Les compagnies maritimes évitent la mer Rouge après les attaques contre des porte-conteneurs par les Houthis yéménites


La guerre dévastatrice dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas menace désormais également de perturber le commerce mondial. Après au moins dix attaques par les Houthis yéménites sur les navires de passage en l’espace de deux mois, certaines des plus grandes compagnies maritimes de conteneurs au monde ont annoncé ces derniers jours qu’elles éviteraient la route de la mer Rouge et du canal de Suez jusqu’à nouvel ordre.

Cela signifie que leurs navires pourraient devoir parcourir des milliers de kilomètres supplémentaires via le cap de Bonne-Espérance. Environ trente pour cent du transport international de conteneurs et une grande partie du trafic de pétroliers transitent généralement par le canal de Suez et la mer Rouge. La crise dans la région arrive à un moment critique, car le canal de Panama est également capable de gérer moins de trafic que d’habitude en raison des pénuries d’eau causées par la sécheresse.

Également lancé samedi les Houthis, qui veulent exprimer leur solidarité avec le Hamas, utilisent à nouveau de nombreux drones. Ils ont indiqué qu’ils visaient la station balnéaire israélienne d’Eilat. Un navire de la marine américaine patrouillant en mer Rouge a abattu quatorze drones le même jour. Un navire de la marine britannique en a abattu un qui aurait visé un cargo. En outre, l’Égypte a également déclaré avoir abattu un « objet volant ». Les Houthis affirment que leurs attaques ciblent uniquement les navires liés à Israël.

Pendant ce temps, les États-Unis tentent une puissance internationale « la plus large possible » pour assurer le libre passage des marchandises. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, qui espère persuader Israël de recourir moins à la force meurtrière dans la bande de Gaza, devrait également tenir des consultations sur cette question avec d’autres États de la région dans les prochains jours. Des contacts ont également déjà été établis avec la Chine. La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a déclaré dimanche en Israël que les actions des Houthis « ne peuvent rester sans réponse ».

Rue de Bab el-Mandeb

Vendredi, un porte-conteneurs de la compagnie maritime allemande Hapag-Lloyd aattaques dans la rue de Bab el-Mandeb au Yémen. Un conteneur est tombé par-dessus bord et un incendie s’est déclaré. La veille, un bateau du danois Maersk avait été attaqué. Les deux compagnies ont alors annoncé qu’elles n’enverraient plus de navires sur cette route pour le moment. Egalement l’italo-suisse MSC et le français CMA CGMa pris la même décision.

Il ne sera pas facile pour les États-Unis et Israël de former une alliance maritime. Bien que les navires militaires des deux pays soient déjà actifs en mer Rouge, les Houthis n’ont jusqu’à présent pas été inquiétés par cette situation. Les deux États les plus importants riverains de la mer Rouge, l’Arabie Saoudite et l’Égypte, ont également chacun avec ses propres raisons de ne pas rejoindre trop rapidement une telle flotte sous direction américaine.

Environ trente pour cent du transport international de conteneurs et une grande partie du trafic de pétroliers transitent généralement par le canal de Suez et la mer Rouge.

L’Arabie saoudite est en guerre contre les Houthis, qui contrôlent la majeure partie du Yémen, depuis 2015. Ce conflit a dégénéré en une guerre coûteuse que l’Arabie Saoudite ne semble plus en mesure de gagner. C’est pourquoi le prince héritier Mohammed ben Salmane (MbS) vise désormais un accord de paix. Une trêve fragile entre les deux parties a déjà conduit les Houthis à ne plus tirer leurs redoutables missiles sur des cibles en Arabie Saoudite.

Le prince héritier préfère ne pas compromettre inutilement ces progrès. Par ailleurs, l’Arabie saoudite a repris depuis ce printemps ses relations diplomatiques avec l’Iran, principal allié des Houthis. Cela pourrait également mettre en péril ce rapprochement.

Lire aussi
Les Houthis profitent de la guerre à Gaza pour renforcer leur propre position

Le président égyptien Sissi n’est pas non plus désireux de rejoindre les Américains et Israël. Bien qu’il salue secrètement le règlement entre Israël et le Hamas, il sait que le Hamas et les Palestiniens peuvent actuellement compter sur une grande sympathie parmi de nombreux Egyptiens. C’est pourquoi Sissi préfère ne pas soutenir ouvertement une telle alliance contre les Houthis. Mais il doit agir avec prudence, car le canal de Suez est une source vitale de revenus que l’économie égyptienne, déjà en difficulté, ne peut se permettre de manquer.

Une force d’intervention purement occidentale en mer Rouge n’est pas une perspective attrayante pour Washington. Cela sent le colonialisme. L’Iran, quant à lui, observe de loin avec satisfaction son allié embarrasser de plus en plus son ennemi juré, Israël et les États-Unis.



Liste de lecture





ttn-fr-33