Le personnel de la centrale nucléaire de Zaporijia craint "catastrophe nucléaire pire que Tchernobyl »


Le personnel de la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par la Russie, dans le sud-est de l’Ukraine, prévient que la situation s’aggrave et craint une « catastrophe nucléaire » d’une ampleur « pire que Tchernobyl ».

La chaîne britannique « Sky News » s’est entretenue ces dernières semaines avec deux techniciens de la centrale nucléaire – la plus grande d’Europe – et ils ont raconté indépendamment la même histoire troublante. Ils ont insisté sur le fait que les conséquences d’une éventuelle catastrophe nucléaire seraient également graves pour l’Europe.

« La pollution radioactive et, plus important encore, la contamination couvrira des milliers de kilomètres carrés de terre et de mer. Ce serait bien, bien pire que Fukushima et pire que Tchernobyl », a déclaré l’un d’eux.

Pire scénario

Certains experts pensent qu’une telle catastrophe est peu probable, mais d’autres la considèrent toujours comme le pire des cas.

La Russie occupe la centrale nucléaire de Zaporijia depuis début mars de l’année dernière, à peine une semaine après le début de l’invasion de l’Ukraine. Depuis, les troupes russes ne sont pas reparties. Le personnel se plaint d’être intimidé et de devoir se taire sur ce qui se passe.

Il y a eu des inquiétudes quant à la sécurité dès le départ. D’autant plus qu’il y a des combats constants autour de la centrale nucléaire et que le bâtiment a été touché à plusieurs reprises par l’artillerie et les roquettes. L’Ukraine et la Russie se désignent mutuellement comme instigatrices. Le fait est que la Russie tire délibérément sur les lignes électriques.

©AFP

L’électricité a déjà été coupée sept fois et cela signifie toujours un danger. Après tout, l’électricité est nécessaire pour refroidir les réacteurs et éviter une fusion. Les générateurs de secours ne sont pas non plus correctement entretenus en raison du manque de personnel, selon l’un des membres du personnel qui a parlé à « Sky News ». Sur les 11 000 personnes avant la guerre, il n’en reste que 3 500. « Les meilleurs sont partis », dit-il. « La situation continue de se détériorer.

Réacteurs

Cinq des six réacteurs sont désormais en « arrêt à froid », ce qui signifie que la température à l’intérieur des réacteurs reste inférieure à 100 degrés Celsius et que les émissions radioactives sont sous contrôle. Mais on craint que la Russie n’utilise la centrale nucléaire pour une opération sous fausse bannière. Moscou pourrait alors simuler un incident majeur, comme une fuite radioactive, et blâmer l’Ukraine. Cela pour retarder la contre-offensive annoncée.

REGARDER. La situation autour de la centrale nucléaire de Zaporijia est surveillée de près

Selon le personnel, il y a eu « une augmentation spectaculaire » de l’activité militaire à la centrale nucléaire ces dernières semaines. En un mois et demi, le nombre de soldats a doublé, ils ont vu les Russes apporter des armes et des munitions et renforcer leurs positions. « Probablement parce qu’ils croient que l’Ukraine n’attaquera jamais l’usine. Ils préparent clairement la contre-offensive.

L’Agence internationale de l’énergie atomique procède à des inspections et a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant à ce qui se passe dans la centrale nucléaire. Mais ni la Russie ni l’Ukraine ne veulent s’engager à respecter certaines règles de base qui devraient empêcher une catastrophe nucléaire, s’est plaint hier le patron de l’agence Rafael Grossi. Ces règles comprennent une cessation immédiate des hostilités dans la région et une interdiction de stocker des armes lourdes sur place.

Directeur général Rafael Grossi de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Directeur général Rafael Grossi de l’Agence internationale de l’énergie atomique. ©AFP

ANALYSE. Jonathan Holslag : « La guerre en Ukraine n’est qu’un prélude à une confrontation bien plus importante entre la Chine et les États-Unis » (+)




ttn-fr-3