Le secteur des puces électroniques pris dans la bataille de l’IA contre la géopolitique


Débloquez gratuitement l’Editor’s Digest

Les investisseurs dans le secteur des semi-conducteurs sont enthousiasmés par l’automatisation, la numérisation et, surtout, l’intelligence artificielle. Outre une reprise cyclique, ces sources structurelles de demande devraient se traduire par un boom sans précédent des puces électroniques. Mais le risque géopolitique peut mettre des bâtons dans les roues même des moteurs les plus puissants.

C’est la situation difficile dans laquelle se trouve ASML. Les résultats du deuxième trimestre ont mis en évidence les atouts du fabricant néerlandais d’équipements de fabrication de puces de pointe. Ses clients prospèrent grâce à la reprise de la demande de semi-conducteurs. Voir, par exemple, TSMC, dont la valeur boursière a atteint plus de 1 000 milliards de dollars L’utilisation croissante des machines d’ASML se traduit par une hausse des commandes qui, à 5,6 milliards d’euros, dépasse les attentes du consensus. Même si les ventes du troisième trimestre semblent plus faibles, le carnet de commandes soutient une forte croissance l’année prochaine.

Pourtant, l’action d’ASML a chuté de plus de 10 % mercredi, les investisseurs s’inquiétant des informations selon lesquelles les États-Unis pourraient envisager des restrictions plus strictes Les craintes géopolitiques ont également frappé d’autres acteurs du secteur. Tokyo Electron, un fabricant d’équipements japonais, a chuté de 7 %. TSMC a chuté de 2 %, le candidat à la présidence Donald Trump ayant déclaré qu’il pensait que Taiwan devrait payer les États-Unis pour sa défense.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi cette ambiance musicale pourrait susciter l’inquiétude des investisseurs. Alors qu’ASML est déjà empêchée d’exporter ses équipements les plus avancés vers la Chine, le pays a néanmoins représenté près de la moitié de ses ventes d’équipements du deuxième trimestre, soit 4,8 milliards d’euros. Ce chiffre est en hausse par rapport aux niveaux historiques de 15 à 20 %, les clients chinois s’emparant de machines plus anciennes pour renforcer leur production nationale de puces moins avancées. Ce chiffre devrait diminuer à mesure que la demande dans le reste du monde reprendra. Mais ces chiffres restent impressionnants.

Ces inquiétudes ne doivent toutefois pas faire perdre de vue les perspectives d’ASML. En effet, on ne sait pas précisément quelles activités seraient affectées par une éventuelle révision des règles commerciales. De plus, la croissance à long terme d’ASML repose sur ses machines de lithographie avancées, qu’elle ne vend pas en Chine. Le groupe, qui devrait réaliser 28,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires cette année selon les estimations de Bernstein, espère le doubler pour atteindre 60 milliards d’euros d’ici 2030. Le durcissement des réglementations chinoises sur les exportations pourrait altérer, plutôt que faire dérailler, ses prévisions.

D’autres parties de la chaîne d’approvisionnement pourraient en définitive souffrir davantage de ces tensions mondiales. Les fabricants d’équipements haut de gamme comme ASML et Tokyo Electron ne sont pas les seuls à être touchés par les tensions commerciales. Les fabricants de puces moins avancées, comme Infineon et STMicroelectronics, seront confrontés à une concurrence accrue en Chine, les producteurs locaux répondant aux appels politiques à accroître leur production.

[email protected]



ttn-fr-56