L’économie allemande frappée par la guerre et peut-être en contraction l’année prochaine


L’économie mondiale est durement touchée par les effets de la guerre en Ukraine. Les économies occidentales connaîtront à peine une croissance l’année prochaine, celle de l’Allemagne diminuera même. L’inflation restera élevée plus longtemps, surtout en Europe. Cette sombre prévision a été faite par l’OCDE, le groupe de réflexion des pays industrialisés, dans une estimation intermédiaire lundi.

« Payer le prix de la guerre » (Payer le prix de la guerre) est le titre que l’OCDE a donné à l’estimation. La hausse des taux d’intérêt et la baisse du pouvoir d’achat des citoyens, qui subissent les contrecoups des prix élevés de l’énergie, ralentissent la croissance économique. Le PIB mondial augmentera d’un maigre 2,2% l’année prochaine, selon l’OCDE, alors que l’organisation basée à Paris prévoyait toujours une croissance de 2,8% en juin. Cette année, l’économie mondiale continue de croître de 3 % – mais cette croissance, en particulier dans les pays occidentaux, est due aux deux premiers trimestres, lorsque la reprise a eu lieu après la levée des restrictions corona.

L’Europe perdante

Les États-Unis sont maintenant en légère récession et l’économie allemande est probablement déjà en train de se contracter. La perspective de prix de l’énergie et des matières premières toujours élevés signifie que la situation ne s’améliorera pas en 2023.

L’Europe est, économiquement parlant, la grande perdante de la guerre sur son flanc oriental. Selon l’OCDE, l’économie de la zone euro progressera à peine en 2023 (0,3 %, contre 1,6 % dans l’estimation précédente). En Allemagne, où la production industrielle souffre des coûts élevés de l’énergie, le PIB diminuera de 0,7 % en 2023, selon l’OCDE. En juin, l’organisation supposait toujours une croissance allemande de 1,7 %.

La confiance allemande est en baisse

Le rapport de l’OCDE de lundi a coïncidé avec d’autres nouvelles négatives concernant l’Allemagne : un indicateur clé de la confiance des entreprises allemandes, l’indice IFO, a chuté pour la quatrième fois consécutive. Il est désormais à son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008, ce qui laisse présager une récession du moteur économique européen.

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L’économie américaine est un peu moins sensible à la guerre, mais elle subit également des dommages, en partie à cause des prix élevés de l’énergie et des matières premières sur le marché mondial. La croissance du PIB aux États-Unis (+ 0,5 %) est à peine supérieure à celle de la zone euro, estime l’OCDE. La croissance britannique s’arrêterait complètement en 2023 : 0 %.

La Chine a ses propres problèmes : une crise immobilière et des blocages incessants contre le virus corona. Après un chiffre de croissance très faible en 2022 (3,2 %) selon les normes chinoises, la croissance rebondira quelque peu en 2023 à 4,7 %. Il y a quelques années à peine, la Chine visait un taux de croissance annuel de 6 à 7 %.

Les estimations sont toujours entourées d’une grande incertitude et se réalisent rarement. Même les modèles économiques les plus sophistiqués ne peuvent prédire l’évolution du PIB et de l’inflation, ne serait-ce que parce que l’économie est sujette à des chocs politiques et sociaux imprévus. Aujourd’hui, la géopolitique et, encore, la pandémie sont les grands perturbateurs.

La guerre coûte beaucoup d’argent

Néanmoins, les estimations de l’OCDE montrent une image claire : la guerre coûte de l’argent au monde – beaucoup d’argent. Le monde sera environ 28 billions de dollars plus pauvre que prévu dans les dernières estimations avant la guerre en décembre 2021, écrit le groupe de réflexion.

L’OCDE elle-même qualifie l’incertitude entourant les estimations de « significative ». Il existe des risques élevés que l’économie s’enfonce davantage dans le marasme, en particulier pour l’Europe. Dans un scénario alternatif de pénuries de gaz plus importantes, le PIB de la zone euro chutera d’environ 1 % l’année prochaine.

On ne sait toujours pas si les Pays-Bas pourront échapper à la contraction économique. Le Bureau central du plan (tout comme les bureaux économiques des banques) suppose une économie qui va croître cette année et la suivante. Avec un prix du gaz plus élevé, le CPB prend en compte une « légère récession technique », c’est-à-dire deux trimestres ou plus de contraction. Étant donné que le marché du travail – aux Pays-Bas, mais aussi en Allemagne et aux États-Unis – est très tendu, une forte hausse du chômage avec une contraction du PIB est peu probable.

Les banques centrales ralentissent délibérément (encore) l’économie, avec une série de fortes hausses des taux d’intérêt. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour enrayer le pic d’inflation. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus la consommation et l’investissement sont découragés. Cela devrait à terme également ralentir les hausses de prix.

L’OCDE veut des taux d’intérêt plus élevés

L’OCDE appelle principalement les banques centrales à poursuivre la hausse des taux d’intérêt, l’inflation se généralisant de plus en plus dans l’économie. Aux États-Unis, l’inflation chutera fortement l’année prochaine, à plus de 3 %, selon les prévisions de l’OCDE. L’inflation dans la zone euro est supérieure à 6 %, parce que la hausse des prix de l’énergie affecte toujours les prix de toutes sortes de produits et parce que la Banque centrale européenne a commencé à relever les taux d’intérêt relativement tard.



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