Le pari coûteux de BlackRock sur les données et les marchés privés est difficile à vendre


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Gérer son argent est une bonne chose. Mais contrôler les données pourrait être une meilleure idée. Lundi, BlackRock a annoncé l’acquisition pour 3,2 milliards de dollars de Preqin, une société britannique créée il y a 20 ans qui suit des dizaines de milliers de sociétés de capital-investissement à travers le monde.

La valeur d’entreprise de BlackRock est de 120 milliards de dollars. La société, connue pour sa domination dans les stratégies passives de marché public, peut facilement se permettre d’absorber Preqin, même si elle doit émettre de nouvelles dettes pour financer la transaction.

Le prix implique un multiple juteux de 13 fois le chiffre d’affaires estimé de la cible en 2024. En 2016, Morningstar n’avait payé que sept fois le chiffre d’affaires d’une autre société de données de marchés privés bien connue, PitchBook, valorisant cette dernière à 225 millions de dollars.

Les marchés privés sont soudain devenus une priorité pour BlackRock, qui a déboursé cette année 12,5 milliards de dollars pour racheter le gestionnaire d’actifs Global Infrastructure Partners. Malgré tout le pouvoir que BlackRock exerce avec ses 10 000 milliards de dollars d’actifs gérés, tout ce qu’il veut vraiment être, c’est un S&P ou un Moody’s.

S&P Global et Moody’s ont des valeurs d’entreprise respectives de 154 et 82 milliards de dollars. Chacune d’elles se négocie à environ 12 fois les revenus futurs, respectivement. BlackRock se négocie à seulement six fois. S&P et Moody’s, entre leurs notations d’entreprise, leurs indices sous licence et leurs données, ont essentiellement des frais d’abonnement captifs qui semblent à l’abri des fluctuations du marché.

BlackRock a tenté avec acharnement de se positionner comme une entreprise de technologie et d’analyse, en mettant notamment en avant sa plateforme Aladdin. Elle espère que les marchés privés devront se standardiser à mesure qu’ils grandiront et mûriront. Preqin pourra alors devenir la référence où le gagnant rafle la mise.

Les revenus des « services technologiques » en 2023 chez BlackRock, d’un montant significatif de 1,5 milliard de dollars, ne représentaient encore qu’un dixième des frais de gestion enregistrés. Mais lundi, les dirigeants ont parlé de « diversification » du modèle économique et de l’espoir de faire grimper le multiple de BlackRock grâce aux synergies de revenus qu’ils attendaient de Preqin.

Il y a 15 ans, BlackRock a acquis le segment iShares de Barclays, au moment même où les investissements dans les fonds indiciels étaient sur le point de décoller. BlackRock a déjà comparé l’opération Preqin à cette transaction fortuite.

Les transactions onéreuses et ambitieuses sont plus délicates à réaliser lorsque le coût d’opportunité du capital-risque est si élevé à une époque de taux d’intérêt élevés. Les données se sont révélées être une bonne affaire. Malgré tout, le prix de Preqin sera difficile à vendre aux actionnaires de BlackRock sur le marché public.

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