« Les applications qui dégagent la joie de vivre me réconfortent tellement »

Même si Caroline Griep et sa fille Pleun sont souvent encore si tristes, elles parviennent heureusement à insuffler l’humour et l’air dont elles ont tant besoin dans leur quotidien.

« Bonjour chère Berthyl. Si triste. Je ne ris plus jamais aussi fort avec quelqu’un qu’avec toi. Avec ces mots, j’ai dit au revoir à ma petite amie à la fin de 2010. Tristesse et rire. Une vie qui s’est terminée tragiquement. D’une femme avec qui j’ai eu un plaisir rare. Même après toutes ces années, elle apparaît toujours dans mes rêves avec une blague forte.

Plaisir et tristesse. Inséparable.

Lorsque je suis tombée malade pour la première fois en 2015, Pleun venait tout juste de commencer sa dernière année. Parlez de mauvais timing. « Je ne sais pas comment gérer ça, maman », a-t-elle dit un après-midi après l’école, « que puis-je faire pour toi? » Rien, pensai-je. Ou, attendez une minute, ça l’est. Deux choses : « Tu peux m’aider en faisant de ton mieux à l’école. Deuxièmement, je pense qu’il est important que vous vous amusiez le plus possible.

Plaisir et tristesse. Ça a marché.

Il y a trois ans, le cancer est revenu. Pour de bon. Juste aucune idée de combien de temps. Pleun a 22 ans à l’époque, je suis surtout furieuse de ne pas avoir envie que mon enfant à son âge porte ce lourd bagage pendant des années. Pourquoi n’est-ce pas simplement sur la liste des obstacles qu’une maman de curling expérimentée peut éliminer pour elle ?

Tristesse et plaisir. Comment cela devrait-il être fait?

Mon instinct maternel veut l’accabler le moins possible, mais je comprends aussi que ce n’est pas possible. Après beaucoup d’inquiétude et de culpabilité, les conversations à l’AVL et avec ma sœur Mar, qui est thérapeute du deuil, m’ouvrent les yeux. Vraiment pas bien, c’est désormais plus ou moins s’attendre à ce que Pleun vive sa vie prise et est toujours occupé avec moi. Logiquement. Et heureusement, nous ne sommes pas comme ça tous les deux. L’autre extrême est que plus tard elle sera gênée par les choses qu’elle ne fait pas maintenant : les regrets si-j’avais-plus-de-temps. Cela peut rester douloureusement gênant toute une vie.

C’est mon boulot de trouver le juste milieu. Jusqu’au début du mois de mars, donc, notre accord était : si c’est vraiment nécessaire, je vous appellerai. Alors tu dois être là pour moi. De plus, c’est toujours agréable de demander comment ça va, mais surtout mener sa propre vie et s’amuser, après tout on ne sait pas à quoi s’attendre.

Tristesse et plaisir.

Entre-temps, les contours de notre grande douleur sont devenus très clairs. Lorsque Pleun travaille avec son ordinateur portable à la table à manger dans ma chambre et que je la regarde depuis mon lit, notre tristesse est parfois presque tangible dans la pièce. Surtout au début à l’hospice, ça faisait presque physiquement mal d’être ensemble comme ça. Son visage, le désespoir, les larmes dans ses yeux.

C’était insoutenable. Cela ne nous convient pas non plus. Nous serons aussi si tristes; nous devons pomper de l’air ici et là. Le rire est notre bouée de sauvetage, reliant les belles blagues. C’est pourquoi, en plus de tout ce que nous devons gérer, nous nous concentrons sur l’apprentissage d’une autre leçon de vie très importante : même lorsque vous êtes très triste, vous pouvez vous amuser et rire. S’il vous plaît même. C’est bien de faire des choses amusantes et de les partager les uns avec les autres.

Alors Pleun m’envoie chaque jour des applications pleines de joie de vivre. Ce qu’elle mange, une chemise neuve, des câlins, une danse radieuse avec Robin, une belle chanson lors d’un concert, un film hilarant. Et je me rends compte qu’il y a peu de choses qui me réconfortent plus que cela.

Plaisir et tristesse. Tristesse et plaisir.

Caroline Griep (58 ans) est journaliste indépendante et sait depuis l’été 2020 qu’elle est atteinte d’un cancer du sein métastatique. Elle vit maintenant dans un hospice à Amsterdam, avec sa fille Pleun (24 ans) qui partage également son histoire sur Libelle.nl, et son chien Ceesje (8 ans) toujours à ses côtés. Amoureusement entouré par la sœur Marjolein et sa famille et ses amis contre vents et marées. Elle blogue sur sa vie et sa fin prochaine.



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