Lecce, Salerne, Lisbonne : voici le fan de l’Inter qui s’en va à vélo. “Et direction Istanbul …”

Il s’appelle Francesco, il est bijoutier à Mantoue : « Je m’amuse comme ça et je gère mon travail par téléphone. Benfica? Si les joueurs de l’Inter savaient à quel point c’est dur de pédaler, Joao Mario ferait moins peur… »

De notre correspondant Filippo Conticello

@FilippoCont

Pédalant, pédalant, il veut se rendre à Istanbul le 10 juin. Pendant ce temps, on le voit sillonner les hauts et les bas ensoleillés de Lisbonne, affublé tôt le matin comme s’il partait pour une étape du Giro : « Je cherche juste un magasin où je pourrais acheter une boîte à envoyer mon vélo à Milan : le rendre aussi comme si l’aller simple serait de trop… », plaisante Francesco Tosato, le Nerazzurri de Mantoue, 32 ans, le fan-cycliste le plus fou qui soit. Son sourire serti dans une longue barbe est la meilleure recette contre la fatigue. Au début de la saison, il a décidé de faire tous les déplacements de son équipe en selle, en partie par amour du vélo et en partie par amour de l’Inter, et ainsi de suite : de Lecce à Lisbonne, toujours en les pédales en partant de chez soi, parfois avec l’aide d’avions et de trains pour certains tronçons. Il a une volonté de fer et une bonne dose de folie, mais il reste humain.

Francesco, pouvez-vous expliquer le dernier voyage qui vous a amené ici ?

« Pour le huitième de finale à Porto je suis allé directement de Milan, j’ai fait tout le trajet à vélo : ça a duré quinze jours. Ici, j’ai dû « réparer » le passage à Salerne pour le championnat et il n’y avait matériellement pas le temps. Pour le match de vendredi dernier, le voyage a duré trois jours et demi, à partir de minuit. Mon compagnon est venu, nous en avons même profité pour visiter Pompéi ! Ensuite, je suis monté seul à Rome, j’ai pris un vol toujours avec le vélo pour Madrid, et de là j’ai pédalé Pâques et le lundi de Pâques. Je suis arrivé hier soir : quelle libération quand je me suis arrêté devant la statue d’Eusebio à Da Luz. Dans certains tronçons avant, le vent et la chaleur étaient insupportables, il y a des parties de l’Espagne où il n’y a que du désert et c’est fatiguant avec le vent contre vous… ».

Exactement, mais qui les pousse à le faire ?

« Ce n’est pas un pari avec moi-même, c’est simplement un plaisir et un plaisir. Depuis quelques années, j’ai découvert à quel point il est beau de pédaler pendant de longues périodes, je le fais aussi quand je dois aller à la plage en vacances maintenant. Je me régale comme ça, même si je dépense une fortune cette année… Cependant, je dois remercier mon partenaire qui est tolérant, me pousse, m’accompagne parfois sur mon vélo. Et surtout, il sait à quel point il tient à mon équipe. Nous gérons ensemble une bijouterie à Mantoue et nous pouvons trouver un moyen de travailler : quand je suis sur mon vélo, je réponds aux clients avec des écouteurs. Je me rends utile même à distance… ».

Qu’avez-vous appris en voyageant en Italie et en Europe après l’Inter ?

« Qu’il y ait des gens formidables, que la solidarité existe. En République tchèque, j’étais dans le néant, vraiment désespéré. Un monsieur d’une petite maison m’a vu et m’a donné de l’eau et du pain. Vous rencontrez souvent d’autres cyclistes à qui vous racontez votre histoire et finissez par être adoptés par eux : ils vous font rester un moment sur leur roue, puis ils vous invitent chez eux pour un rafraîchissement ».

Avez-vous des supporters de l’Inter qui vous applaudissent, dans la vraie vie et sur les réseaux sociaux, lorsque vous arrivez dans le stade pour un match ?

« J’ai rencontré beaucoup de gars de la courbe : ils m’écrivent et me donnent de la force. Bien sûr, il y a aussi les haineux donc tout est faux. Je leur réponds : ‘Enfourchez un vélo et venez avec moi si vous en avez envie’… Heureusement, beaucoup me défendent et je dois nommer un supporter spécial avant tout : il s’appelle Biagio Privitera, il a un cœur de or et est très actif sur les réseaux sociaux. Lui aussi voyage partout, même en avion… ».

Sur le terrain en revanche, l’équipe d’Inzaghi devrait pédaler davantage…

« Ils sont tous un peu déprimés physiquement, mais je ne juge pas : ce n’est pas mon travail, j’encourage juste. Par exemple, hier dès mon arrivée, je suis passé devant l’hôtel où loge l’Inter et j’ai réussi à prendre une photo avec Barella, mon idole. Je ne lui ai pas dit ce que je faisais, je me suis contenté de lui dire bonne chance pour ces quarts de finale. »

Eh bien, qui franchit la ligne d’arrivée dans ces quarts de finale, l’Inter ou le Benfica ?

« J’espère que nous, le rêve reste Istanbul avec un voyage direct depuis Milan ! Mais à Lisbonne ce sera l’enfer, je le sais, mais j’ai toujours espoir. Si nos joueurs savaient à quel point c’est dur de passer 20 heures sur les pédales, Joao Mario ferait moins peur ».





ttn-fr-4