Le patron des casiers déballe ses affaires après un coup d’État de 49 millions à Berlin

Par Anne Losensky

Quiconque en sait trop sur un coup d’État de clan avec 49 millions d’euros de butin ferait mieux de se taire s’il tient à sa vie. Mais Thomas S. (52 ans) parle. L’entrepreneur berlinois se met sans pitié au fil de l’épée. Mais surtout les hommes du clan Miri qui ont été accusés avec lui.

Cinquième jour du procès pour le coup d’État de 49 millions à la Fasanenstrasse 77. Thomas S. y dirigeait le système de sécurité souterrain. Le 19 novembre 2022, les chasseurs de chars sont arrivés dans la journée. 295 casiers vidés (35 millions d’euros). Récupération de 996 montres de luxe dans un coffre-fort (14 millions d’euros).

Ils ont « travaillé » de 7h13 à 19h34. Ils ont tout fait pour détruire les traces : peinture sur les caméras, déversement d’essence, incendie de trois pneus de voiture qu’ils avaient emportés avec eux. Les chasseurs de chars barbus se sont quand même retrouvés derrière des vitres pare-balles.

Idée : « cerveau » Bilall M. (42 ans). Blanchiment d’argent : « Gentleman » Mahmoud My. (26). Planification du coup d’État : « Kiezkönig » Muhammet « Mo » H. (42 ans). Aux yeux bleus sur place : « Homme de main » Kenan S. (28 ans). L’homme d’affaires Thomas S. était du bon côté de la vie : propriété de luxe à Baden, actions de port de plaisance dans le Brandebourg, immobilier de luxe à Berlin. La cupidité l’a-t-elle poussé dans le réseau des criminels du clan ?

► « L’accusation est fondée. Je suis content d’avoir décidé de témoigner. J’ai fait beaucoup d’erreurs. Je me suis impliqué sans penser aux conséquences.

► « En mai 2022, Bilall m’a proposé une idée : le blanchiment d’argent. Je me suis lancé là-dedans pour compenser les pertes de Corona. L’argent est entré, nous avons acheté de l’or, vendu l’or et rendu l’argent après déduction d’une commission. Il faut 14 jours pour diluer les transactions afin que cela ne se remarque pas. A très bien fonctionné. L’argent était transporté de l’autre côté de la rue dans des sacs ; notre limite quotidienne était de 450 000 euros. Bientôt, nous n’avons plus rien fait d’autre avec notre entreprise.

► « Ensuite, 1,3 million sont restés ouverts. Nous ne les avions pas, ils ont été dépensés dans toutes les directions possibles, frais de fonctionnement, etc. Le problème était à l’ordre du jour. En septembre 2022, Bilall m’a interrogé sur notre système de casiers. Une vague claire avec le poteau de clôture ! J’ai accepté. J’en avais 1,3 million ouverts. Mais je n’ai jamais été menacé. Bilall m’a mis en contact avec Mo.

► « Il y a eu une inspection des vestiaires de la Fasanenstrasse, Mo s’est déguisé en artisan. A cette époque, nous étions déjà suivis par les douanes de Stuttgart dans le cadre du processus de blanchiment d’argent.»

► « Mo a tout planifié, j’ai fourni les informations : les plans des étages, le fonctionnement du système d’alarme. Chaque casier peut éventuellement être assuré jusqu’à une somme à sept chiffres. Ils ont demandé les casiers correspondants, je leur ai donné les listes.

«Je souhaiterais une somme pouvant aller jusqu’à 500 000 euros. Je voulais juste me libérer et me débarrasser des 1,3 million de dettes. Il disait : Ne vous inquiétez pas, vous êtes exclu. J’ai bêtement fait confiance à ça. Je ne voulais pas et ne pouvais montrer aucune faiblesse. Pour moi, c’était un soulagement de m’y lancer.

► « J’ai menti à mon peuple. La nouvelle sécurité était un spectacle. Maladroit. On m’a donné un téléphone portable d’urgence. Mo a fait avancer le plan. Le plan était que le vol de l’établissement ait lieu samedi. »

► « On m’a expliqué comment me comporter lors de mon interrogatoire. Mo m’a donné le numéro d’un avocat de Kudamm et m’a dit : contacte la personne qui sait, ne la laisse pas te rendre fou. »

► « J’ai retrouvé Mahmoud sur le Kudamm dans un parking souterrain. Tout est devenu incontrôlable ! Il m’a donné 50 000 euros en liquide et m’a dit de rester calme. J’ai été extrêmement choqué quand j’ai vu les chambres. Un cauchemar. J’ai reçu des menaces de mort. Ceux qui n’avaient pas été blessés voulaient récupérer leurs affaires.

► « La perquisition de ma maison le 1er mars a été un soulagement. Pourquoi n’ai-je pas appelé l’avocat recommandé ? J’étais terrifié à l’idée que l’on découvre immédiatement que je pensais déballer mes bagages. C’est trop pour moi de prétendre que je n’ai rien à voir avec tout. Je ne pouvais tout simplement pas le faire.

Jugement du 25 janvier 2024.



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