L’élan se renforce pour que la Suède rejoigne l’OTAN


L’élan se construit en Suède pour que le pays demande son adhésion à l’OTAN après que son journal le plus vendu ait approuvé cette décision et qu’un sondage d’opinion ait montré qu’un nombre record de Suédois soutenaient l’idée.

Le débat sur l’adhésion à l’alliance militaire occidentale à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été plus lent à s’enflammer en Suède qu’en Finlande voisine, où une candidature est attendue dans les prochaines semaines.

Le principal obstacle à l’adhésion de la Suède a été le parti social-démocrate au pouvoir, qui a longtemps été idéologiquement opposé à l’OTAN et attaché aux 200 ans de neutralité de la Suède.

Les analystes ont déclaré qu’il était donc très significatif qu’Aftonbladet, un tabloïd en partie détenu par le mouvement syndical et considéré comme le journal interne des sociaux-démocrates, ait publié mercredi un éditorial recommandant à la Suède de rejoindre l’OTAN.

Anders Lindberg, rédacteur politique au journal a indiqué qu’il avait changé d’avis « un peu à contrecœur ».

« Je ne vois pas vraiment comment la Suède et la Finlande pourront garantir notre sécurité en dehors de l’Otan alors que la Russie sera prête en 2022 à déclencher sans aucune provocation une guerre à grande échelle contre un pays voisin », a-t-il écrit dans l’éditorial.

Un sondage d’opinion, également publié dans Aftonbladet mercredi, a montré que 57% des Suédois étaient favorables à l’adhésion à l’OTAN et seulement 21% contre. Il est frappant de constater qu’il a trouvé pour la première fois une pluralité de sociaux-démocrates soutenant l’adhésion, avec 41 % pour et 25 % contre.

La Première ministre suédoise Magdalena Andersson (à gauche) accueille la Première ministre finlandaise Sanna Marin avant une réunion la semaine dernière à Stockholm sur l’opportunité de demander l’adhésion à l’OTAN © Paul Wennerholm/TT News Agency/AFP/Getty Images

Le parlement finlandais commencera mercredi à débattre de ses dispositions en matière de sécurité et tout indique que le pays nordique, qui a une frontière de 1 340 km avec la Russie, dépose une demande pour rejoindre l’OTAN dans les semaines à venir avant un sommet de juin de l’alliance militaire.

Si la Finlande va de l’avant, il y aura une faible majorité au parlement suédois en faveur de l’adhésion, car les démocrates nationalistes suédois ont déclaré qu’ils soutiendraient cette décision si Helsinki agissait en premier. Mais sans le soutien des sociaux-démocrates, qui sont arrivés premiers à toutes les élections suédoises depuis plus d’un siècle, une candidature à l’OTAN a longtemps été considérée comme impensable.

Le parti a entamé un débat interne sur l’adhésion à l’alliance militaire et devrait prendre une décision d’ici la fin mai. Les médias locaux ont cité des sources affirmant que la Première ministre Magdalena Andersson tient à ce que le parti soutienne l’adhésion, ce qu’elle a refusé de nier la semaine dernière.

L’invasion russe de l’Ukraine, non membre de l’Otan et voisine, a rapidement modifié la situation sécuritaire en Europe du Nord où la Finlande, en particulier, visait des relations cordiales avec Moscou.

Les pays de l’OTAN sont susceptibles de soutenir l’adhésion de la Finlande et de la Suède comme moyen de renforcer la sécurité dans la mer Baltique et de renforcer la défense de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. Mais les responsables d’Helsinki et de Stockholm regardent avec impatience les élections françaises du week-end au cours desquelles la candidate présidentielle de droite Marine Le Pen s’est engagée à retirer la France des structures militaires de l’OTAN.

La Suède a vanté sa capacité à rester en dehors des conflits armés pendant plus de deux siècles. Mais dans Aftonbladet, mercredi, Lindberg a écrit : « Je ne vois pas en quoi le fait d’être militairement non aligné est suffisant si la Russie agit comme elle le fait aujourd’hui contre une Ukraine également non alignée. Je ne pense pas que la Russie ait l’intention de s’arrêter là, donc la rhétorique russe doit être prise au sérieux.



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