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Le roi de Thaïlande a réduit à un an la peine de huit ans de prison prononcée contre l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, a annoncé vendredi le journal royal, quelques jours seulement après le retour du milliardaire charismatique après 15 ans d’exil volontaire.
Thaksin, dont la famille a joué un rôle majeur dans la politique thaïlandaise au cours des deux dernières décennies, a été renversé lors d’un coup d’État militaire en 2006. L’homme de 74 ans a été reconnu coupable par contumace pour corruption et abus de pouvoir.
Le retour de Thaksin, impopulaire auprès de l’establishment militaire royaliste mais soutenu par les électeurs ruraux et ouvriers en raison de sa politique de réduction de la pauvreté, a coïncidé avec la nomination d’un candidat de son parti Pheu Thai comme prochain dirigeant du pays.
Peu d’observateurs s’attendaient à ce que Thaksin, rentré en Thaïlande le 22 août, passe beaucoup de temps en prison. L’ancien Premier ministre, qui a été accueilli par des partisans à l’aéroport avant de se présenter au tribunal, a été emprisonné mais a été presque immédiatement transféré dans un hôpital de la police en raison de douleurs à la poitrine et d’hypertension.
Jeudi, il a déposé une demande de grâce auprès du roi Maha Vajiralongkorn.
Thaksin « était un Premier ministre, a fait du bien au pays et au peuple et est fidèle à la monarchie », a indiqué vendredi le journal royal. « Il a respecté le processus, a reconnu sa culpabilité, s’est repenti et a accepté les verdicts du tribunal. » Le journal a également souligné la maladie de Thaksin et son besoin de soins médicaux.
« Si Thaksin devait retourner en Thaïlande, il devait savoir que quelque chose se préparait, il allait être condamné à une très légère peine. Cela indique qu’il y a eu un accord entre les pouvoirs en place et Thaksin », a déclaré Paul Chambers, expert en politique thaïlandaise à l’Université de Naresuan, prévoyant que la peine pourrait être encore réduite.
Thaksin est rentré en Thaïlande le jour même où le parlement du pays a choisi Srettha Thavisin comme Premier ministre, mettant ainsi fin à une impasse de trois mois depuis les élections de mai.
Pheu Thai a terminé deuxième derrière le parti progressiste Move Forward, qui a remporté la victoire en promettant une réforme globale de l’armée et de la monarchie.
Cependant, le leader de Move Forward, Pita Limjaroenrat, 42 ans, formé aux États-Unis, a été exclu du pouvoir par l’establishment militaro-royaliste conservateur thaïlandais, qui a plutôt conclu un accord avec d’anciens adversaires du parti de Thaksin pour installer Srettha au poste de Premier ministre.
« Pheu Thai et les éléments les plus conservateurs en Thaïlande se sont unis pour former le statu quo contre le parti plus progressiste Move Forward », a déclaré Chambers. « Ils ont tous deux peur de Move Forward, qui a le potentiel de galvaniser les mouvements de jeunesse. »
Le prochain gouvernement sera confronté à des défis considérables après près d’une décennie de régime militaire, notamment celui de relancer la deuxième économie d’Asie du Sud-Est, qui a eu du mal à se remettre de la pandémie de coronavirus.
Il a déjà dévoilé son intention de réduire les prix de l’énergie pour tenter d’atténuer la crise du coût de la vie.