Le Parlement français approuve une loi stricte sur l’immigration et le ministre de la Santé de gauche démissionne

Le ministre français de la Santé, Aurélien Rousseau, a démissionné mardi soir après que le Parlement a approuvé une loi sur l’immigration très critiquée. L’aile gauche du parti au pouvoir est en révolte, tandis que l’extrême droite a accueilli la loi stricte comme une victoire.

Carlijn van Esch

Une source ministérielle a confirmé à l’agence de presse AFP que Rousseau avait remis sa lettre de démission au Premier ministre Elisabeth Borne. Avec sa démission, Rousseau menace de déclencher une crise gouvernementale. Selon les médias français, au moins deux autres ministres de gauche ont également menacé de démissionner à cause de la loi, à savoir la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau et le ministre du Logement Patrice Vergriete.

Mardi soir, une large majorité du Sénat a voté en faveur de la loi, mais le vote à l’assemblée quelques heures plus tard est resté tendu jusqu’au dernier moment. C’est précisément parce que les Républicains de centre-droit et surtout le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen avaient soutenu le projet de loi mardi après-midi que des dizaines de députés de l’aile gauche du parti au pouvoir ont menacé de voter contre.

Pour tenter de faire adopter la loi, Macron a promis aux députés de son parti Renaissance réunis à sa demande de ne pas compter les voix du RN. S’il n’y avait pas de majorité en faveur de la loi sans leur soutien, il soumettrait à nouveau le projet de loi aux voix. Macron a également déclaré qu’il ferait réviser la loi par le Conseil constitutionnel.

Finalement, le projet de loi controversé a été adopté avec une large majorité de 349 voix pour et 186 contre. Pourtant, le flanc gauche de Renaissance est tout sauf rassuré.

Les droits des migrants sous pression

Les inquiétudes portent principalement sur les conditions de vie et les droits des migrants en France. Selon la nouvelle loi, tous les migrants titulaires d’un titre de séjour ne seront plus éligibles à la sécurité sociale, mais uniquement ceux qui vivent en France depuis cinq ans ou y travaillent depuis trente mois. La loi permet également, par exemple, de retirer le passeport français aux condamnés ayant la double nationalité. Dans une déclaration commune, cinquante organisations de défense des droits humains et ONG ont mis en garde contre les conséquences considérables de cette loi.

Initialement, la loi prévoyait, d’une part, des mesures visant à limiter le nombre de migrants et, d’autre part, des mesures telles que l’accélération de la procédure d’asile et l’introduction de permis de séjour temporaires pour les migrants illégaux travaillant dans un secteur souffrant d’une importante pénurie de main-d’œuvre. Mais le parti au pouvoir, qui n’a plus de majorité au Parlement depuis les élections de l’année dernière, n’a trouvé aucun soutien ni à gauche ni à droite. Selon les partis de gauche, la proposition était trop stricte et selon les partis de droite, elle n’était pas assez stricte.

Une commission composée de députés de différents partis a alors cherché un compromis. Dans le nouveau texte, seules les mesures anti-immigration ont effectivement été retenues, au grand dam de la gauche. “Maintenant que ce texte s’appuie directement sur les pamphlets du RN contre l’immigration, nous sommes confrontés à un basculement de l’histoire de la république et de ses valeurs fondamentales”, a réagi Fabien Roussel, chef du Parti communiste.

Le Pen s’en attribue le mérite

Cette loi met le président Emmanuel Macron et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans une position difficile. Ils ont voulu saisir cette opportunité pour se faire connaître dans le domaine de l’immigration et ainsi couper le souffle aux partis de droite de plus en plus populaires. Darmanin a prévenu dimanche dernier que Le Pen remporterait les élections présidentielles de 2027 si le projet de loi n’était pas adopté.

Mais maintenant, Le Pen s’en attribue le mérite, tandis que les partis de gauche et les politiciens de gauche de la Renaissance accusent le gouvernement de céder à la pression croissante de l’extrême droite. Le Pen a salué mardi la loi, la qualifiant de « durcissement des conditions de l’immigration ». “Nous pouvons nous réjouir d’une avancée idéologique, d’une victoire idéologique même pour le Rassemblement National, car elle est désormais inscrite dans la loi comme une priorité nationale.”



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