Débloquez gratuitement l’Editor’s Digest

Les actions du conglomérat allemand Bayer, qui vend des pilules et des herbicides, ont bondi de 11% vendredi après que le groupe a remporté une victoire clé devant une cour d’appel américaine concernant l’étiquetage de son herbicide Roundup, prétendument cancérigène.

Une cour d’appel de Philadelphie a statué jeudi que Bayer n’avait pas violé la loi de l’État américain en omettant d’ajouter un avertissement relatif au cancer sur ses produits Roundup, qui utilisent le glyphosate comme ingrédient actif.

Depuis 2018, Bayer est empêtré dans des batailles juridiques complexes et coûteuses au sujet du désherbant, combattant des affaires dans plusieurs États américains.

Le groupe de Leverkusen, impliqué dans le litige sur le glyphosate à la suite de son rachat de son concurrent américain Monsanto pour 63 milliards de dollars en 2016, doit faire face à des demandes de dommages et intérêts de la part de milliers de citoyens américains qui accusent le Roundup de leur avoir donné le cancer et accusent Bayer de ne pas avoir averti du risque. Le conglomérat allemand maintient que le produit est sans danger et affirme que les recherches scientifiques soutiennent ce point de vue.

La Cour d’appel du troisième circuit de Philadelphie a statué à l’unanimité jeudi que la réglementation fédérale remplaçait une loi de l’État de Pennsylvanie, ce qui signifie que Bayer n’avait pas besoin de placer un avertissement sur le pesticide.

Le verdict ouvre la porte à Bayer pour que la question juridique soit examinée par la Cour suprême des États-Unis, car elle est en contradiction avec les décisions précédentes rendues par d’autres cours d’appel fédérales.

Le tribunal a déclaré que la loi fédérale exigeait que les avertissements sanitaires sur les pesticides soient conformes à ceux exigés par la loi fédérale sur les insecticides, les fongicides et les rodenticides plutôt qu’à la loi de l’État.

La saga judiciaire a été déclenchée par des avis contradictoires de différentes autorités sur les effets cancérigènes potentiels du glyphosate. L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) maintient son évaluation selon laquelle le produit chimique ne présente « aucun risque préoccupant pour la santé humaine lorsque le glyphosate est utilisé conformément à son étiquette actuelle ». Mais en 2015, le Centre international de recherche sur le cancer a qualifié le glyphosate de « probablement cancérigène pour l’homme ».

En 2020, Bayer a conclu un accord à l’amiable de 10,9 milliards de dollars suite à une vague de poursuites liées au Roundup, et a mis de côté 4,5 milliards de dollars supplémentaires un an plus tard. Après avoir perdu plusieurs procès, ce qui a fortement fait chuter le cours de l’action, l’entreprise s’est lancée dans un effort de lobbying pour persuader les États américains d’adopter une législation qui réduirait de plusieurs milliards de dollars le passif et diminuerait la menace juridique liée à la saga des litiges.

L’action Bayer s’échangeait vendredi à 29,20 euros, après avoir gagné 11% en matinée. Le titre est toujours en baisse de plus de 40% sur les 12 derniers mois, ce qui lui confère une valorisation boursière de 29 milliards d’euros.

Bayer a déclaré dans un communiqué qu’il était « satisfait » de la dernière décision du tribunal, ajoutant que la décision a créé une « division de circuit entre les cours d’appel fédérales et nécessite un examen par la Cour suprême des États-Unis pour régler cette importante question de droit ».

Si la Cour suprême partageait l’avis de la cour d’appel de Philadelphie, Bayer serait hors de cause pour la majeure partie des dommages causés par le glyphosate, selon une personne familière du dossier.

La Cour suprême pourrait toutefois décider de ne pas examiner l’affaire. Les tentatives précédentes de la société pour obtenir une décision de la Cour suprême sur cette question ont été infructueuses.

Bayer a déclaré vendredi qu’il soutenait pleinement ses produits Roundup, affirmant que « le poids des preuves scientifiques et les conclusions des régulateurs experts du monde entier continuent de soutenir la sécurité des herbicides à base de glyphosate et qu’ils ne sont pas cancérigènes ».



ttn-fr-56