Les agriculteurs allemands proches de la frontière ne l’accepteront plus. « La suppression de la taxe sur le diesel est la paille d’eau bien connue »

Quiconque veut « goûter » à la grande colère des agriculteurs allemands n’a pas besoin de traverser très loin la frontière. A Bunderneuland, un hameau proche de Bunde, le mécontentement est énorme.

Cornelis Vermue est originaire de Zélande et vit dans une ferme à Bunderneuland, juste de l’autre côté de la frontière avec Bad Nieuweschans. Il y a des décennies, il s’est installé ici pour gagner son argent en tant qu’agriculteur. L’entreprise est désormais reprise par son fils Michel, trente ans. « Mais ma femme et moi vivons toujours ici, Michel habite un peu plus loin », précise Cornelis.

Wymeer et Heinitzpolder

Ce mercredi matin, il est assis à la grande table de la cuisine de la ferme et est entouré de son fils et de sa femme, de l’éleveur Gerhard Berends de Wymeer un peu plus loin et d’Arno Freesemann qui possède également sa ferme arable à proximité dans le Heinitzpolder et élève des porcs.

Ils se sont réunis ici pour exprimer une fois de plus leur colère, pour revenir sur les jours mouvementés passés. Journées au cours desquelles les agriculteurs ont manifesté et participé à des actions dans toute l’Allemagne, y compris à la frontière avec Groningue. Par exemple, la frontière de Ter Apel a été bloquée.

« Ce blocus est l’œuvre de nos collègues. Nous avons organisé une manifestation ici, dans la ville de Leer », explique l’éleveur Berends. « Pour faire comprendre que nous ne le tolérerons plus. »

21 centimes d’euro le litre

La raison directe de cette colère est l’intention du gouvernement allemand de supprimer les taxes sur l’utilisation du diesel. « Les agriculteurs reçoivent actuellement un remboursement de 21 centimes d’euro par litre de diesel que nous utilisons pour nos activités commerciales », poursuit Berends. « Mais le gouvernement souhaite supprimer cette redevance sur une période de trois ans. Je perds six mille euros comme ça. »

Michel Vermue subirait une perte de huit mille euros par an, l’agriculteur des polders Freesemann même une perte de douze mille. Une somme que Freesemann ne peut tout simplement pas emporter ailleurs et qui ne fait qu’augmenter sa colère. Une colère qui n’a fait que grandir ces dernières années. Freesemann parle des réglementations de plus en plus strictes, des règles sur l’azote auxquelles les agriculteurs allemands étaient également confrontés et doivent encore faire face, des milliards promis pour aider les agriculteurs, par exemple, à passer à une ferme biologique.

« Nous nous unissons tous maintenant »

« Mais ce soutien n’a rien donné », déclare Freesemann. «Ce projet de suppression de la redevance sur le diesel est la goutte d’eau bien connue. Cela affecte tous les agriculteurs, c’est pourquoi nous avons maintenant cette grande vague de protestation. Nous travaillons désormais tous ensemble, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Et oui, nous obtenons également de la compréhension des autres citoyens. »

Cette protestation massive, qui va se poursuivre dans les prochains jours, leur redonne un peu d’espoir. « J’aimerais voir les gens du gouvernement se ressaisir et reconsidérer leur décision », déclare Berends. « Ou un autre gouvernement, ce serait aussi bien. »

Entre espoir et peur

Berends a un fils qui veut lui succéder, Freesemann est dans la même situation. Forts de ces connaissances, ils accomplissent leur travail au quotidien et sont et restent prêts à agir. Mais ils vivent aussi entre espoir et peur. Ils seront peut-être encore en mesure de supporter la perte du remboursement du diesel, mais quelles autres réductions et réglementations strictes sont à venir ?

« En fin de compte, il n’y aura que des perdants, car les consommateurs devront également payer plus cher les produits agricoles en raison des coupes budgétaires », estime Cornelis Vermue. « Et la tendance selon laquelle les petites exploitations familiales doivent s’arrêter et ne conserver que les grandes entreprises agricoles se poursuivra également. Il y a des décennies, nous avions ici beaucoup plus d’agriculteurs qu’aujourd’hui. Les villages finiront par mourir de cette façon. »

Diesel rouge

De ce côté-ci de la frontière, Pieter Dinkla comprend parfaitement la colère des agriculteurs allemands. Dinkla est un agriculteur à Bellingwolde. « Nous n’avons pas cette compensation pour le diesel aux Pays-Bas. Ici, les agriculteurs pouvaient autrefois obtenir du diesel moins cher, appelé diesel rouge, mais cela a été aboli il y a longtemps. Le diesel et l’essence sont à notre charge. Je comprends donc très bien cette colère. Ces réglementations de plus en plus strictes pèsent également lourdement sur nous, agriculteurs néerlandais. Et regardez la loi sur la restauration de la nature de Timmermans, qui a des conséquences pour tous les agriculteurs européens. C’est en fait remarquable que ce soit toujours aussi calme ici. »



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