Joël De Ceulaer est écrivain senior.
Quiconque veut bien comprendre ce qui nous attend en juin de cette année devrait se reporter au vendredi 27 janvier 1978. Ce soir-là, une réunion des habitants d’Anvers Sud avait lieu à propos de la refonte du plan des rues : les camions du port ne gêneraient plus le quartier résidentiel, mais seraient distraits le long des quais de l’Escaut.
L’homme qui s’est adressé au public au nom de la ville était Bob Cools, plus tard maire, puis échevin de l’aménagement du territoire. Il apporte ainsi une heureuse nouvelle : le quartier deviendra beaucoup plus agréable et plus calme. On aurait pu penser qu’il y aurait eu des applaudissements et des acclamations réguliers de la part des résidents reconnaissants. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Au fur et à mesure que l’explication de Cools – accompagnée du diaporama – avançait, l’atmosphère devenait de plus en plus sombre et le public de plus en plus irritable. Après tout, les diapositives présentées, des instantanés innocents du quartier, montraient également des femmes portant le foulard. Et ils ont suscité tellement de dégoût parmi les personnes présentes que Cools a essuyé des tirs nourris. Il a promis moins de camions, mais les Anversois voulaient moins d’étrangers.
Le public n’avait qu’une seule question, a déclaré Cools dans ce journal : « Qu’allais-tu faire de tous ces inconnus ? Il ne savait pas quoi faire de cette question. Quelques années plus tard, Filip Dewinter a trouvé la bonne réponse : « Nous les renverrons tous ! » Et bingo. Le train du Vlaams Blok, plus tard du Vlaams Belang, était parti. Carburant : xénophobie et racisme. Il n’est pas nécessaire de faire des études supérieures pour comprendre un peu cela.
Pourtant, depuis près de quarante ans, nous sommes bombardés d’explications de politologues et d’autres commentateurs qui répètent sans cesse – comme s’il s’agissait d’une litanie religieuse – que l’électeur VB émet un « vote forert », également appelé « vote de protestation ». , et que cet électeur fait en réalité de l’« anti-politique ». Pas étonnant que le VB continue de croître. Personne ne fait l’effort de comprendre les supporters. Les gens ne votent pas pour le VB parce que les partis reçoivent trop d’argent ou parce qu’un ami d’un ministre s’insurge contre une combinaison. Les gens votent pour le VB parce qu’ils veulent moins de migrants. Vous pouvez donc gagner contre VB de deux manières. Premièrement : vous devez avoir un contre-récit sur la migration qui ne soit pas une imitation du programme VB. Deuxièmement : il faut mettre en avant un thème autre que la migration. Bref, il faut faire de la politique.
Que les politiciens et les journalistes quittent le foertridel en 2024 – comme l’a dit l’historienne Annelien De Dijn dans une interview avec Le matin le fait – et considère le vote pour le VB comme une voix éminemment politique, derrière laquelle se cachent des désirs clairs. L’électeur VB ne dit pas non, il veut quand même moins d’étrangers – qu’ils viennent via l’asile ou par l’immigration n’a pas d’importance. Il dit : moins, moins, moins.
Ce n’est pas le lieu de donner des conseils de vote, mais quand même : je souhaite une défaite majeure à Tom Van Grieken. Au nom du reste de la rédaction, je vous souhaite, cher lecteur, une année 2024 paisible et heureuse.