L’entretien technique avec Rosalía dont nous avions besoin


Dans le podcast ‘MOTOMAMI’, nous avons pleuré parce que Rosalía n’avait pas offert d’interview aux médias musicaux du pays. Elle, toujours deux longueurs d’avance, a fait mieux que parler à la presse musicale : accorder une interview à un musicien, Jaime Altozano.

En 2018, Jaime Altozano a effectué une analyse approfondie de « El Mal Querer », qui a reçu 7 millions de visites, commentée par Rosalía elle-même. Maintenant, le chanteur s’est assis avec lui pour analyser ‘MOTOMAMI’ dans toute sa complexité, un album qu’Altozano définit comme un « collage extrême ».

Le musicien et producteur donne en exemple les 4 mélodies de ‘HENTAI’, basées sur une idée de Frank Sinatra, mais avec une certaine cadence flamenca, expliquant comment il bénéficie de l’utilisation des mélismes ou comment des « mitrailleuses » ont été créées à partir de drums reggaeton dans toute sa sécheresse et sa rudesse. Altozano analyse en particulier comment Rosalía utilise sa voix, supprimant les hautes fréquences des instrumentaux, pour laisser sa voix au premier plan plusieurs fois sans effets, nue, comme elle apparaît sur la couverture de ‘MOTOMAMI’. Prenez ‘Candy’ comme exemple.

Il explique également comment la voix d’une fille dans « Bizcochito » a été promue à la recherche de l’innocence de l’enfance, ce qui a été réalisé en élevant le ton. Ou la manière dont les voix traitées par ‘DIABLO’ expriment les sentiments de leurs « haters ». Dans un moment délirant et horrifiant à parts égales, le montage d’Altozano utilise des bases de ‘MOTOMAMI’ opposées à ces tweets et opinions sur l’album si toxiques qu’on a vu dépasser toutes les limites de l’embarras des autres.

L’artiste, qui reconnaît qu’il y a beaucoup d’affirmation de soi sur l’album, par exemple sur ‘Bulerías’, commente : « Il y a des choses que je dis : « J’aurais aimé ne pas l’avoir vu ». Vous voulez vous couvrir les yeux. Être exposé dans une industrie comme celle-ci peut être agressif, très hostile. C’est pourquoi tout sur l’album sonne très sec. Je voulais transmettre l’hostilité aux valeurs musicales, à quel point ce milieu peut être agressif dans lequel je me suis soudain retrouvé ces deux dernières années». La chanteuse affirme qu’elle veut « être qui elle est avec fierté » et assure qu’elle porte toujours ses propres réseaux (sa sœur l’a traditionnellement aidée).

Jaime Altozano est d’accord avec nous sur le fait que ni ‘La Fame’ ni le désormais si réussi ‘Candy’ ne sont la chanson clé de l’album, mais plutôt ‘Saoko’. Le producteur explique que c’est celui qui rassemble toutes les techniques d’enregistrement innovantes qui ont été utilisées tout au long de ‘MOTOMAMI’ et déclare qu ‘«une chanson qui a de la batterie jazz, des côtelettes, n’a pas de refrain et n’utilise qu’un rythme de reggaeton de 40 secondes ne peut être commercial. Altozano assure que ‘Saoko’ est l’emblème de la transformation de Rosalía et établit une « norme dans la manière de composer » dont il apprend beaucoup.

Rosalía, qui affirme avoir vraiment apprécié cette interview pour parler de musique, puisque dans les interviews on lui demande souvent d’autres choses, confirme que le ‘Yeezus’ de Kanye West a eu une influence monumentale dans le développement de cet album, comme on peut le voir dans les différents collages.

La chanteuse indique qu’après ‘Los Ángeles’ et ‘El mal Querer’ elle voulait faire quelque chose de plus fun : « D’autres projets ont un ton très solennel, c’étaient des thèmes comme « attends, je vais m’asseoir ». Il n’y avait pas de place pour l’humour. » Cette fois, il voulait faire quelque chose de différent, sur l’album qu’Altozano comprend aussi comme le plus personnel de sa carrière, puisque les deux autres racontaient des histoires des autres. Chose sur laquelle elle s’accorde : « Je parle d’ici et maintenant dans ces 3 ans. Il a beaucoup de journal intime. En dessous de ces lignes, nous vous laissons avec l’interview éditée par Altozano avec ses explications séparées et aussi avec l’interview complète.



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