du manque de respect. Le village ne supporte pas l’affluence et nous ne voulons pas donner l’image d’un village festivalier. Aimeriez-vous vivre dans un tel endroit ? Pas moi. »

« Nous voulons juste remettre Doel sous un jour positif », rétorque l’organisateur De Decker, qui souligne également que le Doel Festival est un festival bien organisé et non une rave illégale. « Nous avons vécu une véritable horreur », raconte une dame qui promène ses chiens, en référence aux années où les habitants de Doel vivaient dans l’incertitude. Alors c’est de la petite bière, pense-t-elle. « Je ne choisis pas un camp, mais il faut lui donner une chance. Peut-être que quelque chose de bien peut en sortir.

« J’espère vraiment que tous les Doelenaars seront convaincus après ce week-end », conclut Gilles De Decker. Le village endormi des polders deviendra bientôt, pour un week-end en tout cas, un village des polders palpitant.

Les 17 et 18 septembre à Doel, doelfestival.be



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