Des salaires minimums plus élevés aux propositions d’augmentation des salaires de 14 % : les salaires augmentent également dans nos pays voisins. Mais sont-ils mieux lotis que les travailleurs belges, dont les marges ont déjà été grignotées par l’indexation ?
1. Pays-Bas : un syndicat réclame une surtaxe de 14,3 %
Comme la plupart des pays d’Europe, les Pays-Bas – contrairement à la Belgique – ne disposent pas d’un système d’indexation automatique des salaires. C’est pourquoi nos voisins du Nord doivent toujours consulter les syndicats et les employeurs au sujet de la compensation de l’inflation.
Cela ne change rien au fait que des augmentations salariales ont déjà été mises en œuvre dans de nombreux secteurs. Par exemple, les employés de l’industrie métallurgique et électrique recevront 9 % supplémentaires dans un an et demi, plus un paiement unique de 1 080 euros. Les chemins de fer néerlandais augmenteront les salaires de 8,45 % (sur 18 mois) et verseront aux employés un paiement unique de 2 000 euros.
Pour de nombreux employés, ce n’est pas un luxe inutile, car les Pays-Bas sont aux prises avec des hausses de prix supérieures à la moyenne depuis des mois en raison de leur forte dépendance au gaz. En septembre, l’inflation a atteint un niveau record de 17,1 %. En raison de la baisse des prix de l’essence, ce chiffre est retombé à 9,9 % en novembre.
“Les négociations sur les augmentations salariales aux Pays-Bas dépendront toujours fortement des prévisions concernant les prix du gaz”, déclare l’économiste Ive Marx (Université d’Anvers). “En général, nous constatons que les augmentations de salaire actuelles chassent l’inflation aux Pays-Bas en ce moment.”
Si cela dépend de la ministre des Finances Sigrid Kaag (D66), les salariés néerlandais peuvent bientôt s’attendre à une forte augmentation. Selon elle, les entreprises ont le répit nécessaire pour indemniser leurs employés de l’augmentation des coûts, car les entreprises néerlandaises ont réalisé au dernier trimestre un bénéfice record de 84,5 milliards d’euros bruts. Le syndicat néerlandais préconise une augmentation de salaire de 14,3 %, mais il semble peu probable que de nombreuses entreprises soient d’accord.
2. France : inflation plus faible, croissance des salaires plus faible
En France, les salaires au troisième trimestre étaient supérieurs de 3,9% à ceux de l’année dernière, selon l’indice trimestriel du coût du travail de l’agence européenne des statistiques Eurostat. Les salaires en France augmentent donc moins fortement qu’aux Pays-Bas, mais l’inflation est donc beaucoup plus faible en France que dans les pays limitrophes.
Cela a à voir avec la politique gouvernementale. Le gouvernement français a décidé de geler les prix du gaz au niveau d’octobre de l’année dernière et les prix de l’électricité ne sont autorisés à augmenter que de 4 %. Le pays dépense des dizaines de milliards pour combler la différence entre les prix du marché et les prix de vente.
De plus, le salaire minimum en France sera augmenté pour la quatrième fois en janvier 2023, cette fois de 1,81 %. Sur une base annuelle, le salaire minimum aura augmenté de 6,6 %.
3. Allemagne : le salaire minimum augmente de 22 %
Des négociations se déroulent également par secteur en Allemagne. En novembre, les employeurs et les syndicats du secteur métallurgique sont parvenus à un accord sur une augmentation de salaire de 8,5 % pour près de 4 millions d’Allemands. Cela sera mis en œuvre par étapes : les employés recevront 5,2 % supplémentaires en juin 2023 et 3,3 % supplémentaires en mai 2024.
Cependant, cela reste insuffisant pour compenser l’augmentation des coûts, car l’inflation en Allemagne était de 10,4 % en octobre. C’est également important pour les salariés d’autres secteurs, car l’accord métallurgique allemand sert généralement de ligne directrice pour l’ensemble du secteur privé chez nos voisins de l’Est.
Les négociations sur les augmentations salariales se déroulent donc dans un contexte de tension sociale en Allemagne. Le gouvernement allemand a alloué 200 milliards pour aider les Allemands à traverser la crise du gaz et a également augmenté le salaire minimum national de pas moins de 22 % à 12 euros de l’heure.
Néanmoins, les chiffres du service allemand de statistiques Destatis montrent que le pouvoir d’achat des Allemands a baissé en moyenne de 6 % au troisième trimestre.
4. Belgique : la différence n’est pas complètement rattrapée
Notre pays fonctionne avec un système d’indexation automatique, même si celui-ci est appliqué différemment selon les secteurs. Les cols blancs de notre pays recevront une augmentation de salaire de 11,13% en janvier, alors que des augmentations de salaire ont déjà été accordées dans d’autres secteurs car l’indice central a été dépassé.
Ce système unique signifie que le pouvoir d’achat des citoyens belges est plus résistant à l’inflation. Dans nos pays voisins, ces augmentations salariales doivent toujours être négociées dans le cadre de négociations qui tiennent également compte des perspectives économiques.
Dans ses dernières prévisions, la Banque nationale prévoit donc que les salaires augmenteront de 5,6 % plus rapidement en Belgique en 2022 et 2023 que dans nos pays voisins. Par la suite, les pays voisins combleront largement cet écart car les salaires y augmenteront plus rapidement à partir de 2024.
Cependant, le résultat final reste que les entreprises belges auront un handicap salarial de 2,3 % par rapport aux entreprises étrangères sur la période 2022-2025. La Banque Nationale craint donc que nos entreprises perdent leur compétitivité au cours des prochaines années.
Du fait de ces fortes hausses salariales, les entreprises ont également peu de marge pour proposer des majorations supplémentaires. Dans une enquête du groupe de services au personnel SD Worx, six entreprises sur dix indiquent qu’elles n’accordent pas d’augmentation de salaire en plus de l’indice afin de réduire les frais de personnel.