Les dirigeants politiques continuent d’ignorer la menace nucléaire : imprudents et irresponsables

Il est frappant de voir que la Belgique donne la priorité à sa loyauté envers l’OTAN plutôt qu’à la volonté du peuple, qui veut se débarrasser des armes nucléaires. C’est ce qu’affirment Naomi Zoka et Stefan Nieuwinckel, affiliés à Pax Christi Flandre.

Naomi Zoka et Stefan Nieuwinckel

Le 25 octobre, on apprenait du Kremlin que la Russie avait procédé à un essai nucléaire « réussi ». Le président Poutine a personnellement supervisé. Quelques jours plus tôt, il s’était retiré du Traité d’interdiction des essais nucléaires, qui interdit aux pays de procéder à des essais nucléaires.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Poutine a clairement indiqué qu’il n’avait pas peur d’utiliser l’arme nucléaire contre ceux qui faisaient obstacle à la victoire de la Russie. Plus le conflit se prolonge, plus la menace russe est explicite. En mai de cette année, nous avons vu comment la Russie, pour la première fois de son histoire, a stationné des armes nucléaires au-delà de ses frontières, notamment en Biélorussie.

En juillet, le président du Conseil russe pour la politique étrangère et de défense, Sergueï Karaganov, a décrit en détail dans un article où se trouve la « véritable » source du conflit entre la Russie et l’Ukraine, à savoir l’Occident. Il explique comment la plupart des États occidentaux évoluent vers le fascisme et le totalitarisme libéral. Pour ces raisons, il recommande à la Russie de mener une attaque nucléaire « limitée » en Europe occidentale.

L’ère nucléaire

La dernière fois que la Russie a procédé à un essai nucléaire, c’était il y a 33 ans, le 24 octobre, et aujourd’hui, le 25 octobre, nous sommes officiellement entrés à nouveau dans l’ère nucléaire. Des décennies de méfiance entre l’Occident et la Russie, le manque de diplomatie et trop peu de mesures en faveur du désarmement nucléaire nous ont ramenés à ce point.

Ce n’est là qu’un exemple de la terrifiante prolifération nucléaire actuellement en cours. Nous voyons également comment l’Iran, le Japon, la Corée du Sud et de nombreux autres États envisagent de franchir le pas du nucléaire. En ces temps de guerre et de conflit, la prolifération d’armes destructrices n’est pas ce dont le monde a besoin. Le gouvernement belge est également en partie responsable de la prolifération des armes nucléaires.

L’illusion de longue date de la « dissuasion nucléaire » et de la maximisation de la puissance de tous les États nucléaires a ramené le monde dans cette époque. Ignorer davantage la question nucléaire par nos dirigeants politiques est imprudent et irresponsable. Avec deux États nucléaires activement en guerre et d’autres États cherchant à rejoindre le club nucléaire, il ne reste que très peu de temps pour l’horloge de la fin du monde.

Aujourd’hui plus que jamais, nous exigeons le désarmement nucléaire. Malgré plusieurs déclarations d’engagement en faveur du désarmement, le gouvernement belge est coupable de poursuite de la prolifération nucléaire. Cela a commencé avec l’accord de 1963 visant à stationner des armes nucléaires américaines sur la base aérienne de Kleine Brogel. En 2018, elle a également convenu avec le gouvernement américain et l’avionneur Lockheed Martin d’acheter les nouveaux F-35, capables également de transporter des armes nucléaires. On estime que ceux-ci arriveront à Kleine Brogel en 2024.

Par ailleurs, en 2017, le gouvernement belge a voté contre le nouveau Traité d’interdiction des armes nucléaires (TPNW) au sein de l’ONU, sous prétexte qu’il ne le considère pas comme le bon instrument de désarmement. Sachant que la majorité de la population belge souhaite se débarrasser des armes nucléaires, il est frappant de voir que la Belgique donne la priorité à sa loyauté envers l’OTAN plutôt qu’à la volonté du peuple.

Nous appelons à des négociations de paix et à la diplomatie pour mettre fin à la course aux armements et aux atrocités qui ont lieu chaque jour dans la zone de guerre. Le président russe continue de menacer et n’est visiblement pas intéressé par une désescalade. Malgré cela, les dirigeants occidentaux refusent toujours de se concentrer davantage sur la diplomatie et le dialogue. Ils ne font pas suffisamment d’efforts pour faire le premier pas vers une désescalade.

En fait, ils alimentent la flamme en se joignant à la course aux armements nucléaires. Nous déplorons le manque d’efforts pour mettre fin à l’effusion de sang et à une nouvelle escalade du conflit. La fourniture d’armes et de munitions supplémentaires n’a toujours pas mis fin au conflit et, à ce rythme, elle ne fera que faire le contraire.

Il est grand temps que les gouvernements du monde entier prennent leurs responsabilités et s’attaquent correctement à la menace nucléaire avant que l’irréversible ne se produise.



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