Le président de la Banque centrale française met en garde contre un « choc » d’incertitude politique


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Le gouverneur de la Banque centrale française a mis en garde contre un « choc » d’incertitude politique et a déclaré que les chefs d’entreprise ralentissaient leurs investissements et leurs embauches pour se protéger contre d’éventuelles augmentations d’impôts.

« Les chefs d’entreprise nous font part de leurs inquiétudes face à l’attentisme de leurs clients qui préfèrent épargner plutôt que dépenser, face au report des investissements et face au gel des embauches », a déclaré jeudi François Villeroy de Galhau sur France Info.

Les élections législatives anticipées convoquées par le président Emmanuel Macron ont donné lieu à une assemblée fragmentée dans laquelle aucun parti ni aucune alliance n’a de voie claire vers le pouvoir, ce qui accroît les inquiétudes quant au fait que le déficit public croissant de la France ne soit pas maîtrisé de sitôt.

« Il y a une deuxième règle d’or qui concerne les déficits, c’est qu’on ne peut pas creuser plus profond. Ils pèsent sur notre souveraineté et coûtent de plus en plus cher à financer », a déclaré M. Villeroy de Galhau.

Le banquier central a souligné l’importance de ne pas étouffer les entreprises sous le choc de l’inflation, alors que les partis de tout l’éventail politique se bousculent pour diriger le prochain gouvernement, y compris l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP) avec un programme d’impôts élevés et de dépenses importantes.

« Dans un monde concurrentiel, nos petites entreprises ne peuvent pas être plombées par des coûts salariaux excessifs, notamment sur le salaire minimum, et par des impôts qui seraient trop lourds », a déclaré M. Villeroy de Galhau.

François Villeroy de Galhau a déclaré : « Dans un monde concurrentiel, nos petites entreprises ne peuvent pas être plombées par des coûts salariaux excessifs, y compris sur le salaire minimum, et par des impôts qui seraient trop lourds » © Benjamin Girette/Bloomberg

Il a averti que de telles mesures pourraient à terme conduire à une hausse du chômage, ce qui, à long terme, serait pire pour les budgets des ménages.

Le NFP, arrivé en tête lors du scrutin de dimanche, a déclaré qu’il souhaitait relever le salaire minimum net à 1 600 euros par mois, contre environ 1 400 euros en cas de victoire au pouvoir, ainsi que rétablir une forme d’impôt sur la fortune que Macron avait transformé en impôt foncier. L’alliance de gauche veut également abroger la réforme des retraites de Macron qui a relevé l’âge de départ à la retraite de deux ans, à 64 ans.

Après avoir obtenu 180 sièges sur 577 à l’Assemblée, devant l’alliance Ensemble de Macron et le Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen, le NFP tente de nommer le prochain Premier ministre et pourrait présenter un candidat dès jeudi.

Macron a laissé entendre mercredi qu’il ne voulait pas désigner un Premier ministre issu du NFP de gauche parce qu’un élément clé de l’alliance comprend un parti d’extrême gauche, La France Insoumise, qu’il considère comme défendant des positions contraires aux normes démocratiques.

Il a appelé à un « pacte de gouvernement » élargi entre les principaux partis pour sortir de l’impasse, mais on ne sait pas encore comment une telle formule sera trouvée. Son gouvernement dirigé par le Premier ministre Gabriel Attal est toujours en place pour l’instant.

D’autres partis, dont le parti conservateur Les Républicains et les membres de l’alliance Ensemble de Macron, ont également déclaré qu’ils ne formeraient pas de cabinet avec l’extrême gauche.

La prime de risque sur la dette de référence française à 10 ans par rapport à celle de l’Allemagne a augmenté à 0,85 point de pourcentage avant le premier tour des élections législatives françaises, le niveau le plus élevé depuis le creux de la crise de l’euro et en hausse par rapport à environ 0,5 point de pourcentage avant le déclenchement des élections.

Les investisseurs ont toutefois été rassurés par le fait que ni le RN d’extrême droite ni l’alliance de gauche n’ont remporté la majorité au parlement, les obligations françaises récupérant une partie de leurs pertes puisque l’écart est tombé à 0,64 point de pourcentage.

Le gouvernement Macron avait déjà commis une erreur en matière de déficit budgétaire en 2023, dépassant largement son objectif de 4,9 % du PIB pour terminer l’année à 5,5 %. Il a imputé ce manque à gagner à des recettes fiscales inférieures aux prévisions après des années de dépenses importantes, notamment pendant la pandémie de Covid-19.

Cela a ajouté une pression supplémentaire sur tout gouvernement quant à sa marge de manœuvre, étant donné que l’UE a placé la France dans une procédure dite de déficit excessif.

L’élaboration du budget 2012, à l’automne, sera un moment clé, a déclaré Gérard Larcher, président conservateur du Sénat français. Il a ajouté que tout gouvernement qui présenterait un plan irresponsable risquerait d’être renversé.

« Ce sera un moment de responsabilité pour tous les parlementaires afin d’aider le pays à éviter le risque d’une débâcle financière et économique. Les entreprises sont désormais dans l’expectative. Nous devons leur redonner confiance. »

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a déclaré jeudi dans une tribune que la France devait maintenir son objectif de 25 milliards d’euros de réductions des dépenses en 2024, dont 15 milliards ont déjà été réalisés, pour maintenir les finances publiques sur la bonne voie.

« Il y a toujours des alternatives politiques, que le peuple seul peut décider. Mais chacun doit être conscient de ce que ces alternatives impliquent », a déclaré M. Le Maire.

Reportage supplémentaire de Mary McDougall à Londres



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