En une seule semaine, la Grande-Bretagne est passée de l’un des nombreux pays confrontés à de violents vents économiques à un cas de panier financier, sa devise plongeant, les rendements obligataires et les taux hypothécaires augmentant et les fonds de pension se démenant pour rester à flot.

Une question a surgi à plusieurs reprises : pourquoi le mini-budget a-t-il déclenché un tel chaos, étant donné que la majeure partie de celui-ci avait déjà été traînée et que le coût de la réduction inattendue de 1 pence du taux de base de l’impôt sur le revenu et de l’élimination du taux supérieur est dérisoire ? comparaison avec la garantie du prix de l’énergie.

Cela manque deux choses essentielles. Premièrement, la main du gouvernement a été forcée sur les factures d’énergie. Leur politique sauvera des moyens de subsistance et peut-être même des vies. Ce n’est pas bon marché, mais c’est parfaitement rationnel. Les réductions d’impôts de vendredi dernier, en comparaison, étaient une erreur fiscale non forcée. Le nombre peut être plus petit, mais il signale un écart par rapport à la pensée économique sensée.

Et cela nous amène au deuxième problème : l’ampleur de ce départ. Une semaine après le début de la « Trussonomics », on pourrait affirmer que c’est la première fois dans l’histoire moderne que le gouvernement d’un grand pays développé décide de se détacher complètement non seulement de l’orthodoxie économique, mais aussi de son propre électorat.

Toutes les quelques années, des centaines de politologues évaluer les partis politiques sur diverses questions, de l’environnement à l’ordre public, des questions de genre à la redistribution des richesses. Dans ce cadre, ils placent ces partis sur l’échelle gauche-droite de l’économie, l’extrême gauche indiquant le communisme à part entière et l’extrême droite l’approche la plus extrême de faible réglementation, de faible fiscalité et de marché libre.

Jusqu’à la semaine dernière, le parti conservateur ressemblait à un parti de centre-droit relativement normal en économie, obtenant un 7 sur l’échelle de 0 (extrême gauche) à 10 (extrême droite). Cela l’a placé à égale distance entre le parti centriste de la Renaissance d’Emmanuel Macron en France et les républicains américains plus radicaux.

Vendredi dernier, tout a changé. Dans une enquête instantanée du FT auprès d’un groupe de politologues britanniques de tous les horizons politiques, le consensus était que sous la Première ministre Liz Truss et le chancelier Kwasi Kwarteng, les conservateurs obtiennent désormais un score étonnant de 9,4. Cela les place bien au-delà de la position des républicains sous Donald Trump, et juste à droite du parti social-libéral brésilien qui a porté Jair Bolsonaro au pouvoir en 2018.

Sur 275 partis dans 61 pays, les conservateurs sous Trussonomics se classent comme les plus à droite de tous. Il ne faut donc pas s’étonner qu’un tel virage volontaire vers la droite ait effrayé les marchés bien plus que d’autres politiques plus coûteuses mais sensées.

Graphique montrant que les conservateurs se sont complètement détachés du public britannique sur l'économie et sont en décalage même avec leurs propres électeurs

Entre les interventions de la Banque d’Angleterre et la possibilité d’une certaine modération avant la déclaration du Kwarteng en novembre, la crise économique pourrait s’atténuer quelque peu. Mais les dommages à la réputation du Royaume-Uni et à celle du parti conservateur sont peut-être déjà faits.

Sur la même échelle économique où le gouvernement de Truss obtient désormais un 9,4, l’électeur britannique moyen se positionne à 3,1 et le conservateur moyen à 4,2. Les conservateurs ont tracé une route jusqu’au bord de la carte économique, et lorsqu’ils scrutent l’horizon, il n’y a personne en vue.

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