Les entreprises mettent en garde contre la menace « dévastatrice » d’une grève des cheminots canadiens


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Des groupes d’entreprises ont mis en garde contre des conséquences « dévastatrices » pour l’économie nord-américaine alors que 9 300 travailleurs menacent de faire grève contre les deux plus grands chemins de fer de fret du Canada dès jeudi.

Le Canadien National et le Canadien Pacifique de Kansas City ont annoncé leur intention de mettre en lock-out les travailleurs des chemins de fer et de fermer leurs activités dans le pays s’ils ne parviennent pas à un accord sur les salaires et les horaires de travail avec le syndicat Teamsters Canada avant l’expiration de leurs contrats de travail plus tard cette semaine.

Les deux chemins de fer traversent le Canada, les États-Unis et, dans le cas du Canadien Pacifique, le Mexique. Une grève perturberait les activités de plusieurs industries essentielles sur le continent, notamment l’agriculture, la construction, la transformation de la viande et la fabrication automobile, et priverait des dizaines de milliers de voyageurs de moyens de transport vers les plus grandes villes du Canada.

Ce serait la première fois dans l’histoire du Canada que les deux opérateurs ferroviaires connaissent un arrêt de travail en même temps.

La Chambre de commerce des États-Unis et la Chambre de commerce du Canada ont publié mardi une déclaration commune appelant Ottawa à « intervenir immédiatement » pour éviter une perturbation.

« Un arrêt du service ferroviaire serait dévastateur pour les entreprises et les familles canadiennes et aurait des répercussions importantes sur l’économie américaine », ont déclaré les groupes d’affaires.

Ces commentaires sont les derniers d’une série d’avertissements de plus en plus nombreux alors que les négociations contractuelles se poursuivent. Pete Buttigieg, le secrétaire américain aux Transports, a déclaré plus tôt cette semaine que l’administration Biden surveillait les négociations sur le travail, s’engageait auprès du gouvernement canadien et suivait les flux de marchandises vers les États-Unis.

Jim Vena, directeur général de l’Union Pacific, une compagnie ferroviaire américaine, a écrit au ministre canadien du Travail, Steven MacKinnon, pour lui demander d’intervenir dans le conflit, selon une copie de la lettre consultée par le Financial Times, affirmant qu’une fermeture prolongée aurait des « effets en cascade importants ».

Une coalition de groupes américains du secteur de l’alimentation et de l’agriculture a écrit au premier ministre canadien Justin Trudeau pour l’exhorter à agir, car les camions ne sont pas rentables pour les expéditions de récoltes sur de longues distances. « L’agriculture expédie plus de 25 000 voitures par semaine et ce chiffre tombera à zéro en cas de grève ou de lock-out », ont-ils écrit.

Keith Creel, directeur général de Canadian Pacific Kansas City, a déclaré lundi que la compagnie ferroviaire était « fermement déterminée » à parvenir à un accord et avait proposé de conclure un arbitrage de différends contraignant avec le syndicat.

Dimanche, le Canadien National a déclaré qu’« aucun progrès significatif n’a eu lieu et que les parties restent très éloignées ».

Ce conflit est le premier grand défi pour MacKinnon, qui a pris en charge le portefeuille du Travail en juillet après que son prédécesseur ait quitté son poste pour des raisons personnelles. MacKinnon doit rencontrer les deux opérateurs ferroviaires cette semaine, a indiqué son bureau lundi. La semaine dernière, il a refusé d’imposer un arbitrage exécutoire à la demande du Canadien National, demandant aux parties de négocier de bonne foi.

La menace de grève a déjà commencé à avoir un impact sur les chaînes d’approvisionnement à travers le continent, a écrit Vena, d’Union Pacific. Certaines cargaisons maritimes à destination des ports canadiens ont été redirigées vers les États-Unis et les trains ont cessé de transporter des marchandises dangereuses, notamment des engrais. Il faudra peut-être trois à cinq jours aux chemins de fer pour rattraper chaque jour de fermeture, a-t-il estimé.

Les inquiétudes de cette semaine font écho à celles de 2022, lorsque les travailleurs du transport ferroviaire de marchandises ont menacé de faire grève dans tout le pays. Un arrêt de travail a été évité de justesse grâce à la médiation des responsables fédéraux pour parvenir à un accord quelques jours avant l’expiration des contrats de travail.



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