Les Gantois placent le logement abordable en tête de l’agenda politique : « C’est un renforcement de la démocratie »


Plus de 33.000 Gantois se sont prononcés lors d’un plébiscite sur la politique du logement de la ville. Le référendum est donc valide, mais le résultat n’est pas contraignant. Selon les organisateurs, la présence d’un si grand nombre de personnes est plus importante que les résultats. « Les citoyens ont pris les devants, c’est désormais aux politiques de décider. »

Dieter De Cleene

« Je paie plus de 900 euros de loyer par mois pour mon appartement et avec un salaire qui est loin d’être facile », déclare Ingeborg Dessein (41 ans), qui sort de la salle de sport du Brugse Poort, transformée en bureau de vote. gare. Dessein vit depuis cinq ans dans son appartement du quartier de Gand et voit le loyer augmenter chaque année. « Entre-temps, la vie devient aussi plus chère et je ne sais petit à petit plus où trouver l’argent », explique Dessein, qui est sur la liste d’attente pour un logement social depuis seize ans. « Chaque fois que j’appelle, on me dit d’être patient. Il y a un besoin urgent de davantage de logements sociaux.

Dessein fait partie des 33.203 Gantois qui ont voté lors du référendum sur le logement abordable. Le groupe d’action Too Duur a récolté plus de 35 000 signatures, de quoi obliger la mairie à organiser un référendum.

Dans aucune autre ville centrale, les prix de l’immobilier n’ont autant augmenté depuis 2010. Il y a 11 000 ménages sur la liste d’attente pour un logement social et il y a une pénurie de logements abordables sur le marché locatif.

Rudy Lomme (66 ans) s’est également rendu au bureau de vote. Il vit dans sa propre maison mais reste inquiet. «Je constate dans mon environnement que le logement devient inabordable pour les gens ordinaires», déclare Lomme. « Ma fille a récemment divorcé et cherche maintenant un foyer pour elle et ses trois enfants. Au CPAS, on lui dit qu’elle ne peut payer que 600 euros de loyer avec son salaire. Cela ne vous mènera nulle part.

Pour que le référendum soit valide, au moins 26 767 électeurs devaient se présenter, soit dix pour cent des personnes éligibles pour voter. « Le fait qu’autant de personnes soient venues un dimanche est un succès inattendu », déclare Frank Van de Pitte de Saamo, une organisation qui se concentre sur le travail de développement social dans les quartiers vulnérables et qui avait appelé les gens à voter. «C’était passionnant, car ce n’est que ces derniers jours que l’on a remarqué que le sujet commençait vraiment à prendre vie.»

Opportunité manquée

Tous les Gantois âgés de 16 ans ou plus ont dû répondre à deux questions. « L’immobilier public municipal ne doit pas être privatisé. Êtes-vous d’accord?’ et « La Ville de Gand devrait-elle créer une réserve de terrains publics pour atteindre 40 pour cent de logements sociaux ? ».

Il y a eu peu de discussions au préalable sur la réserve foncière et l’objectif de 40 pour cent de logements sociaux. Presque tous les partis – à l’exception de NV-A – soutiennent l’idée selon laquelle la ville devrait utiliser au maximum le terrain public pour construire des logements abordables, qu’il s’agisse de logements sociaux ou de logements locatifs économiques, loués en dessous des prix du marché. 77,4 pour cent des votants ont répondu positivement à cette question.

Thomas Nolf

La question de savoir si la ville n’est pas autorisée à vendre des biens immobiliers publics à des acteurs privés est plus controversée. Le conseil municipal avait précédemment déclaré qu’il ne pensait pas que ce soit une bonne idée. 79,4 pour cent des votants étaient favorables à une telle interdiction.

Auparavant, le ressentiment était né du fait que la société de logements sociaux Volkshaard avait vendu 72 appartements à un promoteur de projet, qui les proposait à nouveau après rénovation pour trois fois le prix. La vente de terres agricoles par le CPAS gantois à l’entrepreneur Fernand Huts, en dessous du prix du marché, a également provoqué des tensions.

La Ville de Gand, le CPAS Gand et la société d’aménagement urbain Sogent possèdent ensemble 27 kilomètres carrés de terrain, dont 11 kilomètres carrés se trouvent à Gand. Mais seulement deux pour cent de cette somme sont destinés à un usage résidentiel. L’échevin du logement Tine Heyse (Verts) ne considère donc pas que ce soit une bonne idée d’interdire totalement les ventes aux acteurs privés. «Nous avons récemment vendu une zone PME à De Pinte», explique Heyse. « Ces terrains étaient inutiles pour la politique du logement, mais nous pouvons faire des choses utiles avec les revenus. »

Le référendum n’est pas contraignant. « Un tel référendum est pourtant utile car il peut mobiliser les gens autour d’une question spécifique et forcer les hommes politiques à prendre des positions claires », estime le professeur d’administration publique Bram Verschuere (UGent). «En ce sens, le fait que la politique gantoise ait réagi avec tiédeur à cette initiative constitue en quelque sorte une occasion manquée.»

« Signal important »

Le maire Mathias De Clercq (Open Vld) estime que les électeurs ont donné « un signal important » que la municipalité prend à cœur. « Ce conseil municipal n’a jamais autant porté sur la thématique du logement, et cela restera une priorité à l’avenir », estime De Clercq.

Le dernier référendum réussi à Arteveldestad remonte à 1997, lorsqu’une majorité s’était prononcée contre un parking sous le beffroi. En 1999, un référendum sur la gratuité des transports publics a échoué en raison du faible taux de participation.

Selon Raf Verbeke du groupe d’action Te Duur, le fait qu’un nombre suffisant de personnes se soient présentées cette fois-ci est plus important que ce qui a été voté exactement. «Le fait qu’un si grand nombre de personnes aient pu s’exprimer sur un thème aussi fondamental constitue un renforcement pour la démocratie», déclare Verbeke. « Le logement abordable figure désormais en bonne place sur l’agenda politique, et cela restera certainement le cas à l’approche des élections. Les citoyens ont fait le premier pas, maintenant c’est aux politiques de décider.»



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