Nous ne sommes qu’à la mi-février et pourtant il y a un peu de printemps et d’amour dans l’air. La température approche les quinze degrés, nous laissons nos manteaux d’hiver ouverts, le magnolia est en plein bourgeon dans mon jardin et j’aperçois deux cigognes qui tournent autour l’une autour de l’autre sur une cheminée. Même à la Chambre des Représentants, quelque chose de frivole, de doux a tremblé un instant lorsque le président a lu un poème de Hans Andreus le jour de la Saint-Valentin :
Quand je mourrai demain/dis-le aux arbres/combien je t’ai aimé/dis-le au vent/qui grimpe aux arbres/ou tombe des branches/combien je t’ai aimé…
C’est une nouvelle tradition surprenante du président Martin Bosma : il ouvre chaque séance à la Chambre avec un poème, de Gerard Reve à Annie MG Schmidt, de Rutger Kopland à Gerrit Komrij. Il y a un peu de mépris à ce sujet dans les médias, mais il m’a impliqué. J’aime la poésie. J’aime que dans cette arène dure et polarisée, les politiciens entendent un son doux pendant une minute pour contrebalancer toutes les querelles sinistres. Dans les poèmes, les gens doutent, réfléchissent, aiment, ressentent, rêvent, s’éternisent, rient, pleurent. Des émotions qui ne débordent pas vraiment en politique.
En plus du printemps et de l’amour, je remarque aussi une overdose de luxure, surtout chez les femmes. Il semble que nous rattrapions notre retard, comme si une deuxième révolution sexuelle s’installait. Alors que la première révolution sexuelle dans les années 1960 a été marquée par l’invention de la pilule, qui est devenue en pratique une licence permettant notamment aux hommes de s’amuser sans se soucier du monde, cette deuxième vague s’adresse au plaisir des femmes. Les femmes semblent enfin revendiquer leur sexualité, explorer et montrer leurs sentiments de plaisir – parfois un peu timidement. Je pense à Debby Gerritsen, chroniqueuse du ANNONCE et Libelle et créateur du podcast Sur l’amour, dans lequel elle ne laisse aucun tabou sans discussion. Ou le podcast Luxure de Jacqueline van Lieshout.
Van Lieshout avait 48 ans lorsqu’elle a quitté son mari et a créé un compte sur une application de rencontres. Elle découvre vite qu’elle aime les jeunes et les serrés, et que ces jeunes mecs serrés l’aiment vraiment. Elle expérimente avec des hommes dominants, elle découvre à quel point elle ose être excitée sans complexe, elle profite de son corps comme elle ne l’a jamais apprécié auparavant. Dans son podcast, elle raconte honnêtement ses aventures. Avec divers experts, elle part en quête : que signifient pour elle le sexe, la luxure, la sensualité, l’amour, la connexion et les relations ? Quels messages a-t-elle reçu de chez elle ? Pourquoi sa sexualité ne s’épanouit-elle que maintenant ? Et qu’est-ce que le désir et l’amour ont à voir l’un avec l’autre ?
Je trouve que c’est un phénomène passionnant, des femmes qui osent être ouvertes et honnêtes, qui exigent non seulement que l’écart d’orgasme soit comblé, mais aussi l’écart de plaisir. Qui revendique le droit d’avoir toujours du bon sexe, et ne le fait même pas toutes les deux semaines parce qu’il le veut tellement. Qui sont tout à fait d’accord avec le sexologue Rik van Lunsen, dont le message est le suivant : « Le sexe avec plaisir, ou le sexe pas du tout. » Cela signifie que vous devez découvrir quelles sont les conditions pour rendre le sexe agréable. Et ne le fais pas parce qu’il le veut vraiment.
Le créateur de magazine et journaliste José Rozenbroek est un accro de l’information. Chaque semaine, elle écrit une chronique dans Libelle sur ce qui la frappe et ce qui la passionne.