L’entretien avec la jeune écrivaine napolitaine d’ascendance africaine qui a enfermé son histoire extraordinaire, entre deux mères et deux cultures, dans le livre "Au revoir à demain"


Maligner des mots, à l’adolescence, représentait un bouclier derrière lequel cacher ses insécurités, mais aujourd’hui, pour Sabrina Efionay, Afro-descendante napolitaine de 22 ansl’écriture est devenue un outil pour prendre conscience et se révéler dans le livre autobiographique « Au revoir à demain ».

Sabrina Efionay Crédits @Roberto Salomone

Les racines du livre

Approchant le monde de la fiction italienne avec le pseudonyme Sabrynex pour se livrer à des moments de loisir du chaos qu’elle portait sur sa peau, dans la dernière période, elle a décidé de transformer les marques indélébiles de son existence en une opportunité de vengeance.

« Ces dernières années, j’ai développé l’idée d’écrire ce livre: quand je suis devenu majeur, je me sentais moins obligé de maintenir cette relation fluctuante avec ma mère biologique. J’ai commencé un voyage aussi long que douloureux qui m’a amené à fouiller dans les tiroirs de ma mémoire pour trouver ma vérité » raconte Sabrina, fille de Gladys, une Nigériane arrivée en Italie chargée de rêves brisés par l’obligation de mettre son corps en vente.

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Enfance entre deux mères et deux cultures

Elle se souvient très peu, Sabrina, de son enfance dans la maison aux volets rouges, à Castel Volturno, où ce qu’elle pensait être une mauvaise amie de sa mère, était en réalité Madame Joy, celle qui la forçait à satisfaire des hommes avides.

« On était tous en admiration devant lui, quand il entrait dans une pièce il faisait très froid » se souvient Sabrina qui, À seulement 11 jours, en face de cette maison de prison, il a trouvé un nid douillet dans lequel construire son avenir.

Gladys, en effet, dès sa naissance, l’a confiée à Antonietta, une voisine aimante qui est devenue sa mère adoptive, avec qui elle vit encore aujourd’hui. « On se comprend d’un seul coup d’œil », raconte Sabrina, qui a grandi entre deux mères et deux cultures.

L’idéal d’une fille jamais réalisé

Qui aime maman deux femmes qui, même si elles représentent deux mondes opposés, ne se sont jamais superposées. « Je reconnais que ma mère Gladys pour me mettre au monde a été privée de dignité lorsque ses clientes ont compris qu’elle était enceinte, d’amour et d’espoir dans les autres, cependant Je crois que je n’ai jamais correspondu à son idéal de fille, en fait elle ne m’a jamais connudit-il, sans jamais vouloir en vouloir à sa mère.

« Quand j’avais 8 ans – se souvient-elle – j’ai commencé à passer 3 mois par an avec elle et j’ai dû apprendre à décider par moi-même : elle ne connaissait ni mes goûts ni mes habitudes. Pour lui faire plaisir, j’ai commencé à manger ses propres plats. Même, quoique agnostique, je faisais semblant de croire en son propre Dieu. Je n’étais pas la fille qu’elle voulait : même sur les photos, avec une application, elle m’a rendu plus mince et plus clair de peau ».

Au revoir, à demain de Sabrina Efionayi, Einaudi, 8,99 €

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Discrimination pour la peau noire

Cette peau trop noire pour être italienne, comme elle le sentait, mais imprégnée de trop « d’italianité » pour les parents africains, avec qui elle ne partageait pas la culture et les traditions, à l’école primaire c’était un trait distinctif qui la rendait spéciale, mais dans la sixième année le ‘il a forcé à faire face à la cruauté des yeux des autres.

« Ce que je pensais être un compliment s’est transformé en occasion de discrimination. Certains professeurs m’ont demandé si je préférais être appelé « noir », « métis » ou même « noir ». En ce moment, je dirais que je suis qui je suis et que je n’ai honte de rien. Je suis italienne et, enfin, je n’ai plus à renier mes origines africaines qui font partie de mon histoire », soupire-t-elle.

Défense des droits

Le moment exact où il s’est rendu compte que être noir n’est pas une honte c’était le 2 juin 2020, lors de l’événement « Black Lives Matter » en soutien à George Floyd.

« J’étais entouré de milliers de personnes, indistinctement, noires et blanches, qui se battaient pour une cause juste et commune. À ce moment-là, j’ai eu la preuve que nos vies comptent de la même manière. Être noir n’est pas une faute, mais un droit pour lequel se battre au quotidien» déclare le jeune écrivain qui, approfondissant des thèmes comme le racisme et le colorisme, a réussi à mettre de l’ordre parmi les différentes pièces d’un puzzle qui, jusqu’à récemment, ne trouvait pas la bonne pièce.

L’énigme de la vérité

Aujourd’hui, Sabrina, qui étudie les sciences politiques à l’Université Federico II de Naples, par l’écriture et son engagement à défendre ses droits, elle a réussi à faire amende honorable avec ses racines ainsi qu’avec le passé de sa mère découvert à l’âge de 11 ans.

«L’arrestation de la vôtre Madame lui a fait ressentir le besoin de me dire la vérité – rappelez-vous – Il n’a jamais utilisé le mot « prostituée », mais il m’a parlé d’une souffrance irrépressible que, à ce moment-là, je ressentais sur moi. Il n’y avait pas besoin de questions, j’ai tout compris et compris encore plus sa haine envers les hommes. Pendant un moment, j’ai eu peur que cela m’arrive un jour à moi aussi, en tant que noir, mais je n’en ai jamais parlé avec ma mère Antonietta, qui respectait mon silence, ni avec mes amis, à qui je me confiais quelques jours seulement avant la sortie de mon livre ».

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L’engagement à remuer les consciences

« Au revoir, à demain », ça il sera bientôt disponible en version podcast pour Chora Mediaen plus d’être le titre de l’œuvre littéraire avec laquelle Sabrina Efionay espère réussir attiser les consciences dans un pays encore en retard en matière de droits et d’inclusion, est aussi la phrase par laquelle il scelle son récit adressé à sa mère biologique, à qui il renoue timidement. Mais sa maison restera toujours mère Antonietta, où qu’elle soit.

iO Donna © REPRODUCTION RÉSERVÉE



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