Le mystère entourant ce meurtre du Mur est-il enfin résolu ?


Par Michael Behrendt et Thomas Rosin

Mur de Berlin monstre. 140 personnes sont mortes en tentant de s’échapper et 251 personnes sont mortes aux postes frontières. Principalement à cause du meurtre sournois d’un homme de la Stasi. De nombreux cas n’ont jamais été résolus. Qui a tiré? Qui étaient les victimes ?

Aujourd’hui, un tel meurtre à la frontière, survenu il y a près de 50 ans, pourrait enfin être résolu ! Le parquet inculpe un ancien employé de la Stasi de 79 ans ! Il aurait délibérément tiré par derrière sur un père le 29 mars 1974 ! Scène de crime : Friedrichstrasse, au cœur de Berlin !

La victime. Czeslaw Kukuczka. Pompier en Pologne, 38 ans, marié, trois enfants. Son rêve : émigrer en Floride, où vivaient deux tantes. Le 3 mars 1974, il disparaît sans laisser de trace. Personne ne sait où il a passé les 26 jours qui ont précédé sa mort au mur de Berlin. Sa femme non plus.

Czeslaw Kukuczka a été tué à l’âge de 38 ans parce qu’il voulait aller à l’Ouest Photo : AIPN

Les dernières heures. A 12h30, Kukuczka entra dans l’ambassade de Pologne, près de la porte de Brandebourg. Il affirme avoir un engin explosif dans sa mallette. Il veut se rendre à Berlin-Ouest.

Appels téléphoniques mouvementés. À 15 heures, Kukuczka parcourt quelques mètres jusqu’au poste frontière de la Friedrichstrasse. C’est ici que se trouve le célèbre Palais des Larmes, le hall de sortie où les citoyens de l’Est devaient dire au revoir à leurs invités ouest-allemands après leur visite. Un officier donne à Kukuczka un visa de sortie et lui donne quelques Westmarks. Le Polonais pourra alors partir. Vers Berlin-Ouest, vers la liberté. Une feinte mortelle !

Le meurtrier. Trois témoins, des filles de Berlin-Ouest, ont rapporté au journaliste de BZ à l’époque : « Alors que l’homme passait innocemment, il a reçu une balle dans le dos à deux mètres de distance par un civil en manteau sombre et lunettes teintées. » Le pistolet, c’était un Walther, calibre 7,65 mm. La balle dans le dos lui a brisé les poumons, la rate et le foie, et Kukuczka est mort. Le 24 mai 1974, l’urne est présentée à la veuve Emilia.

Les enquêtes. Pour la Stasi, l’affaire est déjà terminée avec la mort. Après la chute du Mur, le parquet de Berlin a ouvert une enquête. Il y a trois tentatives : au début des années 90, à la fin des années 90 et en 2005 – cela ne suffit jamais pour une inculpation.

Nouveaux indices. En 2016, les enquêteurs ont finalement reçu des informations cruciales sur l’identité du tireur grâce aux archives de la Stasi. Le ministère public suppose dans un premier temps un homicide involontaire – qui serait prescrit depuis longtemps. Après une enquête plus approfondie, c’est désormais clair : le meurtre caractéristique de « l’insidiosité » a été accompli, l’employé de la Stasi avait pour tâche de « le rendre inoffensif » et a tiré par derrière sur la victime sans méfiance.

L’auteur. Martin Manfred N. avait alors 31 ans et était membre d’un groupe opérationnel du ministère de la Sécurité de l’État, département principal IV Frontière. Il a aujourd’hui 79 ans et vit à Leipzig. Il est en liberté.

Le classement. L’historien et expert de la Stasi Hubertus Knabe (64 ans) à BZ : « C’est une victoire tardive pour la justice que l’assassinat de Czeslaw Kukuczka soit toujours porté devant les tribunaux après près de 50 ans. »



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