Les États-Unis préviennent que la transition verte soulève des préoccupations « complexes » en matière de sécurité en Chine


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La secrétaire américaine à l’énergie, Jennifer Granholm, a averti que l’abandon des combustibles fossiles rendrait la sécurité énergétique « infiniment plus complexe » en raison de la mainmise de la Chine sur le traitement des minéraux essentiels aux énergies renouvelables.

La Chine domine les industries du cobalt, des terres rares et du graphite, qui sont vitales pour les énergies renouvelables, les voitures électriques et les technologies de défense. Sa part de marché mondiale pour le raffinage de chacun de ces trois matériaux dépasse 70 pour cent.

« Dans ce contexte critique de minerais, nous sommes confrontés à un fournisseur dominant qui est prêt à utiliser son pouvoir de marché comme une arme à des fins politiques », a déclaré Granholm jeudi, dans des propos largement interprétés comme faisant référence au pouvoir de Pékin.

« Le carburant de cette transition énergétique – les minéraux critiques – va rendre la sécurité énergétique mondiale infiniment plus complexe et infiniment plus importante au cours des prochaines décennies », a-t-elle ajouté lors du tout premier sommet sur les minéraux critiques de l’Agence internationale de l’énergie à Paris.

Les décideurs politiques occidentaux sont de plus en plus préoccupés par la dépendance à l’égard d’adversaires géopolitiques pour l’approvisionnement en matières premières, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et à l’intensification des tensions entre les États-Unis et la Chine à propos de Taiwan.

Le président américain Joe Biden a présenté l’année dernière la loi sur la réduction de l’inflation, d’un montant de 369 000 milliards de dollars, pour galvaniser les efforts visant à réduire la dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement chinoises pour les technologies énergétiques propres.

Le ministère de l’Énergie et le ministère de la Défense ont investi des milliards de dollars de subventions pour accélérer la création de mines et d’installations de transformation au niveau national.

Mais passer aux véhicules électriques et aux énergies renouvelables nécessite de grandes quantités de lithium, de cuivre et de nickel. Répondre à la demande, tout en réduisant la dépendance à l’égard de la Chine, nécessiterait des investissements importants de la part d’une industrie minière à évolution lente pour stimuler l’offre.

Le cuivre à lui seul nécessitera 250 milliards de dollars de capital de croissance d’ici 2030 pour répondre à la demande, selon Mike Henry, directeur général de BHP, la plus grande société minière au monde. À ce jour, entre 40 et 50 milliards de dollars ont été dépensés pour accroître l’offre.

Le contrôle de la Chine s’étend également à l’exploitation des matières premières pour les terres rares et le graphite, ce qui crée des défis encore plus grands pour les économies occidentales qui doivent se tourner vers d’autres fournisseurs en cas de détérioration des relations avec Pékin.

La Chine a montré sa volonté de politiser les chaînes d’approvisionnement, en introduisant en août des restrictions sur les matériaux clés pour la fabrication de puces, le gallium et le germanium, en réponse aux projets néerlandais visant à limiter la vente d’équipements de fabrication de semi-conducteurs haut de gamme aux entreprises chinoises.

Le commissaire européen Thierry Breton a suivi l’avertissement américain en déclarant que Bruxelles devait inverser la tendance à la délocalisation de l’industrie en dehors du bloc pour se décarboner en raison de la « nouvelle géopolitique des chaînes d’approvisionnement ».

« Il est désormais clair au sein de l’UE que nous ne pouvons pas remplacer une dépendance aux combustibles fossiles par une dépendance aux matières premières », a-t-il déclaré. « Nous savons que quelqu’un peut utiliser ces dépendances comme une arme contre nous.

« Nous avons payé le prix fort en Europe pour cela », a-t-il ajouté, faisant référence aux coûts associés au fait que les États membres de l’UE doivent réduire leur dépendance au pétrole et au gaz naturel russes.

Il a ajouté que l’UE est en train de finaliser des accords de partenariat miniers essentiels avec la République démocratique du Congo, l’Australie et d’autres dans le but de diversifier ses sources d’approvisionnement.

Malgré la nécessité de diversifier l’approvisionnement en minéraux critiques, l’AIE a constaté dans un rapport publié en juillet que l’offre de minéraux critiques avait en fait augmenté en termes de concentration entre les mains d’un nombre moins important de pays au cours des dernières années.



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