Le nombre d’œuvres sur papier du musée Groeninge à Bruges a augmenté d’environ dix pour cent d’un seul coup. Pas moins de 1 930 dessins et 25 carnets de croquis ont été ajoutés au dossier existant de 20 000 feuilles ce mardi. Les œuvres sont prêtées par la Fondation Jean van Caloen, qui gère le domaine de l’aristocrate belge Van Caloen, qui a constitué une impressionnante collection d’art dans la première moitié du siècle dernier. Les dessins ont été réalisés par des artistes du XVIe au XXe siècle, notamment des Pays-Bas, d’Italie et de France. La sélection de sept feuilles de Michelangelo et Jacob Jordaens, entre autres, que le musée Groeninge n’exposera que pendant six jours à l’occasion du transfert, n’est que la pointe de l’iceberg.
Un accroche-regard indéniable est un dessin de 1525-1530 de Michel-Ange, ne serait-ce qu’en raison de l’ampleur de la renommée de l’artiste et parce qu’il s’agit du seul dessin de Michel-Ange dans une collection belge. Le dessinateur a fait une esquisse lisse à la pierre noire de la scène du martyre de saint Étienne. Selon la légende, ce prêtre chrétien primitif a été tué par lapidation. Le saint agenouillé est la figure la plus élaborée de ce dessin ; les hommes avec des pierres dans leurs mains levées qui l’entourent sont disposés d’une manière beaucoup plus lâche.
Tous les personnages sont nus : frappant pour l’exécution d’un responsable de l’église qui dans les arts visuels porte presque toujours les vêtements d’un diacre. Cela indique que l’artiste avait affaire à un premier essai de composition et non à une étude préliminaire détaillée. De tels croquis de composition, dans ce cas également pour une peinture ou un relief qui n’est plus connu ou n’a jamais été exécuté, sont rares parmi les dessins survivants de Michel-Ange.
Portrait intime
Une étude de figure d’un homme nu debout à la sanguine par Cristoforo Roncalli (vers 1552-1626), un peintre qui s’appelait «Il Pomarancio» du nom de sa ville natale en Toscane, est de nature tout à fait différente. L’homme est représenté de face et, une sorte de vase à la main, et sa jambe droite levée en très raccourcie, vient droit vers le spectateur. Il semble que le sommet ait été conçu comme une étude pour l’une des fresques riches en figures dont Pomarancio a orné les palais à Rome.
Un portrait intime dessiné par le peintre français du XVIIIe siècle François Boucher montre une jeune femme en deux (vers 1730). Sur sa tête un peu potelée, dont le profil est dessiné, elle porte un simple bonnet de dentelle. La scène a été travaillée dans un tel détail et si subtilement réalisée à la craie rouge et noire avec des rehauts de blanc, que dans ce cas, elle ne semble pas être une étude pour un tableau, mais une œuvre d’art en soi.
Enchâssés dans des cadres ovales d’environ six pouces de haut se trouvent deux représentations des anciens dieux Apollon et Mars, chacun assis sur un nuage et tenant leurs attributs respectifs, harpe et épée. Les deux dessins au lavis à l’encre brune ont été réalisés vers 1595 par Jan van der Straet de Bruges, mieux connu sous le nom de Johannes Stradanus. Les deux dessins auront fait partie d’une série de figures mythologiques, comme exemples d’une série d’estampes probablement jamais exécutées. Avec quatre dessins que Stradanus a faits de scènes de la Passion du Christ, ces feuilles forment un bel ajout à la collection des musées de Bruges, qui n’ont pas de dessins eux-mêmes, mais ont des estampes et une étude de peinture à l’huile de Stradanus.
Les œuvres appartenant à la fondation s’intègrent également à la collection existante d’autres manières. On y trouve par exemple en pendentifs des dessins des membres de la famille d’artistes anversois Quellinus du XVIIe siècle, et le carnet de croquis du peintre de scènes historiques du XIXe siècle Henri Leys (1815-1869) complète la collection de graphiques que le musée acquis auprès de cet artiste en 2014. . La publicité entourant le transfert fait un peu un point sur ces connexions, comme si une sorte de justification devait être trouvée pour quelque chose.
Chez Michelangelo, personne ne s’en soucie une seconde. Il n’y a même aucune référence au fait exceptionnel qu’une Vierge à l’Enfant en marbre de sa main se trouve dans l’église Notre-Dame de Bruges depuis plus de cinq cents ans.