L’EI revendique la responsabilité des explosions meurtrières en Iran


Débloquez gratuitement Editor’s Digest

Le groupe jihadiste Isis a revendiqué mercredi deux attentats à la bombe dans le sud de l’Iran qui ont tué près de 100 personnes, l’attaque la plus meurtrière en République islamique depuis des décennies.

Le communiqué, qui a été publié sur les chaînes Telegram affiliées à l’Etat islamique, affirmait que deux kamikazes nommés Omar al-Movahed et Seifollah Mujahed avaient tué des dizaines de musulmans chiites « polythéistes » dans les explosions.

Les dirigeants politiques iraniens ont promis de riposter contre les responsables des attaques, mais se sont abstenus de blâmer directement un groupe ou un pays.

La revendication de responsabilité pourrait contribuer à apaiser les craintes que ces attaques n’aggravent encore les tensions déjà élevées au Moyen-Orient, déclenchées par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et l’offensive ultérieure de l’État juif à Gaza.

Des personnes visitent les lieux de l'explosion d'une bombe mercredi dans la ville de Kerman
Les Iraniens ont réagi aux attaques de Kerman avec un mélange de choc, de tristesse et de colère. © Vahid Salemi/AP

Les explosions à Kerman ont eu lieu lors d’une cérémonie commémorative de Qassem Soleimani, le commandant des Gardiens de la révolution tué lors d’une attaque ciblée de drone américain en 2020. Les hauts commandants des gardes avaient initialement affirmé que les attaques de Kerman avaient été orchestrées par Israël, sans fournir de preuves.

Des groupes djihadistes sunnites tels que l’EI ont pris pour cible l’Iran ces dernières années, tuant des dizaines de civils, principalement dans des sites religieux de musulmans chiites. Soleimani était une figure éminente de la lutte contre l’EI en Irak et en Syrie et a joué un rôle crucial dans le maintien au pouvoir du régime de Bachar al-Assad à Damas.

Ces attaques meurtrières constituent l’un des plus grands échecs du renseignement intérieur iranien depuis des années, posant d’importantes questions aux responsables de la sécurité.

Depuis la révolution islamique de 1979, la république a réprimé les opposants parmi les groupes politiques, ethniques et religieux. Les groupes ethniques séparatistes et les islamistes sunnites des provinces frontalières ont également été victimes de répression.

Peu avant que l’EI n’ait revendiqué la responsabilité jeudi, l’agence de presse officielle iranienne, IRNA, a révélé qu’au moins une de ces attaques avait été orchestrée par un kamikaze.

Alors que les premiers rapports suggéraient la détonation à distance de sacs chargés d’explosifs, IRNA a suggéré que les images de vidéosurveillance indiquaient qu’un kamikaze était à l’origine de la première explosion et qu’un attentat suicide était également l’explication la plus probable de la seconde.

L’EI a déjà mené des attaques en Iran, une nation à majorité chiite, notamment une tentative d’assaut contre le bâtiment du Parlement à Téhéran et le mausolée du fondateur de la république, Ruhollah Khomeini, en 2017.

L’année suivante, des hommes armés ont ouvert le feu sur un défilé militaire dans la ville d’Ahvaz, tuant des dizaines de personnes, dont des membres des Gardiens de la révolution.

L’EI a pris le contrôle de vastes pans de la Syrie et de l’Irak lors d’un blitz en 2014. Mais les djihadistes ont été chassés de leurs bastions territoriaux dans les deux pays par les coalitions internationales en 2018 et 2019.

Les Iraniens ont réagi aux attaques de Kerman avec un mélange de choc, de tristesse et de colère.

Simin, une femme au foyer âgée de 57 ans, remet en question la prétention de la république d’assurer la stabilité : « Quel est l’avantage de la sécurité après que des dizaines d’innocents ont perdu la vie ? Pourquoi devrions-nous assister à un tel bain de sang en premier lieu ?



ttn-fr-56