Les femmes de l’EI passent moins de temps en prison aux Pays-Bas que dans d’autres pays européens


Les femmes qui ont rejoint le groupe terroriste IS aux Pays-Bas ont été condamnées en moyenne à une peine de prison bien inférieure à celle des pays voisins comme la Belgique, la France et l’Allemagne. Cela ressort clairement des recherches menées par le Centre international de lutte contre le terrorisme (ICCT). Les 28 femmes condamnées ici ont été condamnées en moyenne à 1,6 an de prison. Dans les autres pays examinés par l’ICCT, la peine moyenne est bien plus élevée : 4,3 ans en Belgique, 4,7 ans en Allemagne et 7,6 ans en France.

Une explication de cette différence de peine est selon le TCI entre autres, que les femmes condamnées en France étaient directement impliquées dans la préparation ou la réalisation d’attentats. De plus, beaucoup plus de femmes de l’EI ont été poursuivies et condamnées en France, en Belgique et en Allemagne qu’aux Pays-Bas. De nombreuses enquêtes pénales sont toujours en cours aux Pays-Bas.

Aux Pays-Bas, on observe désormais une tendance à exiger des peines plus sévères contre les sympathisantes de l’EI qui reviennent au pays. Les premières femmes rapatriées n’étaient même pas considérées en premier lieu par le ministère public comme des suspectes, mais comme des témoins. Ce n’est qu’après 2015, suite à la publication d’une analyse critique du service de renseignement de l’AIVD, que le ministère public a décidé de poursuivre activement les sympathisants de l’EI actifs à l’étranger, y compris des femmes. Des peines standard de cinq ans ou plus sont désormais requises, généralement en cas de suspicion d’appartenance à une organisation terroriste. Depuis 2021, les femmes de l’EI qui ont emmené leurs enfants à l’étranger sont également poursuivies pour négligence envers leurs enfants.

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Depuis la montée de l’EI, environ trois cents partisans des Pays-Bas ont rejoint des organisations terroristes en Syrie et en Irak. Selon l’ICCT, un tiers d’entre eux sont des femmes. Dix personnes de ce groupe sont décédées et 41 sont retournées aux Pays-Bas. Un petit nombre a cherché refuge dans d’autres pays. 12 femmes attendent toujours d’être rapatriées vers les Pays-Bas.

Mariage avec un combattant de l’EI

Les poursuites sont compliquées car il est difficile de déterminer exactement ce que les femmes à l’étranger ont fait. Les suspects eux-mêmes sont extrêmement réticents à fournir des informations sur ce qu’ils ont fait avec l’EI. Les tâches ménagères comptent-elles soudainement pour les femmes de l’EI ? Pour le ministère public, il suffit désormais de se marier avec un combattant de l’EI et de vivre ensemble pour considérer comme avérée l’appartenance à une organisation terroriste.

Cela se voit également dans la punition. Les femmes revenues entre 2014 et 2018 ont été condamnées à des peines de huit mois en moyenne. Pour le deuxième groupe, après 2018, c’était de treize mois voire six ans. Depuis 2021, un régime de sanctions plus strict s’applique également. Les sympathisants de l’EI condamnés ne sont plus automatiquement libérés après avoir purgé les deux tiers de leur peine. Il appartient à la justice d’examiner la situation au cas par cas et éventuellement d’imposer des conditions de libération plus strictes.

Sur la liste du terrorisme

Des sanctions administratives peuvent également être imposées aux sympathisants de l’EI. Les personnes connues pour être parties en Syrie ou en Irak avec des motivations terroristes sont inscrites sur une liste nationale du terrorisme. Ils ne sont plus autorisés à effectuer des opérations bancaires et ne peuvent plus simplement suivre des études. La plupart des femmes condamnées par l’EI figuraient à l’origine également sur la liste des terroristes, mais en ont depuis été retirées. En outre, il est possible de révoquer le passeport d’une personne reconnue coupable d’implication dans le terrorisme. Cela se produit presque automatiquement si le condamné possède une deuxième nationalité. Ces personnes doivent quitter les Pays-Bas.






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