Les agriculteurs français s’engagent à poursuivre leurs protestations malgré les concessions d’Attal


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Les agriculteurs français se sont engagés à bloquer Paris et à poursuivre les protestations nationales malgré les concessions proposées par le Premier ministre Gabriel Attal, telles que la suppression d’une impopulaire augmentation de la taxe sur le diesel.

« Nous avons pris la décision de poursuivre le mouvement », a déclaré à la chaîne d’information TF1 Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, le plus grand syndicat agricole de France. Il a ajouté que le Premier ministre n’avait pas fait assez pour calmer la colère des agriculteurs. « Le gouvernement doit aller plus loin », a-t-il déclaré.

Les manifestations en France, le plus grand producteur agricole de l’UE et l’un des principaux bénéficiaires des subventions de la Politique agricole commune du bloc, font suite à des manifestations similaires en Allemagne, en Italie, en Pologne et en Roumanie ces dernières semaines.

Les agriculteurs ont exprimé leur colère face à la baisse des revenus, à la hausse des coûts et aux réglementations strictes, notamment la stratégie européenne « de la ferme à la table », qui vise à réduire l’utilisation de pesticides et à imposer de nouvelles règles prenant en compte le changement climatique et la biodiversité dans les pratiques agricoles.

Les manifestations d’une semaine en France ont attiré plus de 70 000 personnes vendredi, selon les syndicats, avec des milliers de tracteurs formant de longs convois et emboutissant la circulation sur les autoroutes de Toulouse à Lille.

C’est le premier grand test pour Attal, qui est devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre du pays au début du mois, après une période tumultueuse marquée par des batailles parlementaires sur l’immigration et la réforme des retraites. Loyaliste choisi par le président Emmanuel Macron pour son sens médiatique et sa capacité à contrer les opposants politiques, Attal cherche désormais à désamorcer le soulèvement paysan malgré son peu d’expérience des questions rurales.

Les agriculteurs jouissent d’une grande popularité en France, les sondages montrant que 89 pour cent du public soutiennent leur protestation. L’extrême droite, dirigée par Marine Le Pen, tente d’exploiter la colère des agriculteurs à l’approche des élections parlementaires européennes de juin.

Vendredi, Attal s’est rendu dans une ferme à Montastruc-de-Salies, dans le sud-ouest de la France, pour annoncer des changements de politique, notamment un paiement plus rapide des fonds d’urgence, la suppression des formalités administratives et la répression des entreprises alimentaires et des détaillants qui ne respectent pas les lois sur la négociation équitable des prix payés. aux agriculteurs.

Vêtu d’un costume-cravate noir avec ses notes de discours sur une botte de foin, Attal a juré de « mettre l’agriculture avant tout » et a ajouté : « Sans nos agriculteurs, nous ne sommes plus la France, et nous ne sommes plus un pays. »

Attal a également réitéré l’opposition antérieure de Macron à l’accord commercial du Mercosur en cours de négociation entre l’UE et les pays d’Amérique du Sud, qui, selon les agriculteurs, conduirait à une concurrence déloyale parce que les producteurs de ce pays ne sont pas tenus aux mêmes normes environnementales ni aux mêmes interdictions de pesticides.

Paris a également signalé samedi que davantage serait fait pour les agriculteurs, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau ayant déclaré à la chaîne France Info que « des mesures supplémentaires seraient prises », comme le soutien aux vignerons.

Certains barrages ont été levés samedi, dont le premier d’envergure près de Toulouse, mais d’autres étaient toujours en place.

Pierrick Horel, leader du syndicat des Jeunes Agriculteurs, a déclaré qu’une douzaine de barricades que les agriculteurs avaient érigées sur les routes menant à Paris seraient supprimées samedi pour permettre au syndicat de se regrouper et de se préparer à un blocus plus large de la capitale.

« L’idée est qu’il n’y a pas de camions capables d’approvisionner la capitale. . . donc les pénuries peuvent se faire sentir », a déclaré Horel sur BFMTV. « Il faut faire comprendre aux Parisiens qu’ils ont besoin d’agriculteurs pour vivre et que la capitale n’est pas autosuffisante, ce que le Premier ministre semble avoir oublié. »



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