Les autorités fiscales peuvent enfreindre la loi lors de perquisitions domiciliaires : des éléments obtenus illégalement peuvent servir de preuve

Si le fisc enfreint la loi pour obtenir la preuve d’une fraude fiscale, par exemple en perquisitionnant des chambres privées sans autorisation préalable du juge de police, il peut néanmoins s’en servir pour infliger une majoration d’impôt ou une amende au contribuable. Cela ressort d’un nouvel arrêt de la Cour de cassation.

Les agents des impôts sont autorisés à se présenter à tous les bureaux et lieux de travail pendant les heures de travail pour vérifier les activités professionnelles. Ils peuvent également examiner tous les livres et registres qui se trouvent dans les salles de classe.

Le législateur est plus strict pour les habitations privées. Ici, les agents des impôts ne sont autorisés à perquisitionner les locaux entre 5 heures et 21 heures qu’avec l’autorisation du juge de police. Dans le cas des logements à usage mixte privé/professionnel, en revanche, l’activité professionnelle peut avoir lieu dans l’ensemble du logement et le fisc peut donc perquisitionner toutes les pièces.

La Cour de cassation s’est prononcée la semaine dernière sur une perquisition du domicile par l’Inspection spéciale des impôts en 2013. Des chambres privées ont également été perquisitionnées et des documents ont été saisis avec l’autorisation de la police judiciaire. Néanmoins, après un procès en première instance, les contribuables ont obtenu qu’une partie des documents saisis soit restituée. La cour d’appel est ensuite allée plus loin et a déclaré que l’administration fiscale ne pouvait pas utiliser les données trouvées et/ou copiées lors des visites de domiciles privés ou de locaux habités. Rien n’indique que les contribuables aient eu connaissance au préalable de l’autorisation et donc de la possibilité de s’opposer à la visite.


Devis

Le fait que des preuves aient été obtenues illégalement n’empêche pas qu’elles soient possibles
sont utilisés. La question posée au tribunal est de savoir si le droit du contribuable à un procès équitable a été compromis.

Cependant, la Cour de cassation n’est pas d’accord avec cela. Le fait que des éléments de preuve ont été obtenus de manière illégale n’empêche pas leur utilisation. Ce n’est pas parce qu’une erreur s’est produite que toute l’enquête est nulle et non avenue. Il s’agit ici de déterminer si l’événement porte atteinte au droit du contribuable à un procès équitable. Et cela ne s’est pas produit. Par conséquent, la cassation casse l’arrêt de la cour d’appel et l’affaire doit être de nouveau soumise devant une autre juridiction.

Restauration légale

« Il y a des arguments pour conclure qu’une erreur dans une enquête ne doit pas toujours conduire immédiatement à sa destruction complète », explique le professeur de droit fiscal Michel Maus. « Mais vous restez avec le fait que le fisc peut violer la loi sans qu’il y ait aucune forme de recours pour le contribuable, alors que ses droits ont néanmoins été affectés. Ceci est organisé aux Pays-Bas. Une enquête n’est pas non plus immédiatement annulée à la première erreur, mais l’audité bénéficie d’une remise en cas d’éventuelle amende. Nous devrions également pouvoir avoir un débat social en Belgique sur ce qui devrait se passer si les autorités fiscales enfreignent la loi et que les preuves obtenues illégalement ne sont pas détruites.

Incidemment, le schéma peut également fonctionner dans le cas contraire. Maus : « Vous n’êtes pas autorisé à enregistrer des conversations sans autorisation, mais supposons que cela se soit produit de toute façon. Dans ce cas, un juge peut toujours décider que la preuve est effectivement prise en compte.

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