Le pape s’excuse pour la souffrance des pensionnats indigènes

Le pape François a présenté lundi ses excuses aux membres des peuples autochtones du pays au Canada pour le rôle de l’Église catholique dans les anciennes politiques « dévastatrices » des pensionnats autochtones. De nombreux résidents autochtones ont été forcés d’y vivre enfants pour s’assimiler à la société blanche.

Le pape a présenté ses excuses « profondes » à Maskwacis, une communauté autochtone de la province occidentale de l’Alberta, à plusieurs milliers d’anciens élèves de ces « pensionnats indiens » de partout au Canada. Les enfants des internats ont subi des abus physiques, psychologiques et sexuels pendant des décennies.

« Je demande humblement pardon pour le mal perpétré par tant de chrétiens contre les peuples autochtones », a déclaré le pape près du site de l’ancien pensionnat Ermineskin, le deuxième jour de sa visite de six jours au Canada. Il décrit cette visite comme un « pèlerinage de pénitence » pour le rôle de l’Église dans la politique « catastrophique » des internats.

Après ses excuses, qui ont été accueillies par des applaudissements, il a été revêtu d’une robe de plumes traditionnelle par un chef de la population régionale crie.

Aplanir sa propre identité

Sur ordre des autorités canadiennes, quelque 150 000 enfants autochtones ont été logés de force dans les pensionnats entre 1850 environ et la fin du siècle dernier. Les liens familiaux ont été rompus et l’identité autochtone des élèves a été effacée, avec des conséquences sociales dévastatrices dans les communautés autochtones à ce jour. Des milliers d’enfants sont morts dans les écoles, notamment de maladie et de malnutrition.

L’Église catholique dirigeait environ 60 % des institutions. Mais contrairement au gouvernement canadien, qui s’est excusé pour la politique en 2008, et à d’autres églises impliquées dans sa mise en œuvre, l’Église catholique ne s’était pas excusée pour son rôle jusqu’à cette année.

La pression en ce sens s’est accrue l’année dernière après la découverte de plus de 200 tombes d’enfants anonymes dans un ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique. Ce pensionnat était également géré par l’Église catholique. Depuis lors, des restes humains totalisant environ 1 800 personnes ont été retrouvés dans d’autres anciens internats à l’aide d’un équipement radar au sol.

Le pape a pris la parole après les cérémonies traditionnelles du peuple cri de la région, comme la danse du tambour. De nombreuses personnes présentes portaient des vêtements traditionnels, y compris des coiffes de plumes. Ces traditions, ainsi que le fait de parler les langues maternelles, étaient interdites dans les internats – de sorte que les générations suivantes ne les apprenaient souvent pas.

Ce printemps, le pape François a exprimé ses regrets lors d’une visite d’une journée de représentants des peuples autochtones au Vatican. Il s’est également engagé à s’excuser sur le sol canadien, un geste que les membres des autochtones du Canada réclament depuis des années.



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