‘L’eau est trop chaude. A mon époque l’eau de mer gelait parfois, maintenant les périodes où il faisait 2 à 3 degrés sont révolues’

Le week-end dernier, la dernière démonstration de pêche à la crevette de 2022 a eu lieu à Oostduinkerke. Nous avons été autorisés à prendre la route avec le pêcheur de crevettes Stefaan Hancke et le cheval de trait Dina.

Geert De Weyer5 novembre 202217:16

Tandis que trois dindes forment un orchestre et qu’une chèvre se frotte continuellement la tête contre le trou d’un bouc, Stefaan Hancke (62 ans) grée son cheval de trait Dina, âgé de 12 ans. « Dépêchez-vous », cela semble sévère alors qu’il enfile un gilet jaune vif. Il tape avec force sur ses notes : départ de la ferme à 9h45, marée basse à 10h51. « Je suis derrière. »

On peut se rendre avec la charrette à la plage d’Oostduinkerke pour la dernière démonstration de pêche à la crevette en 2022. Environ trois cents personnes s’y rassemblent pour voir les pêcheurs en action.

Les touristes nationaux et étrangers le savent désormais bien : la tradition est inscrite au patrimoine de l’UNESCO depuis 2013. « Parce que ce n’est qu’une coutume sur cette côte », explique Hancke. La raison? « C’est une plage large et tranquille : il n’y a pas de brise-lames et vous pouvez vous enfoncer profondément dans la mer. »

« Le spectacle commence », dit-il alors qu’il se prépare à conduire dans la mer. Une heure plus tard, il montre à son public le contenu de ses filets : de nombreuses méduses et crabes, un turbot, quelques poissons-aiguilles et bien sûr des tas de crevettes grises de la mer du Nord. Environ 10 livres.

La pêche à la crevette remonte à cinq cents ans, dit Eddy D’Hulster. Avec ses 80 ans dont 50 ans comme crevettier, il est l’éminence grise des crevettiers. Il est aujourd’hui leur porte-parole. « La mer du Nord était autrefois un paradis pour la pêche, dit-il. « Mais vers 1890, les marchands de charbon, les pêcheurs et les laitiers ont troqué leur travail contre le tourisme naissant car il y avait plus à gagner là-bas. »

singularité

La pêche à la crevette est devenue une rareté. « En 1968, nous étions encore trois. J’ai commencé alors. Dans les années qui ont suivi, de nombreux quadragénaires et quinquagénaires ont repris le travail, mais aujourd’hui ils ne sont plus que treize, dont huit actifs. Et ce n’est le travail principal de personne, semble-t-il. « Stefaan est garagiste, Nele est infirmière, les autres tiennent un café ou travaillent pour la municipalité. »

D’Hulster trouve unique que deux pêcheurs de crevettes soient des femmes. « Parce que l’ancien conseil d’administration a décidé que cela devait rester un travail d’hommes, nous avons imposé une formation de deux ans et un examen. Maintenant, Katrien et Nele prouvent le contraire.

Pas que tout le monde soit partant. « Il faut avoir la passion et un cheval et aimer la mer. Votre travail principal ne joue donc aucun rôle.

Mi-octobre, Bruno Mertens, gérant d’une entreprise de rénovation, a été recruté comme treizième pêcheur reconnu. Il a fait l’actualité parce que c’est une rareté, dit D’Hulster. Dans le même temps, il parle d’une « évolution favorable ».

Ce n’est en aucun cas une autre évolution. Il voyait de plus en plus les preuves du réchauffement climatique lui glisser entre les doigts. « L’eau est trop chaude. A mon époque l’eau de mer gelait parfois, maintenant les périodes où l’eau montait à 2 à 3 degrés sont révolues. Et donc non seulement nous voyons plus de vives et de crevettes venimeuses, mais nous avons également trouvé des hippocampes l’année dernière. Tous les signes que l’eau chauffe.

Cela réduit également les captures. « Entre 1980 et 2000, vous pouviez rapporter entre 20 et 30 kilogrammes, mais ces grosses prises – notre record est de 106 kilogrammes – ont disparu. »

Il cite un autre point sensible : la surpêche. « La crevette grise est fortement pêchée. Les Hollandais pillent nos côtes.

Huit heures de travail

Une heure après que Stefaan et Dina soient allés à la mer, nous sommes retournés dans sa cour. Ce n’est qu’alors que le vrai travail commence, dit-il. « Le public nous voit pendant une heure, mais au total, vous êtes occupé pendant huit heures. »

Un feu de bois est allumé. Les déchets plastiques sont retirés, le turbot disparaît dans un récipient d’eau. Les chatons se rapprochent et sont rejoints peu de temps après par trois canards. Des bêtes clairement conditionnées. Lorsque Hancke leur lance de petits poissons, le canard et le chat deviennent extatiques. Dents ou bassin dentelé, sur le chantier de Stefaan c’est la survie du plus fort. La gentillesse des chatons est aux philistins, les canards sont des monstres.

Ce qui reste : un grand bol de crevettes. A qui s’adresse la friandise ? Il pointe son ventre avec un sourire. « Attraper, trier, sécher sur des filets de refroidissement, cuisiner, manger, saisir des pintes. La vie d’un pêcheur de crevettes.



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