Débloquez gratuitement l’Editor’s Digest

Le gouvernement intérimaire français a annoncé son intention de geler les dépenses de l’État alors qu’il définit les contours d’un budget 2025, mais a également admis qu’un nouveau Premier ministre qui sera nommé par le président Emmanuel Macron pourrait annuler ces propositions.

Le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, a envoyé des lettres à chaque ministère pour lui présenter les crédits alloués pour l’année prochaine dans le cadre de ce que son cabinet a appelé un « budget réversible ». Attal a démissionné le mois dernier après les élections législatives, mais reste en poste jusqu’à la nomination d’un nouveau Premier ministre.

Le plan Attal, lancé plus d’un mois avant la date butoir du 1er octobre, marque la première fois qu’un Premier ministre intérimaire et son cabinet préparent un budget pour leurs successeurs de cette manière sous la Cinquième République française, reflétant l’état inhabituel de flux de la politique française.

Les élections anticipées de juillet ont donné lieu à un parlement sans majorité absolue, aucun groupe ne disposant d’une majorité claire. Les décisions budgétaires prises aujourd’hui risquent donc d’être modifiées, peut-être de manière substantielle, par le prochain gouvernement.

Le gouvernement intérimaire d’Attal a déclaré qu’il maintiendrait les dépenses de l’État en 2025 au niveau de 2024, soit 492 milliards d’euros, a indiqué le bureau du Premier ministre, ce qui permettrait d’économiser environ 10 milliards d’euros après prise en compte de l’inflation et de maintenir la réduction du déficit du pays sur la bonne voie.

« C’est un budget réversible, qui permet à la France d’avoir un budget dans les délais, mais qui permettra aussi au prochain gouvernement de faire ses propres choix sur la base de ce qui a été préparé et transmis aux ministères », a déclaré un haut responsable, ajoutant que des dépenses inchangées en termes nominaux étaient essentielles pour rétablir les finances publiques.

Les budgets de la défense, de la culture et des sports seront prioritaires, a indiqué le cabinet du Premier ministre, tandis que des économies devraient être réalisées sur le travail et l’emploi compte tenu du taux de chômage relativement bas.

La France est sous la pression des marchés internationaux de la dette et de l’UE pour contrôler ses dépenses publiques après avoir révélé en janvier que son déficit était plus important que prévu l’an dernier, à 5,5% du produit intérieur brut contre une prévision de 4,9%.

Le pays n’a pas équilibré son budget depuis des décennies, mais ce dépassement a porté un coup à la crédibilité de Macron dans sa gestion de l’économie. Les inquiétudes concernant la trajectoire de la dette publique de la France ont conduit à une dégradation de la note de crédit du pays par l’agence S&P Global Ratings et ont déclenché une procédure de sanctions de la Commission européenne en juin.

Macron n’a pas encore nommé de Premier ministre pour tenter de former un gouvernement, et rencontrera les dirigeants des partis et d’autres responsables politiques à l’Elysée vendredi avant d’annoncer son choix.

Le Nouveau Front Populaire — une alliance de partis de gauche qui a remporté le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale lors des élections mais qui est loin d’obtenir la majorité — a fait pression sur Macron pour qu’il nomme sa candidate Lucie Castets, une fonctionnaire, à ce poste.

Macron et ses alliés ont résisté, arguant que le NFP n’a pas assez de sièges pour former un gouvernement stable et attaquant la présence dans l’alliance de l’extrême gauche La France Insoumise et de son leader fougueux Jean-Luc Mélenchon.

Alors que Castets et d’autres membres plus modérés de l’alliance ont signalé une certaine ouverture au compromis pour gouverner, le programme économique radical du NFP, axé sur la taxation et les dépenses, diverge largement de la position avancée par les macronistes sur le budget.

« Mener une politique d’austérité dans le contexte actuel me paraît inapproprié et irresponsable », a déclaré M. Castets dans un entretien au quotidien Libération mercredi. « Cela relève plus du dogme que de la logique économique. »

« Nous travaillons sur le sujet et nous pourrons apporter des corrections importantes avant le vote du budget », a-t-elle ajouté.



ttn-fr-56