Le Premier ministre français Michel Barnier dévoile une thérapie de choc dans le budget 2025


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Le gouvernement français a proposé un budget pour l’année prochaine prévoyant quelque 60 milliards d’euros de réductions de dépenses et d’augmentations d’impôts sur les entreprises et les riches, dans le but de réduire son déficit croissant.

Le Premier ministre Michel Barnier a fait de la lutte contre la dette publique « colossale » de la France sa principale priorité, malgré le risque politique que de telles mesures impliquent pour son fragile gouvernement minoritaire.

« Nous ne pouvons pas sacrifier l’avenir de nos enfants ni continuer à faire des chèques sans provision qui leur reviendront », a déclaré M. Barnier jeudi. «L’attractivité [of France] et la crédibilité de la signature française doit être préservée.

Dans le budget proposé, quelque 440 grandes entreprises dont les revenus dépassent 1 milliard d’euros seraient frappées par une taxe « exceptionnelle » d’une durée de deux ans, dans le but de récolter un total de 12 milliards d’euros. Les rachats d’actions seraient également taxés.

Le service public d’électricité EDF versera un dividende spécial aux caisses de l’État – ensemble, ces changements, ainsi que d’autres affectant les entreprises, permettraient de récolter 13,6 milliards d’euros.

Si elles sont adoptées, ces mesures rompraient avec les politiques économiques adoptées par Macron depuis 2017, qui incluent une baisse des impôts et une limitation des protections strictes du travail dans le but de stimuler la croissance et la compétitivité.

L’adoption du budget au sein d’une Assemblée nationale fragmentée sera le premier véritable test de Barnier depuis qu’Emmanuel Macron l’a nommé Premier ministre en août.

Sa nomination intervient après des élections surprises qui ont forcé le camp centriste du président à former un gouvernement de partage du pouvoir avec le parti conservateur de Barnier, Les Républicains.

Peu de législateurs pensent que le budget peut être adopté sans que Barnier n’utilise une clause constitutionnelle qui lui permet de passer outre le Parlement, mais cela pourrait l’exposer au risque d’un vote de censure.

L’enjeu est la capacité de Barnier à calmer la nervosité des investisseurs à propos des prêts à la France et à résister à la pression de Bruxelles, qui a réprimandé Paris pour son déficit excessif. Les coûts d’emprunt français dépassent désormais non seulement ceux de l’Allemagne, mais aussi ceux de l’Espagne.

Le gouvernement affirme que les deux tiers des 60 milliards d’euros d’efforts en 2025 proviendront de réductions de dépenses, notamment en matière de frais médicaux, de chômage et de réduction du nombre de fonctionnaires. Le reste proviendra des augmentations d’impôts.

Mais un organisme consultatif gouvernemental indépendant, utilisant une méthode de calcul différente, a récemment estimé que les impôts représenteraient 70 pour cent de l’effort.

La divergence est importante car les centristes de Macron s’opposent fermement aux augmentations d’impôts, tandis que le propre parti de Barnier souhaite également davantage de réductions des dépenses.

Barnier a déclaré que le projet de budget était un point de départ pour les législateurs, mais les a avertis de ne pas faire dérailler l’objectif d’atteindre un déficit à 3 pour cent de la production nationale d’ici 2029.

Un autre coup dur pour les entreprises viendra du retard dans la réduction prévue des impôts sur la production, que les groupes paient sur leurs activités, qu’elles soient ou non rentables. La réduction de ces dépenses était l’une des caractéristiques de la stratégie de Macron en matière d’offre.

Les compagnies aériennes et les jets privés seront confrontés à une nouvelle taxe sur les vols qui générera 1 milliard d’euros l’année prochaine, tandis que les compagnies maritimes de conteneurs, dont CMA-CGM, basée à Marseille, seront frappées d’une taxe distincte qui permettrait de récolter 800 millions d’euros au cours des deux prochaines années.

Les entreprises seront également affectées par la hausse des coûts de main d’œuvre provoquée par la suppression des allègements fiscaux accordés aux travailleurs à faible revenu et par la suppression progressive des subventions à l’apprentissage.

Même si Barnier affirme que les travailleurs seront isolés, les ménages seront touchés par des taxes plus élevées sur les factures d’électricité. Les particuliers risquent également d’être confrontés à des coûts de santé plus élevés si le gouvernement réduit comme prévu le remboursement des visites chez le médecin et des médicaments.

Autre changement par rapport à l’approche de Macron, il est demandé aux plus riches de France de contribuer à hauteur de 2 milliards d’euros à un nouvel impôt sur ceux qui gagnent environ 500 000 euros par an, qui devraient représenter 65 000 foyers.

Le déficit s’élèvera à plus de 6 pour cent du PIB d’ici la fin de l’année. Le gouvernement vise à le ramener à 5 pour cent d’ici la fin de 2025, même si les dépenses publiques continueront d’augmenter l’année prochaine, car toutes les réductions des dépenses et la fiscalité ne feront que ralentir le rythme de l’augmentation.

La France a dépassé à plusieurs reprises ses objectifs de déficit depuis l’année dernière, ce qui suscite des inquiétudes quant au fait que le gouvernement a perdu le contrôle des dépenses et ne peut pas non plus prédire avec précision les rentrées fiscales. Sa dette représentait 110 pour cent du PIB en juillet, la troisième pire de l’UE derrière la Grèce et l’Italie.

Les gouvernements français successifs n’ont pas présenté de budgets équilibrés depuis des décennies. Le public est réputé pour les programmes sociaux coûteux et soutient un niveau élevé de redistribution des revenus.

L’une des propositions particulièrement controversées de Barnier demande aux retraités – longtemps protégés par les politiciens en tant que bloc électoral clé – de retarder de six mois l’augmentation annuelle de leurs retraites d’État, ajustée en fonction de l’inflation.

Cette décision permettrait d’économiser environ 3,6 milliards d’euros. Plusieurs partis s’y sont déjà opposés, dont le Rassemblement National d’extrême droite.

Il est risqué pour Barnier d’insister sur cette question car le RN de Marine Le Pen constitue le principal bloc électoral nécessaire à l’adoption d’un vote de censure.



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