Les chefs de l’Otan et de la Commission européenne ont visité vendredi le plus grand champ gazier de Norvège dans une démonstration de force destinée à souligner leur détermination à protéger les infrastructures énergétiques cruciales contre d’éventuels sabotages.
Des navires de guerre et des avions de l’Otan patrouillaient alors que Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’alliance, et Ursula von der Leyen, la présidente de la commission, arrivaient sur la plate-forme Troll, qui fournit environ 10 % des besoins en gaz de l’Europe.
« Puisque ces installations sont si vitales, elles sont aussi si vulnérables », a déclaré Stoltenberg alors que des navires du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Espagne et du Portugal se déplaçaient derrière lui.
Les responsables occidentaux sont de plus en plus préoccupés par la protection des infrastructures critiques – y compris Internet et les communications ainsi que le pétrole et le gaz – après que des explosions inexpliquées ont détruit trois des quatre gazoducs Nord Steam qui relient la Russie et l’Allemagne et que des drones ont été observés près des plates-formes de la mer du Nord en septembre dernier.
L’UE et l’Otan ont lancé jeudi un nouveau groupe de travail pour protéger les infrastructures critiques alors que le sujet est en tête de l’agenda des décideurs politiques en matière d’énergie et de sécurité.
Stoltenberg a reconnu qu’avec 8 000 km de gazoducs et de câbles dans les seules eaux norvégiennes « nous ne pouvons pas protéger chaque mètre de cette infrastructure à chaque fois ».
Cependant, l’augmentation des patrouilles et des exercices militaires à proximité des infrastructures critiques, ainsi que le partage d’informations supplémentaires entre les alliés de l’OTAN, auraient un effet dissuasif, a-t-il soutenu.
Les ministres norvégiens, qui ont remplacé la Russie en tant que plus grand fournisseur de gaz de l’Europe après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par Moscou l’année dernière, se disent plus préoccupés par d’éventuelles cyberattaques que par un acte de sabotage spectaculaire.
« C’est une partie essentielle de la Norvège. Il illustre le partenariat énergétique et le partenariat de sécurité entre l’Europe et la Norvège », a déclaré le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre sur la plateforme Troll.
Von der Leyen a salué le soutien de la Norvège pour augmenter la production de gaz d’environ 10 % afin d’aider l’Europe à passer l’hiver. Mais elle a déclaré que le gaz faisait partie de la « transition » énergétique et que les énergies renouvelables seraient l’avenir.
La Norvège tient à se positionner comme le fournisseur démocratique de choix pour le pétrole et le gaz et à obtenir des engagements par le biais de contrats à long terme pour la poursuite de la production sur son plateau continental.
Anders Opedal, directeur général d’Equinor, le groupe pétrolier contrôlé par l’État norvégien qui exploite Troll, a déclaré que le champ gazier produirait au-delà de 2050, date cible de l’UE pour atteindre zéro émission nette de carbone.
Mais il a déclaré qu’Equinor espérait installer des parcs éoliens offshore et réinjecter du carbone dans les fonds marins près de Troll alors que la Norvège investissait dans les technologies vertes.