Les conseils du psychothérapeute pour parler du conflit aux plus petits et les aider à interpréter ce qui se passe


Let des images à la télé, des voix à la radio, des discours d’adultes dans le parc : entrer en contact avec des informations sur le conflit en Ukraine est inévitable, même quand on est jeune. Expliquer la guerre aux enfants sans les alarmer mais en leur permettant de comprendre quelque chose c’est donc une tâche que chaque parent doit percevoir comme primordiale.

Ne dites pas « Tais-toi » si ta voix tremble

« Considère que les enfants attrapent même lorsqu’ils semblent distraits. Peut-être pas les mots, ou pas tous, mais le ton de la voix et tous les éléments non verbaux de la communication ils les touchent », explique Milena Spera, psychothérapeute, spécialiste en psychologie du cycle de vie, hypnothérapeute.

Milena Spera, Psychothérapeute Spécialiste en Psychologie du Cycle de Vie – Hypnothérapeute.

C’est vrai, tout d’abord, « pour ce qu’un parent dit et ne dit pas : s’il dit « ne t’inquiète pas » mais que sa voix et ses gestes montrent de l’anxiété, l’enfant comprend l’anxiété. En effet, encore pire. En plus de l’anxiété, il comprend que le parent n’est pas cohérent ». Verbal et non verbal doivent correspondre si nous essayons d’expliquer la guerre aux enfants mais en général quand nous nous adressons à eux.

Le drame des réfugiés fuyant l'Ukraine : l'alarme du Programme alimentaire mondial

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Jamais seul devant la télé

Mais le concept s’applique également aux reportages sur la guerre en Ukraine. « Les enfants, même s’ils ont déjà été en contact avec la violence à travers les films et les jeux vidéo, ressentent le climat particulier qui règne à la télévision et à la radio ces jours-ci et ils en ressentent la gravité, qu’ils soient en âge de comprendre les mots ou non », explique l’expert. À cause de ce il est important qu’ils ne soient pas immergés dans un flux continu d’informations mais que, s’ils sont devant la télévision, il y ait toujours un adulte avec eux pour les aider à interpréter.

Pour les plus petits, le « jeu » de la guerre

Chaque âge, bien sûr, a ses limites. Mais le conseil de créer un espace et un temps de réflexion s’applique à tous : un moment où stimuler les enfants avec des questions et attendre les leurs. Dans le cas des plus petits cet espace peut être ludique : des dessins, des contes mais aussi des jeux peuvent aider à expliquer la guerre aux enfants. « Par exemple, et c’est un outil largement utilisé en psychothérapie, on peut mettre en scène une histoire dans laquelle leurs marionnettes ou leurs petites voitures sont les protagonistes, une histoire dans laquelle on se dispute et on essaie de faire la paix, bien sûr. »

Pourquoi la guerre en Ukraine ?  Un dessin animé endoctrine les enfants russes sur les raisons de l'invasion

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Créer un espace pour en parler, toujours ouvert

Pour les enfants plus âgés, vous pouvez essayer de donner une explication aussi simple que possible de ce qui se passe, toujours en termes de querelle, de colère, de désir de défense, se référant aux épisodes qu’ils ont vécus (« Vous souvenez-vous de cette fois où … vous étiez en colère mais ensuite le professeur est venu et vous a fait faire la paix »). Demandez à l’enfant ce qu’il pense de ce qu’il a entendu, de vous ou des autres. ET s’il ne vous répond pas, ce n’est pas grave, il saura qu’il peut vous le dire ou vous poser des questions quand il en ressent l’envie ou le besoin.

Des livres qui aident à expliquer la guerre aux enfants

Les livres peuvent être très utiles, à partir de 3/4 ans. Comme ceux proposés par Giulia Giordano, enseignante de maternellequi gère le blog « Arbre ailé», Dédié aux propositions éducatives et de lecture pour les enfants et les adolescents.

Pour la gamme 3-6 ans
– Elzbieta, Flon Flon et musetteARE (2004)
– E. Battut, GuerreVille ouverte (2004)
– M. Terzagli et M. Zurcher, Ina, la fourmi de l’alphabetARE (2001)

Gamme 6-9 ans
– G. Rodari, La guerre des clochesEL (2004)
– Claude K. Dubois, Akim courtBabalibri (2014)
– P. Van Hest, malade. Aron Dijkstra, Imaginez… la guerreClavis (2017)

Gamme 9-12 ans
– M. Morpurgo, malade. M. Lafirenze, je crois aux licornesRizoli (2010)
– D. Cali et B. Serge, L’ennemi. Une fable contre la guerreTerres du Milieu (2015)
– J. Teller, malade. HV Jensen, Imaginez que vous êtes en guerreFeltrinelli (2014)

Que pouvons-nous faire

« Aborder des sujets comme la guerre et la paix peut être l’occasion d’un moment pédagogique important », poursuit la psychothérapeute : « Cela signifie travailler sur des sujets comme la compassion et la proximité ». Il peut être utile et agréable d’avoir l’idée que même lui, l’enfant, à sa petite manière peut faire quelque chose et l’inviter à un geste pratique: un dessin, une pancarte à apporter à la manifestation, un sac de vêtements ou des jeux à donner aux réfugiés du même âge.

Tu as peur? Tu as raison

Autre conseil fondamental, là-dessus comme en toutes occasions : « Valorisez toujours les émotions des enfants : colère, peur, tristesse. Faites-lui comprendre que son émotion a un sens, que c’est normal, que vous la comprenez et, effectivement, profitez-en pour lui communiquer, éventuellement, que vous aussi ressentez la même émotion.« . Une petite astuce pour les mamans très inquiètes qui ont du mal à l’empêcher de fuir : avouez-le mais trouvez une touche d’espoir à la morosité ambiante. « Je propose que si l’un des parents est plus anxieux, que l’autre explique la guerre aux enfants : il est important de les aider à interpréter ce qu’ils ressentent mais en minimisant la quantité de détresse. Essayez de véhiculer votre présence, toujours à leurs côtés ».

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