Les dirigeants des partis font preuve d’une conscience environnementale frappante lors des débats avec les jeunes : « Le climat ne doit pas polariser »


Cinq ans après les premières marches pour le climat, 50 jeunes leaders politiques peuvent interpeller les dirigeants politiques. Lors d’une période de questions au « Train World » de Schaerbeek, les présidents des partis ont montré avec force leur côté le plus vert. « Mais vous ne sauverez pas le monde en récoltant des applaudissements. »

Barbara Debusschère

« Voilà Bouchez. Le spectacle commence », dit quelqu’un en riant. Nous sommes dans un « Train World » bondé, la belle ancienne gare de Schaerbeek. Le climatologue Jean-Pascal van Ypersele (UCL Louvain) arpente l’immense salle tandis que les dirigeants politiques prennent place sur la scène.

Paul Magnette (PS), Nadia Naji (Verts), Jean-Marc Nollet (Ecolo), Melissa Depraetere (Vooruit), Jos D’Haese (PvDA), Robrecht Bothuyne (vice-président du CD&V) et donc George-Louis Bouchez (M). François de Smet (DéFI), Frederik Ceulemans (porte-parole de l’Open Vld Bruxelles) et Jean-Luc Crucke (Les Engagés) sont également présents. Bart De Wever (N-VA) est le seul à ne pas avoir convaincu Van Ypersele.

Paul Magnette (PS), Melissa Depraetere (Attaquant) et Nadia Naji (Vert).Image Éric de Mildt

Tout le monde reçoit un panneau avec un côté vert « oui/oui » et un côté rouge « non/non ». « Bonjour les gladiateurs », déclare le modérateur Nic Balthazar. « Vous répondez aux questions oui et non avec les panneaux. Vous disposerez d’une ou deux minutes de temps de parole pour les questions ouvertes.

Suppression des voitures de société

Les interlocuteurs sont une cinquantaine de jeunes. Cinq ans après les premières marches pour le climat, Van Ypersele veut leur donner l’occasion de griller les politiciens. Car beaucoup sont découragés. La protestation des jeunes a retenu l’attention et a conduit au Green Deal européen. Mais il est désormais sous pression et les décideurs politiques appuient sur le « bouton pause ».

Ce soir, les politiques font de leur mieux pour redonner espoir : un océan d’unanimité verte émerge sur scène. « Êtes-vous prêt à prendre des décisions à long terme qui sont nécessaires pour le climat, même si cela signifie perdre des électeurs ? » demande Amber avec les joues rouges. En une seconde, tous les panneaux verts s’affichent. Idem lorsque Lotte pose la question : « Etes-vous favorable à des normes sociales et environnementales plus strictes pour les produits que nous importons ?

Les dirigeants souhaitent également une taxe sur le kérosène, la suppression des voitures de société et une journée de commémoration pour les victimes des inondations en 2021. Ils prônent tous des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité et une transition verte socialement juste. Bouchez dit : « Le climat ne doit pas polariser. »

Mais il y a aussi des désaccords.

DéFI, CD&V, MR et Open Vld n’aiment pas interdire les SUV et les affrontements « gauche » et « droite » sur la désobéissance civile et le dossier climatique.

Bien entendu, les « protestations désobéissantes » doivent être autorisées, affirment les Verts et les Rouges, « parce que la politique climatique flamande n’est pas suffisante », affirme Depraetere. D’Haese demande aux libéraux et aux démocrates-chrétiens : « Comment pouvez-vous respecter le climatologue Van Ypersele tout en rejetant le verdict dans l’affaire climatique ? Ce à quoi le public applaudit. Naji dit ‘avec colère’ à Ceulemans : « C’est votre parti qui appuie sur le bouton pause. Alors un coup de pied dans les fesses comme celui du climat est nécessaire.» De Smedt déclare : « Il n’existe vraiment aucun bouton sur lequel les politiciens ne peuvent ou ne veulent appuyer pour sauver le climat. C’est très complexe.

Ambiance excitée

Les jeunes trouvent que les autres visions d’une transition climatique socialement juste sont extrêmement intéressantes. Cela va de « imposer nos normes environnementales à travers des règles commerciales européennes » (Bouchez) et « plus de croissance économique pour soutenir tout le monde, mais sans énergie fossile » (Bothuyne) à « taxer les riches » (Magnette) et « pas de prime climatique pour ceux qui j’en ai déjà assez, j’ai de l’argent » (Naji). D’Haese déclare : « Nous devons également nous attaquer aux responsables. Le patron de TotalEnergies annonce que sa société prévoit d’augmenter la production de pétrole et de gaz de 2 à 3 pour cent par an jusqu’en 2030.»

Visiblement ravis, les jeunes ont ensuite remercié les politiques. « Mais ce n’est pas avec les applaudissements que vous sauverez le monde », prévient Simon Sterck (18 ans), le représentant jeunesse de l’ONU au Conseil flamand de la Jeunesse. « Nous comptons sur vous maintenant. Assurez-vous que le climat devienne une priorité électorale et que des politiques fortes soient mises en place.»

Georges-Louis Boucher (MR) reste ensuite le plus longtemps « entouré » de jeunes avec lesquels il continue de débattre en gesticulant.  Image Éric de Mildt

Georges-Louis Boucher (MR) reste ensuite le plus longtemps « entouré » de jeunes avec lesquels il continue de débattre en gesticulant.Image Éric de Mildt

L’ambiance est ensuite joyeuse. Les yeux larmoyants, Sterck déclare : « C’est formidable que les politiques soient venus participer. Y compris par exemple Bouchez, qui ne joue pas de match à domicile ici.»

Même si cela ne semble pas si grave. Le leader libéral qui a été le dernier à adhérer au parti reste ensuite le plus longtemps, « entouré » de jeunes avec lesquels il continue de débattre en gesticulant.



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