Inséré dans le dépliant du programme du ballet Gisèle il y a une feuille supplémentaire avec le texte de l’hymne national ukrainien en trois exemplaires : en écriture ukrainienne, transcrit et traduit. Il n’est donc pas surprenant que la chanson héroïque soit chantée par l’ensemble de la distribution du United Ukrainian Ballet mardi soir après la représentation. Poitrine pleine, main sur le cœur, avec conviction.
Avec cet accord final, la jeune compagnie souligne une fois de plus la grande portée symbolique de cette première première officielle (néerlandaise). En quelques mois, à l’initiative de la danseuse Igone de Jongh et de Matthijs Bongertman de Senf Theaterpartners, un centre de formation a été créé à La Haye pour les danseurs ukrainiens réfugiés. Le Birmingham Royal Ballet a prêté gratuitement décors et costumes et le meilleur chorégraphe Alexei Ratmansky, qui a lui-même rompu tout lien avec la Russie après l’invasion de l’Ukraine, a adapté sa version du Bolchoï pour les très jeunes danseurs. Leur joie d’être de retour sur scène et, peut-être plus important encore, de pouvoir représenter leur pays se ressent jusqu’au sommet du Théâtre Carré.
Interventions dramatiques
Cet empressement (qui vaut une balle supplémentaire d’appréciation) rend la représentation du ballet bien connu sur la paysanne Giselle, originaire de 1841, trompée par un noble, agréable à regarder, bien qu’on puisse dire qu’il était nécessaire dans l’ensemble niveau. Mais cela est ici subordonné à la valeur symbolique. Pour les tomans de ballet, la chorégraphie et la direction de Ratmansky sont intéressantes à regarder. Pas tant les simplifications qu’il a introduites pour les Ukrainiens, mais surtout les interventions dramatiques qu’il a faites sur la base d’une recherche archivistique approfondie. En conséquence, sa version est plus proche de la version originale que beaucoup d’autres Giselle – probablement alors ; dans la tradition du ballet classique, tout est multi-interprétable.
Tout comme Rachel Beaujean, qui est la plus jeune Néerlandaise Gisèle mis en scène, Ratmansky rend hommage au mime de ballet classique étendu, partiellement lisible, dans le premier acte. Le XIXe siècle s’inscrit dans certaines danses féminines un peu comiquement aux yeux du XXIe siècle, mais dans le deuxième acte des découvertes peuvent être faites, par exemple une danse restaurée pour l’ensemble de l’esprit. La fin est belle. Souvent, le comte Albrecht reste inconsolable, mais ici le fantôme de Giselle, décédée d’un cœur brisé, indique à son amant trompeur le chemin de son avenir : il repose avec sa noble fiancée.
Lorsque Giselle (la dramatique Elizaveta Gogidze) et Albrecht (Alexis Tuttunique) se lèvent sous les applaudissements avec un drapeau ukrainien, le public sort de son rêve romantique pour donner une ovation tonitruante.
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