Les députés continuent de se poser des questions sur les irrégularités chez bpost


Mardi, la présidente de Bpost, Audrey Hanard, n’a pas réussi à convaincre les députés de la commission des entreprises publiques que les contrôles effectués ont désormais révélé toutes les irrégularités au sein de l’entreprise. Certains députés craignent que ces pratiques malhonnêtes « fassent partie de la culture d’entreprise » de bpost et qu’il soit difficile pour l’entreprise postale de regagner la confiance du gouvernement et des citoyens. Des questions ont également continué à se poser concernant les audits eux-mêmes.

Samedi, il a été annoncé que bpost facturait au SPF Justice douze fois trop cher le loyer des bureaux pendant deux ans : 100.000 euros par mois au lieu de 100.000 euros par an. Cette erreur était connue de la haute direction de bpost à l’époque, mais n’a jamais été signalée. Le SPF Justice a désormais déclaré bpost en défaut. Selon le ministère de la Justice, la société postale aurait délibérément et « sournoisement » dissimulé certaines constructions.

REGARDER. Bpost facture 100 000 euros de loyer par mois au lieu de par an

« Inacceptable »

Hanard est venu mardi expliquer les derniers audits internes que l’entreprise a menés sur la surfacturation au gouvernement. Au total, des irrégularités sont soupçonnées dans l’exécution de trois contrats gouvernementaux. Les audits ont été réalisés sur une période de neuf mois, 38 000 documents ont été analysés et des dizaines d'(anciens) salariés ont été interrogés. Trois cabinets d’avocats ont été embauchés. « Les pratiques révélées sont inacceptables et l’argent surfacturé sera remboursé par bpost », a assuré Hanard.

La Poste avait annoncé précédemment avoir constitué une provision de 75 millions d’euros à cet effet. Il s’agit de notre propre estimation, qui sera ensuite comparée aux estimations des personnes lésées.

Plusieurs licenciements

Sur la base des audits, 14 cadres supérieurs et intermédiaires ont été identifiés qui étaient impliqués ou avaient connaissance de la faute professionnelle. Huit d’entre eux ont été licenciés, les autres avaient déjà quitté l’entreprise avant le début des audits, a indiqué Hanard.

Audrey Hanard, présidente de Bpost, s’est exprimée mardi devant la commission des entreprises publiques de la Chambre. © Photo Actualités

Selon la députée écologiste Eva Platteau, les 14 personnes ne sont pas « quelques individus ». « Il y a un problème avec la culture d’entreprise depuis des années », a-t-elle déclaré mardi devant la Commission des entreprises publiques de la Chambre. Platteau se demande également si bpost va intenter une action en justice contre « ce groupe de personnes qui ont ruiné l’image de l’entreprise ». .

Hanard a souligné qu’il n’y avait pas d’enrichissement personnel, ce qui a été remis en question par plusieurs députés. Le député N-VA Michaël Freilich a par exemple évoqué des primes qui auraient été versées.

«Plus vache à lait qu’actionnaire»

Le député du Vooruit Joris Vandenbroucke a indiqué qu’il regrettait que les malversations chez bpost aient eu un impact sur le personnel, mais qu’elles aient également été douloureuses pour les parlementaires qui avaient défendu l’actionnariat public de l’entreprise postale.

La députée Marianne Verhaert (Open Vld) a indiqué que pendant des décennies, le gouvernement était « plutôt une vache à lait qu’un actionnaire ». « Ce que nous constatons, ce sont des excès immoraux, voire criminels, liés à un manque fondamental de concurrence et à un sentiment déplacé d’intouchabilité. Une grande incertitude demeure quant à la construction d’un modèle de coûts perfide.»

Image du comité de la Chambre.
Image du comité de la Chambre. © Photo Actualités

Pas vraiment indépendant

Les députés continuent également de se poser des questions sur les audits eux-mêmes. Il a été souligné mardi que ces opérations avaient été réalisées par des « avocats amis ». « Il ne s’agit en fait pas d’un audit indépendant, mais d’un audit rédigé par les avocats de bpost », a déclaré Freilich, qui a également souligné les liens familiaux entre les personnes qui ont réalisé les audits et les employés de bpost.

Hanard a répondu qu’il ne s’agissait « pas d’audits indépendants, mais réalisés par bpost, avec des experts externes ». « Elles ont été réalisées avec sérieux et on a toujours veillé à ce que les liens familiaux ne puissent pas jouer un rôle », a souligné la présidente.



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