Le ministre s’inquiète du « schéma pyramidal » controversé mais n’intervient pas

La ministre sortante des Finances, Sigrid Kaag, s’inquiète du dossier controversé de la société IM Academy. L’entreprise américaine a été condamnée en Belgique pour avoir organisé une opération pyramidale, mais elle peut tout simplement continuer aux Pays-Bas. En réaction aux publications de l’Omroep Brabant, des députés de différents partis ont appelé le ministre à intervenir. Mais malgré son inquiétude, la ministre ne va pas ouvrir d’enquête. Après tout, très peu de personnes portent plainte.

IM Academy se présente comme un institut de formation. La société propose des cours sur le trading de crypto-monnaies et sur la réussite sur les réseaux sociaux. Ils ciblent principalement les jeunes et donnent l’impression qu’on peut s’enrichir rapidement si on les rejoint. En plus de suivre des cours, vous pouvez gagner de l’argent dans l’entreprise en recrutant de nouveaux membres.

Et c’est là que réside le nœud du problème. Si le recrutement de nouveaux membres est plus important que le produit vendu, en l’occurrence le cours, il pourrait s’agir d’un système pyramidal. Et cela est interdit aux Pays-Bas.

Après les publications de l’Omroep Brabant, les députés de BBB, GroenLinks et PvdA, entre autres, se sont inquiétés et ont tiré la sonnette d’alarme auprès du ministre.

Trop peu de notifications
La ministre Kaag déclare aujourd’hui qu’elle « regrette que les gens puissent avoir été induits en erreur ». Mais en même temps, elle affirme que les différentes agences auprès desquelles on peut se signaler comme victime d’un système pyramidal n’ont reçu quasiment aucun signalement. Elle ne voit donc aucune raison d’enquêter davantage. Selon elle, c’est aux surveillants d’agir en cas d’« illégalité ».

Il existe de nombreuses autorités auprès desquelles vous pourriez vous signaler en tant que victime des pratiques d’IM Academy : l’Autorité des jeux de hasard, la Fraudeheldpesk, l’Autorité des consommateurs et des marchés (ACM), l’Autorité des marchés financiers (AFM) ou encore la police.

Selon Claudia Gross, professeure adjointe de l’Université Radboud, c’est précisément là le problème. Elle fait des recherches sur les systèmes pyramidaux depuis des années. Selon elle, il devrait y avoir un point de signalement central, car on ne sait désormais pas clairement à quelle agence s’adresser en tant que victime.

Honte
Il n’est pas surprenant, selon elle, qu’il y ait peu de signalements aux autorités. « Le problème, c’est que de nombreuses personnes qui ont participé à un système pyramidal ont honte. Elles ont également demandé à leur famille et à leurs amis de s’y joindre et sont donc à la fois auteurs et victimes. »

Selon Gross, la manière dont IM Academy utilise le marketing de réseau présente de nombreuses caractéristiques d’un système pyramidal. « Il s’agit avant tout de recruter de nouvelles personnes et de grandes promesses sont faites pour devenir riche. »

Lacunes de la loi
Selon le chercheur, s’ils ne s’en rendent pas compte, c’est parce que ces types d’entreprises recherchent délibérément des failles dans la loi. « La loi stipule qu’il s’agit d’un système pyramidal s’il s’agit principalement de recruter d’autres personnes. On voit souvent qu’ils ont un produit qui doit cacher qu’il s’agit principalement de recruter des personnes. »

Cela rend également très difficile pour les régulateurs tels que l’AFM ou l’ACM d’enquêter sur une entreprise comme IM Academy. Gross : « Ils peuvent enquêter, mais cela passera probablement encore une fois entre les mailles du filet. À mon avis, cela devrait constituer une infraction pénale, mais dans la législation actuelle, il est très difficile de prouver que c’est le cas. »

Omroep Brabant est lui-même devenu membre de l’IM Academy et s’est entretenu avec les jeunes qui ont quitté l’organisation. Vous pouvez le voir dans cet épisode de COMMENT..?



ttn-fr-32