Les élections au Congo se poursuivront pendant un jour supplémentaire après le « chaos »


Les élections en République démocratique du Congo ont été mouvementées mercredi et se poursuivront encore une journée. Certains candidats ont déjà déclaré qu’ils n’accepteraient pas les résultats.

Dans la plupart des 75 000 bureaux de vote, les bulletins de vote sont arrivés avec des heures de retard, voire pas du tout, en raison de retards dans la livraison du matériel électoral ou de problèmes avec les machines à voter électroniques. Selon Symocel, observateurs d’églises influentes au Congo, près de 60 pour cent des bureaux de vote ont ouvert tardivement et un tiers des bulletins de vote étaient incorrects.

Le candidat de l’opposition Martin Fayulu a parlé de « chaos total » et le candidat Denis Mugwege l’a qualifié de « fraude électorale du siècle ». Un porte-parole du parti de l’ancien président Joseph Kabila a qualifié le jour du scrutin de « parodie ».

Les observateurs avaient alerté sur cette situation de désordre parce que la Commission électorale n’avait pas mis de l’ordre dans ses affaires, mais le chaos semble plus grand que prévu. Par exemple, le vote a eu lieu dans une salle d’une école de la capitale Kinshasa alors que le dépouillement avait déjà lieu dans une autre. Dans la ville moyenne de Tshikapa, des électeurs ont attaqué un bureau de vote car ils soupçonnaient le personnel de fraude. À Bunia, dans l’est, les électeurs ont également exprimé leur colère face aux allégations de contrefaçon et aux tirs en l’air des soldats.

Un bureau de vote pillé à Bunia.
Photo ORKIM JOTHAM PITUWA / AFP

Piles vides

À Goma, la capitale régionale de l’Est, de nombreux bureaux de vote ont également ouvert tardivement et, dans d’autres endroits, les batteries des machines à voter semblaient mortes. « S’il y a des problèmes logistiques à Goma, facilement accessible, il y a de fortes chances que de nombreuses communautés rurales n’aient pas pu voter », explique un habitant de Goma qui souhaite garder l’anonymat. Le Congo fait quatre fois la taille de la France avec un réseau routier médiocre, il n’y a souvent pas de routes même entre les villes et le transport n’est possible que par bateau ou par avion.

Le vote n’a pas été possible dans les régions de Masisi et de Rutshuru en raison de la grande insécurité, tout comme des centaines de milliers d’autres Congolais ailleurs dans l’est n’ont pas été autorisés à voter en raison des violences provoquées par de nombreuses milices.

Un demi-million de personnes ont été déplacées de leurs foyers ces derniers mois, laissant un total de sept millions de civils déplacés à travers le pays, un record mondial.

Lire aussi
La richesse des ressources du Congo est une bénédiction et une malédiction

Affiches électorales dans la capitale congolaise Kinshasa.

La moitié des quelque cent millions de Congolais ont le droit de voter. Ils peuvent choisir entre dix-neuf candidats à la présidentielle et cent mille candidats aux sièges des parlements provinciaux et des conseils municipaux. En tête de la course à la présidentielle se trouvent l’actuel président Félix Tshisekedi et les candidats de l’opposition Moïse Katumbi, Denis Mugwege et Martin Fayulu. Katumbi a appelé ses partisans à rester dans les bureaux de vote jusqu’à ce que tous les votes aient été comptés. Dans certains endroits, le vote a eu lieu tard dans la nuit.

Il n’y a qu’un seul tour, celui qui obtient le plus de voix l’emporte, même si le candidat obtient moins de cinquante pour cent des voix. Les résultats sont attendus avant la fin de l’année.

Les élections précédentes, il y a cinq ans, avaient été une farce puisque l’un des perdants, Tshisekedi, avait été déclaré vainqueur. A cette fin, il a conclu un accord avec le président sortant Kabila, avec la garantie qu’il ne poursuivrait pas Tshisekedi pour corruption.

Avec l’image d’un falsificateur des résultats qui l’entourait, Tshisekedi s’est principalement préoccupé ces dernières années de gagner en légitimité en tant que président. Avec la mauvaise organisation des élections cette fois, il aura du mal à convaincre les Congolais qu’il est leur leader démocratiquement élu.



Liste de lecture





ttn-fr-33