Le statut protégé du loup pourrait être affaibli : « Proposition imprudente sans précédent »

Actuellement, le loup ne peut être capturé ou abattu que dans des cas exceptionnels.

En septembre, il est devenu évident que la Commission européenne envisageait d’affaiblir le statut de protection du loup. Selon la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, la population actuelle de loups dans certaines régions constitue une menace sérieuse pour le bétail et potentiellement pour les populations. La nouvelle proposition donnera aux pays davantage d’options pour gérer le loup lorsque des problèmes surviennent.

La Commission européenne affirme que sa proposition s’appuie sur une nouvelle analyse approfondie de la situation du loup en Europe. Cela montre que le prédateur s’est progressivement répandu à travers l’Europe au cours des vingt dernières années et qu’il occupe également des zones plus vastes. Selon l’analyse, il y a aujourd’hui environ vingt mille loups en Europe, tandis que les populations augmentent dans 23 États membres.

Le succès mène au conflit

Selon la commission, cela est dû en partie aux mesures de protection, à une attitude plus positive de la population et à l’amélioration de la qualité des habitats. Cependant, selon le comité, ce succès entraîne également des conflits autour des activités humaines et des dégâts sur le bétail, notamment dans des régions spécifiques.

En Europe, les loups attaquent environ 65 500 têtes de bétail chaque année, selon l’analyse. Environ les trois quarts de ce montant concernent des ovins et des caprins. Sur les 60 millions de moutons élevés dans l’UE, 0,065 pour cent sont tués par des loups. Les dégâts sont les plus importants en Espagne, en France et en Italie. Aucune attaque contre des humains n’a été connue au cours des quarante dernières années.

Selon la Commission européenne, le changement de réalité rend nécessaire de nouvelles mesures contre le loup dans les régions et les endroits où des problèmes surviennent. Dans le même temps, la politique reste axée sur la protection de l’animal, affirme la commission.

Subvention pour les clôtures résistantes aux loups

L’UE accorde des subventions aux éleveurs qui subissent (éventuellement) des dégâts causés par le loup, notamment pour l’installation de clôtures dites résistantes aux loups autour de leurs jardins.

Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’analyse de la Commission européenne montre que la situation des populations de loups n’a pas changé de manière significative. L’organisation qualifie la proposition de la Commission européenne de « sans précédent et totalement irresponsable » et, avec les organisations partenaires, appelle les États membres à rejeter la proposition.

Plus tôt cette année, douze ministres de l’Environnement ont demandé au commissaire européen responsable Sinkevicius de mieux protéger le loup en Europe.

Lobby des agriculteurs et des chasseurs

Cette semaine, près de trois cents organisations européennes de protection de la nature ont également tenté de faire changer d’avis la Commission européenne. Dans une lettre ouverte, ils se sont plaints du processus décisionnel opaque et du manque de fondement scientifique de leur intention. Selon la lettre, l’opinion sur le loup est fortement influencée par le lobbying des organisations agricoles et des chasseurs.

La proposition de la Commission européenne constitue une étape importante dans le processus entourant le statut protégé du loup, qui découle de la Convention de Berne de 1979. Une modification de ce traité nécessite une décision du Conseil européen, au sein duquel tous les États membres de l’UE sont représentés. On ne sait pas encore quand la proposition y sera discutée.



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