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Les installations pétrolières et gazières américaines produisent quatre fois plus de méthane, responsable du réchauffement climatique, que ce qu’estimaient les régulateurs, selon une étude soulignant le fossé entre la réalité et le respect des nouvelles règles environnementales.
Les données publiées mercredi par l’Environmental Defense Fund estiment les fuites, le torchage et l’évacuation du méthane dans les opérations pétrolières et gazières terrestres américaines à 7,5 millions de tonnes par an, soit suffisamment de gaz gaspillé pour répondre aux besoins énergétiques annuels de plus de la moitié des foyers américains.
Les émissions de ce gaz invisible, qui contribue largement au réchauffement climatique, sont environ huit fois supérieures à l’objectif volontaire annoncé lors du sommet de l’ONU sur le climat de l’année dernière par 50 des plus grandes sociétés pétrolières et gazières, dont BP, Shell et ExxonMobil.
Les chercheurs d’EDF ont collecté ces données à l’aide de capteurs fixés à des avions spécialement adaptés, qui ont survolé entre juin et octobre 2011 les 12 plus grands bassins pétroliers et gaziers des Etats-Unis. Ces bassins représentent plus de 70% de la production pétrolière et gazière du pays.
Les chercheurs ont déclaré que les données constituaient le rapport le plus complet sur les émissions de méthane du pétrole et du gaz aux États-Unis réalisé à ce jour et constituaient un signal d’alarme pour l’industrie, qui ne faisait pas assez pour réparer les fuites des équipements et éliminer le torchage et l’évacuation du gaz.
Les régulateurs se concentrent de plus en plus sur la réduction des fuites de méthane dans l’atmosphère, qui, selon les scientifiques, sont responsables de près d’un tiers de l’augmentation des températures mondiales induite par les émissions depuis le début de l’ère industrielle.
Les producteurs américains sont confrontés à un nouveau cadre réglementaire strict mis en œuvre par l’Agence de protection de l’environnement cette année et pourraient être confrontés à des sanctions financières pouvant atteindre 1 500 dollars par tonne de méthane émise d’ici 2026.
« Cette étude souligne vraiment le chemin qu’il reste à parcourir à l’industrie pour réduire les émissions de méthane et l’importance de tous ces nouveaux mécanismes réglementaires pour inciter l’industrie à le faire », a déclaré Rosalie Winn, directrice de la politique méthane et air pur d’EDF.
Selon le rapport, les régions productrices de combustibles fossiles plus matures ont tendance à avoir des émissions plus élevées, probablement en raison de puits et d’équipements plus anciens et sujets aux fuites.
Les exploitants de pétrole et de gaz affirment qu’ils intensifient leurs efforts pour lutter contre les émissions de méthane en remplaçant les équipements qui fuient et en réduisant le brûlage et le rejet de gaz dans l’atmosphère. Mais le principal groupe de pression du secteur, l’American Petroleum Institute, conteste devant les tribunaux la réglementation sur le méthane de l’administration Biden.
En réponse aux dernières découvertes, l’API a déclaré que l’industrie pétrolière et gazière travaillait chaque jour pour répondre à la demande croissante d’énergie tout en progressant dans la réduction des émissions de méthane.
Shell, BP et ExxonMobil n’ont pas répondu à une demande de commentaire.
Ben Cahill, analyste au Centre d’études stratégiques et internationales, a déclaré que les émissions de méthane variaient considérablement d’un bassin à l’autre et même au sein d’un même bassin, car il y avait des pays très performants et des pays à la traîne en matière de conformité au sein de l’industrie.
« Il est donc d’autant plus important d’avoir une réglementation fédérale complète et des normes de performance strictes qui s’appliquent à tous les opérateurs », a-t-il déclaré.
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