« Les enfants des ménages à double revenu mangent également mal » : pourquoi le gouvernement doit se mettre à la table pour de meilleurs repas scolaires

Les repas scolaires peuvent être plus sains, affirme l’ONG Rikolto. Les aliments sont frits trop souvent et l’offre de légumes est trop petite. Le gouvernement doit mieux soutenir les écoles. « Un enfant peut acheter un bol de soupe avec seulement un euro », explique la porte-parole Katharina Beelen.

Yannick Verberckmoes

Où sont exactement les problèmes ?

« Vous avez sans doute entendu parler d’enfants allant à l’école avec des boîtes à lunch vides. Nous le constatons également dans la pratique : de nombreux enfants reçoivent une alimentation insuffisante, voire inadéquate. Nous le constatons dans les villes, où les enfants des écoles de concentration vivent des moments difficiles. Mais les enfants de personnes à double revenu mangent tout aussi mal et sautent souvent le petit-déjeuner.

« Un autre point est que l’environnement autour des écoles dans les villes encourage une mauvaise alimentation. Les seniors peuvent souvent manger dehors pendant leur pause déjeuner puis se rendre dans un snack-bar pour prendre leur repas. La concentration de restauration rapide autour des écoles est plus élevée qu’ailleurs. De cette façon, les enfants sont tentés d’acheter quelque chose de malsain. »

« Nous constatons également que les prix des repas chauds à l’école subissent une pression croissante. Un traiteur ne pourra jamais proposer un bon repas pour quelques euros. Nous préconisons donc une légère augmentation des prix afin que la nourriture soit également de meilleure qualité. Dans la perspective des élections de l’année prochaine, nous souhaitons formuler dix recommandations politiques concrètes. Celles-ci sont issues de tables rondes avec des acteurs concernés, tels que les organisations faîtières éducatives et le Réseau contre la pauvreté.

Que peut faire exactement le gouvernement ?

« Le message principal est qu’il existe un besoin accru de coopération entre les différents niveaux politiques pour soutenir les écoles. Le gouvernement peut aider les écoles avec un soutien financier. A Anvers, la ville donne aux écoles un demi-euro par enfant pour les repas et un euro entier pour les enfants vulnérables. Un enfant peut acheter un bol de soupe avec seulement un euro.

« Mais cela va au-delà de l’aspect financier, les autorités locales peuvent aussi aider les écoles sur le plan administratif. Je réfléchis à établir un cahier des charges pour un appel d’offres, afin que les écoles trouvent les bons partenaires pour leurs repas chauds. Ils peuvent également aider les écoles à s’inscrire au système « besoin de boîte à pain » de l’asbl Enchanté. Il s’agit d’une initiative où les gens peuvent donner de l’argent pour fournir des repas scolaires.

« Il est important que ce qui est proposé à l’école change. En général, on constate que les aliments sont souvent frits et qu’on utilise relativement beaucoup de produits d’origine animale. Il y a relativement peu de fruits et légumes frais. L’offre de légumes doit également augmenter. Nous souhaitons transmettre ce message aux traiteurs, mais aussi aux enfants eux-mêmes. Les laisser goûter une fois un repas sain ne résout pas le problème. Une approche intégrée est nécessaire.

Voulez-vous également impliquer les parents dans cette démarche ?

« Nous avons bien entendu collaboré avec les caisses d’assurance maladie lors de l’élaboration de nos propositions politiques, car nous pensons qu’elles peuvent jouer un rôle important pour atteindre les parents. Ils peuvent informer les familles sur une alimentation saine et sur la manière de la fournir à un prix abordable. Au lieu d’acheter des pâtes à tartiner au supermarché, ils peuvent par exemple montrer aux parents comment préparer facilement leurs propres tartinades à sandwich. Les caisses d’assurance maladie peuvent développer une offre informative à cet effet.»

Allez-vous aussi parler aux politiques ?

« En effet, nous y travaillons déjà. Nous espérons qu’en discutant avec eux, nous pourrons affiner davantage nos positions. Entre-temps, nous collaborons avec des villes comme Anvers, Gand ou Louvain. À Anvers, par exemple, des travailleurs communautaires ont été sollicités pour aider à servir de la soupe dans les écoles où, autrement, il n’y avait pas de nourriture. En partageant les leçons de nos meilleures pratiques, nous espérons pouvoir mieux nourrir les enfants du monde entier.



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