Le roi Philippe est arrivé au Congo pour une visite historique

Le roi Philippe (62 ans) est arrivé au Congo aujourd’hui sous un soleil de plomb. Historique. Parce que c’est la première fois que le monarque belge foule le sol congolais, mais aussi parce que demain il devrait exprimer ses regrets à la population congolaise.

Un long tapis rouge gigantesque, une fanfare jouant de la Brabançonne et une haie d’honneur de près de 100 excellences : les Congolais n’ont ménagé aucun effort pour accueillir chaleureusement le roi Philippe et la reine Mathilde. Le couple royal a débarqué à 15 heures locales et a été accueilli à bras ouverts par le président congolais Félix Tshisekedi et son épouse. La reine Mathilde a immédiatement attiré l’attention : tout comme lors de la récente visite d’Etat en Grèce, elle avait subi une métamorphose pendant les huit heures de vol. Par exemple, lorsqu’elle est partie, la reine était encore vêtue de vert avec des cheveux lâches, alors qu’elle est arrivée à Kinshasa dans une tenue de couleur crème et un chignon avec un postiche.

Cette visite royale ne passe pas par le congolais « ordinaire ». Des affiches du couple royal décorent depuis plusieurs jours les rues de Kinshasa. « Bienvenue, bienvenue, au couple royal belge », lit-on. Et cet appel a été entendu : le long de la route à travers Kinshasa, des milliers de Congolais – agitant des drapeaux de partis politiques – étaient prêts à saluer le couple royal. Le roi n’est d’ailleurs pas seul : le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), la ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir (Vooruit) et le secrétaire d’État à la Politique scientifique Thomas Dermine (PS) – accompagnés d’une foule de journalistes – voyagent en son sillage.

Politiquement sensible

C’est aussi un élan important pour le président congolais Félix Tshisekedi. Normalement, le monarque belge se rendrait déjà au Congo en 2020 pour célébrer le soixantième anniversaire de l’indépendance, mais le virus corona a mis un terme à cela. Pour la délégation belge, c’est aussi danser sur une corde raide : Tshisekedi est devenu président après des élections frauduleuses et sous son régime, la violence, la répression et la corruption continuent d’être monnaie courante. Tshisekedi tentera sans doute de récupérer cette visite lorsque les Congolais se rendront à nouveau aux urnes l’année prochaine.

Contrairement à son père

Il n’est pas exagéré de qualifier cette visite d’« historique ». Par exemple, ce n’est que la septième fois dans l’histoire qu’un roi belge effectue une visite d’État au Congo. La dernière fois, c’était en 2010 quand Albert II et Paola ont assisté à la célébration des 50 ans du Congo. Inaperçu et ‘profil bas’ : Albert n’a même pas prononcé de discours.

Il est déjà incontestable que le roi Philippe veut faire les choses différemment. En 2020, il avait déjà exprimé ses regrets dans une lettre au peuple congolais pour les « atrocités » sous l’État indépendant du Congo et « la souffrance et l’humiliation » pendant la période coloniale. Demain, il prononcera un discours au Palais du Peuple : là aussi il exprimera probablement ses regrets « dans la vraie vie ». Cela pourrait annoncer une nouvelle ère entre les deux pays. La Belgique fera également don d’un masque africain au Musée national. Symbolique, car le retour de l’art pillé est essentiel pour se réconcilier avec le passé. Incidemment, le parlement fédéral a également un projet de loi prêt à faire du Congo à nouveau le propriétaire de tous les objets d’art volés pendant la période coloniale. Mais tout ne tourne pas autour du passé : le roi veut aussi se tourner vers l’avenir.

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