Le problème n’est pas Vivaldi, mais le vide idéologique époustouflant qu’Open Vld a à offrir

Bart Eeckhout est le principal commentateur de Le matin.

Bart Eeckhout

La plus grande menace qui pèse aujourd’hui sur le gouvernement fédéral est la stabilité du parti qui soutient le premier ministre, l’Open Vld d’Alexander De Croo. En plus d’être Premier ministre, De Croo est aussi une figure de proue absolue et donc le patron de facto des libéraux flamands. L’instabilité du parti affecte directement le Premier ministre et, à travers lui, la coalition. C’est pourquoi la guerre interne des bureaux dans ce qui reste d’Open Vld a également une importance plus grande et plus nationale.

En substance, le dernier conflit à Open Vld concerne une question insignifiante. Le roi nomme les ministres, mais le chef du parti les choisit. Beaucoup se sentent appelés, mais un seul peut être choisi. Il existe de bons et de moins bons arguments en faveur de la promotion de Paul Van Tigchelt du cabinet au poste de ministre de la Justice. Dissipons un malentendu sur l’appartenance à un gouvernement. Un poste ministériel n’est pas un « joli cadeau » sur lequel un homme politique de carrière dispose d’un droit de retrait après plusieurs années au Parlement. Être un représentant et un maire compétent et faisant autorité, comme l’est Gwendolyn Rutten, peut également être un excellent mandat.

Le fait que le choix de Van Tigchelt et le non-choix de Rutten provoquent tant de troubles en dit long sur l’état précaire de l’Open Vld lui-même. La panique est justifiée. Les libéraux flamands sont proches du seuil électoral dans les sondages. Les organisations font alors ce qu’elles font toujours : elles se contractent et s’effondrent. Les députés courent dans toutes les directions à la fois, aggravant ainsi la situation. Au sommet, avec le Premier ministre De Croo, le président Tom Ongena et leurs plus proches lieutenants, règne une mentalité de bunker : on ne fait plus confiance à personne, surtout pas aux membres du parti. En dessous, il faut sauver ceux qui peuvent se sauver eux-mêmes. Nous approchons maintenant du stade où les sergents commencent à se tirer dessus.

Cela ne donne pas une jolie image. Mais ce qui doit retenir l’attention de l’ensemble des dirigeants du parti, c’est qu’eux-mêmes, et eux seuls, ont mis l’Open Vld dans cette situation pitoyable. Le problème n’est pas Vivaldi, ni la relation entre le Premier ministre et le président du parti, mais le vide idéologique époustouflant qu’Open Vld a à offrir, après presque un quart de siècle de participation gouvernementale. Sur la réforme fiscale, la réforme de l’État, l’énergie nucléaire, etc., les positions et les points de rupture ont été échangés contre des positions opposées et inversement. Gwendolyn Rutten, Patrick Dewael, Bart Tommelein et tous ces autres rebelles de la dernière heure peuvent aussi s’en vouloir. Que représentent-ils d’autre ? C’est là le problème.

C’est un problème plus important pour Open Vld et ses représentants que pour le libéralisme en Flandre. Il y a certainement de la place dans le paysage politique pour un parti de taille moyenne, ouvert, progressiste, libre et entreprenant. Mais ce n’est peut-être plus l’Open Vld. Un scénario VU, dans lequel le parti se désintégrerait complètement comme l’ancienne Volksunie, n’est pas inconcevable. Bart Somers et Vincent Van Quickenborne, tous deux ex-VU(&ID), peuvent sans aucun doute divertir les autres membres du parti de manière fascinante.



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